Les Vies privées de Pippa Lee

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Les Vies privées de Pippa Lee

The Private Lives of Pippa LeeThe Private Lives of Pippa Lee

USA : 2009
Titre original : The Private Lives of Pippa Lee
Réalisateur : Rebecca Miller
Scénario : William Monahan
Acteurs: Robin Wright Penn, Keanu Reeves, Julianne Moore, Wynona Ryder, Monica Bellucci
Distribution: Bac Films
Durée : 1h33
Genre : Comédie Dramatique
Date de sortie : 11 novembre 2009

Réalisation : [rating:3.0]
Scénario :     [rating:4.0]
Acteurs :       [rating:4.0]
Musique :      [rating:2.0]
Globale :        [rating:3.5]
[five-star-rating]

The Private Lives of Pippa Lee est le troisième long-métrage de Rebecca Miller sorti en 2009. La réalisatrice a fini par tourner un film, après avoir longtemps souhaité donner vie à cette histoire sous forme de roman. Un tournage rapide, puisqu’il n’a fallu qu’un mois et demi pour le réaliser.

Synopsis : Pippa Lee c’est l’histoire d’une femme qui pour ne plus souffrir décide de vivre dans un monde feutré, sclérosé, pour se protéger de toutes ses émotions. Face à un mari grisonnant, plus vieux c’est le moment pour cette femme de faire le bilan de sa vie: comment est-elle devenue c’est « énigme qui s’adapte à tout »? Rebecca Miller propose un voyage dans le temps, d’une adolescente perdue en quête d’amour maternel et de stabilité jusqu’à une parfaite femme au foyer un brin desperate ?

Les Vies privées de Pippa LeeUn récit de vie

La scène d’entrée nous montre Pippa en train de se maquiller ce qui d’emblée pousse le spectateur à s’interroger sur la féminité et le temps qui passe. Plus tard, on l’aperçoit en parfaite maîtresse de maison, enfermée dans une résidence pour personnes âgées, comme exclue du groupe, puis dans le quartier et dans son salon, servant le repas. Un ami de son mari Earl s’interroge sur cette dernière et dit : « Je connais Pippa depuis 25 ans et je crois que je ne la connaitrai jamais vraiment. ». Ainsi débute une sorte de récit autobiographique où Pippa narre les débuts peu prometteurs de sa jeune vie puisqu’elle est née avec un duvet, caractéristique plutôt effrayante pour une mère qui vit sa vie comme si elle était la star d’un film.

Plus tard, on la retrouve en somnambule vorace, s’empiffrant de tout et n’importe quoi, traduisant par cet acte purement inconscient un besoin animale de lâcher prise et sans doute faisant écho aux propres peurs de sa mère concernant l’empâtement. Alors que le psychologue conseille à Pippa de prendre des médicaments, lui rappelant la dépression de sa mère, elle se révolte. Dès lors, la carapace s’effrite, la laissant se délivrer, sans doute de ses démons, mais certainement de son passé ! D’un père pasteur, et d’une mère accro aux amphets, Pippa ne connaît de la vie que la peur d’une mère toujours déséquilibrée, provoquant en elle un profond sentiment de culpabilité dans son incapacité à ne pas savoir la sauver. Dès lors, sa seule solution pour s’en sortir est la fuite de son foyer, ce qui l’entraîne dans des périples tous plus inracontables les uns que les autres.

Les Vies privées de Pippa LeeDes personnages aboutis

La grande réussite de ce film réside dans la richesse de ses personnages secondaires pivotant autour d’une Robin Wright Penn profonde. D’ailleurs la ressemblance entre Robin Wright Penn et Blake Lively (Pippa jeune) participe de la sincérité de ce film ! Après des débuts un peu tièdes en fille vivant sous la coupe de sa mère, Blake Lively occupe ensuite tout son personnage et livre une performance encourageante. En pénitente accomplie, ce qu’explique l’intrigue avec Monica Bellucci, Pippa se doit d’être une femme « bonne et sereine », tout l’inverse de sa mère. Elle court après la normalité et la sécurité et de fait se sclérose dans sa morose. Pour elle, la vie ni le mariage ne tourne autour d’amour mais autour de la raison.

Son incapacité à prendre des décisions, par elle-même et pour elle, enrichie d’une volonté de ne jamais craquer, est perturbée par l’arrivée d’un homme fraichement divorcé, Chris, courant après les jésuites dans sa jeunesse et se transformant peu à peu en « gros con » pour reprendre ses termes.  Chris, interprété par Kenue Reeves, participe à l’évolution de Pippa, lui ouvrant les portes du plaisir et lui montrant le bonheur d’être soi.

La relation avec sa fille Kate dénote du traumatisme d’avec sa propre mère. Ne voulant pas être comme elle, elle se montre finalement absente et froide, contrairement à son mari, joué par Alan Arkin, proche et beaucoup plus moderne qu’elle dans son rôle de père.

De plus, Winona Ryder dans le rôle de Sandra, transfigure la personnalité de sa mère en femme dérangée et perdue ce qui crée un face à face des plus haletants jusqu’à la fin du film et lui permet de fait de transmettre sa culpabilité.

Les Vies privées de Pippa LeeUn film dynamique ?

Avec une pléiade de rôles secondaires, Julian Moore en écrivain érotique, Mike Binder en ami transi d’amour pour Pippa, Rebecca Miller explore la vie d’un personnage déphasé, en quête de liberté mais qui pour la trouver s’enferme à nouveau. Utilisant différentes formes de mises en scène, des photos rafales aux bandes dessinées, elle rend le film dynamique. De même, elle ne s’enferme pas dans le récit typiquement autobiographique puisqu’elle complexifie son récit en se servant d’un passé et d’un présent mais surprend en projetant son personnage dans une dimension parallèle, dans le domaine de l’irréel et du possible.

Pour ne pas dresser un tableau trop idyllique nous dirons que la musique ne transporte pas forcément, qu’il existe quelques longueurs et que l’humour noir aurait mérité d’être plus utilisé.

Résumé

Pippa Lee part à travers ce film à la recherche de Pippa Stravinsky pour se reconnecter à la vie et s’éveiller, pour la première fois. Celle que l’on décrit comme « la dernière authentique muse » questionne l’ensemble de ses proches : qui est-elle ? Une question qui revient entre Pippa et sa mère ainsi qu’entre elle et sa fille comme un cercle de vie. Rebecca Miller signe un film pertinent, souvent étouffant mais toujours captivant où le passé semble toujours conjugué au présent, voire au futur.


[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=2njpkZ-3tQw[/youtube]

1 COMMENTAIRE

  1. Bonjour Oriane,

    Je viens de voir Pippa Lee et j’ai lu ensuite ta critique. J’ai perso beauccoup aimé ce film et je partage tout à fait ton avis. Je trouve ton approche remarquable, très sensible. Tu donnes au film une lecture féminine que je n’aurai pu y donner mais qui ajoute encore à mon plaisir !!!

    Eric

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