Critique : Lettres de la guerre

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Lettres de la guerre

Portugal : 2016
Titre original : Cartas da guerra
Réalisation : Ivo M. Ferreira
Scénario : Ivo M. Ferreira, Edgar Medina d’après l’œuvre d’Antonio Lobo Antunes
Acteurs : Miguel Nunes, Margarida Vila-Nova, Ricardo Pereira
Distribution : Memento Films Distribution
Durée : 1h45
Genre : Drame
Date de sortie : 12 avril 2017

3.5/5

Troisième long métrage du réalisateur portugais Ivo M. Ferreira, Lettres de la guerre est inspiré du livre homonyme d’António Lobo Antunes, écrivain et psychiatre portugais. Ces lettres d’amour envoyées à sa femme, António Lobo Antunes les a écrites alors que, jeune médecin, il était soldat pendant la guerre coloniale en Angola entre 1971 et 1973.

Synopsis : Un jeune médecin portugais, soldat pendant la guerre coloniale en Angola entre 1971 et 1973, envoie à sa femme des lettres d’amour poétiques, sensuelles et passionnées. Ce jeune homme, en train de devenir écrivain, c’est António Lobo Antunes dont 280 lettres ont été publiées en 2005. Elles sont l’inspiration du film qui en propose une lecture intime et leur donne vie.

Les tourments causés par une guerre d’indépendance

La France n’est pas le seul pays d’Europe à avoir connu, dans la deuxième moitié du 20ème siècle, les tourments causés par une guerre d’indépendance d’un pays colonisé de nombreuses années auparavant. Pour le Portugal, le plus important de ces conflits eut lieu en Angola, un conflit qui commença en 1961, peu de temps avant les accords d’Evian qui mirent fin à la guerre d’Algérie, et se termina 14 plus tard, suite à la révolution des œillets et à la fin de la dictature de Salazar. Cette « sale guerre », le futur écrivain António Lobo Antunes l’a vécue en tant que médecin envoyé par l’armée dans des zones de conflit de 1971 à 1973.

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Des lettres, des images

A l’exception de quelques scènes dialoguées, on entend dans le film de Ivo M. Ferreira la lecture, le plus souvent par la destinatrice, de lettres envoyées par António Lobo Antunes à son épouse Maria José, des lettres souvent enflammées dans lesquelles il parle de son évolution politique, de sa fille qui va naître, puis, le temps passant, de sa fille qui est née mais qu’il ne connaît pas. Parfois, ces lettres montrent la présence d’un profond désespoir. Dans l’une d’elle, António compare les soldats à des insectes pour qui ne compte que la survie.

Pour accompagner ces textes, le film montre la vie de tous les jours d’António et des  militaires qui l’entourent : les combats, les blessés, les actes chirurgicaux pratiqués dans des conditions sommaires, les séances de maniement d’armes, les repas, les exécutions expéditives, les chiens abattus parce qu’il y en a trop et qu’ils sont malades, les parties d’échec, la frustration sexuelle des soldats, etc… De temps en temps, pour de courtes scènes, l’épouse aimée apparaît à l’écran.


Des textes forts, des images splendides

D’un tel sujet, on pouvait craindre le pire. Cette crainte est très rapidement démentie grâce à la force des textes et à la beauté des images. Parler des guerres coloniales au travers de lettres envoyées à l’être aimé et dont il est séparé par quelqu’un qui y participe s’avère au final un choix très judicieux. Par ailleurs, le réalisateur a choisi de tourner en Noir et Blanc afin qu’il fasse office de filtre entre la réalité des faits et l’histoire qu’il mettait en scène : son Directeur de la photographie João Ribeiro a fait de ce choix une utilisation absolument magnifique.

Lettres de la guerre est un film très fort et d’une grande beauté formelle, un film qui traite à la fois de l’intime, la relation amoureuse d’un couple, et de l’universel, les sales guerres coloniales.

Conclusion

Lettres de la guerre est un film très fort et d’une grande beauté formelle, un film intelligent qui traite à la fois de l’intime, la relation amoureuse d’un couple, et de l’universel, les sales guerres coloniales.

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