Cannes 2014 : Cold in july

0
1349

Cold in July (Juillet de Sang)

cold in july afficheÉtats-Unis : 2014
Titre original : Cold in july
Réalisateur : Jim Mickle
Scénario : Jim Mickle, Nick Damici
Acteurs : Michael C. Hall, Sam Shepard, Don Johnson
Distribution : The Jokers, Le Pacte
Durée : 1h49
Genre : Film noir
Date de sortie : 31 décembre 2014

Note : 4/5

Viva il cinema (noir) ! Un an seulement après la présentation du film de cannibales We are what we are, Jim Mickle (Stake Land) revient à la Quinzaine des Réalisateurs avec son nouveau long-métrage adapté d’un roman de Joe Lansdale, à qui l’on devait déjà Bubba Ho-tep.

Synopsis : En 1989, Richard Dane, bon père de famille et modeste encadreur de tableau, tire sur un cambrioleur. Il devient le héros de sa communauté, un titre qu’il n’assume guère. Lorsque Ben Russel, le père de sa victime, revient en ville pour l’enterrement après une longue peine de prison, Richard va être terrifié par cet homme avant de se retrouver mêlé à une histoire de trafic sordide sur fond de corruption et de mensonges officiels.

cold in july 2

Dexter contre les croquemitaines

Jim Mickle s’impose de plus en plus comme l’un des jeunes cinéastes les plus originaux de la scène indépendante américaine d’aujourd’hui, avec Jeff Nichols tout le temps ou David Gordon Green lorsqu’il est inspiré. Ce film noir est l’une des quelques propositions de cinéma les plus réjouissantes du Festival de Cannes 2014. Le scénario écrit avec son complice habituel Nick Damici (qui s’offre le rôle d’un shérif dénué de scrupules) sort des sentiers balisés. Sa mise en scène est énergique, inquiétante, de la séquence de home invasion à une autre passée au filtre rouge dans le cadre même de l’action. L’horreur d’un trafic minable de VHS frappe autant les rétines du spectateur que les victimes, même si la caméra se détourne au bon moment. La reconstitution d’époque – la fin des années 80 est désormais très lointaine – est à porter au crédit du chef décorateur Russell Barnes bien soutenu par la musique Jeff Grace qui aurait pu illustrer un film de John Carpenter de cette période.

Michael C. Hall tient son premier premier rôle d’envergure au cinéma. Tremblotant de peur, constamment sur le fil, il est cet homme tranquille confronté à une violence d’abord inattendue qu’il va ensuite chercher à revivre. Son tempérament nerveux lors de cette intrusion repose manifestement sur de vieilles angoisses et une peur chronique. Contraint à réagir par cette intrusion, il sort de sa coquille d’homme apeuré (‘ je ne te croyais pas capable de faire un truc comme ça’ lui glisse un concitoyen admiratif) pour devenir un héros de western moderne que ne renierait pas Elmore Leonard (Justified, Rum Punch devenu Jackie Brown pour Tarantino, Mr Majestyk…).
cold in july 4

Deux icônes à l’affiche

Sam Shepard et Don Johnson sont deux icônes du cinéma, pour reprendre les mots de leur principal partenaire, le soir de la présentation sur la scène de la Quinzaine des Réalisateurs. Ils interprètent deux vétérans de la guerre de Corée qui se comprennent en peu de mots mais ont chacun un rapport différent à la vie. Sam Shepard tient l’un de ses rôles les plus forts depuis longtemps. Ce père plus revanchard que meurtri et tout juste sorti de prison va dans un premier temps faire planer une menace sourde puis franche sur le tueur involontaire. Homme de peu de mots ( ‘ ne vous inquiétez pas, tout ce que je sais, c’est ce qu’on me dit ‘ ), il évolue étonnamment dans la deuxième partie de ce récit poisseux mais particulièrement réjouissant dans son traitement.

Contrastant totalement avec cet homme usé, Jim Bob Luke de Houston, Texas apporte une légèreté par l’humour de chacune de ses répliques. Dans les costumes colorés de ce personnage récurrent de l’oeuve de Joe Lansdale, on retrouve l’unique Don Johnson. Après son apparition marquante dans Django Unchained, nous avons la confirmation que le Don is back. D’une présence fringante et racée sur la scène du Marriott en compagnie de l’équipe mais aussi et surtout à l’écran, il s’impose en détective privé et gentleman farmer éleveur de cochons. Il réussit son entrée dans une décontraction réjouissante et sur laquelle on ne devrait pas en dire plus.

Cannes 2013 fut l’année Bruce Dern, Cannes 2014 risque bien d’être l’année Don Johnson. Il n’est lui certes pas candidat au prix d’interprétation de la compétition officielle, mais il s’offre ici une seconde jeunesse fort plaisante.

Résumé

Une scène de drive-in révèle la réalité du projet de Jim Mickle. Dans un extrait de La Nuit des morts-vivants, on peut entendre cette phrase mise en évidence : ‘des morts reviennent à la vie’, lourde de sens. Ce nouvel opus jouissif de Jim Mickle qui devrait réjouir les amateurs éclairés de cinéma noir laisse penser que John Dahl a trouvé un digne héritier qui possède son propre univers.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici