Test DVD : Les traducteurs

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Les Traducteurs. Productions du Trésor. Photo Magali Bragard.

 Les traducteurs

France : 2019
Titre original : –
Réalisation : Régis Roinsard
Scénario : Régis Roinsard, Romain Compingt, Daniel Presley
Interprètes : Lambert Wilson, Olga Kurylenko, Riccardo Scamarcio
Editeur : Blaq Out
Durée : 1h41
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 29 janvier 2020
Date de sortie DVD et Blu-ray : 3 juin 2020

Synopsis : Isolés dans une luxueuse demeure sans aucun contact possible avec l’extérieur, neuf traducteurs sont rassemblés pour traduire le dernier tome d’un des plus grands succès de la littérature mondiale. Mais lorsque les dix premières pages du roman sont publiées sur internet et qu’un pirate menace de dévoiler la suite si on ne lui verse pas une rançon colossale, une question devient obsédante : d’où vient la fuite ?

Le film

[3/5]

Il y a 8 ans, nous avions fait connaissance, sur Populaire, avec Régis Roinsard, un réalisateur dont c’était le premier long métrage. Un film n’affichant aucune prétention excessive que ce soit en matière de scénario, de mise en scène ou de montage, et que nous avions qualifié de « bon divertissement ». Retrouvant Romain Compingt et Daniel Presley dans l’écriture du scénario, Régis Roinsard se montre beaucoup plus ambitieux dans Les traducteurs, son deuxième long métrage. Ce film ambitieux est-il plus réussi que Populaire ? A cette question concernant un réalisateur normand, nous ferons une réponse de … normand : p’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non ! Oui, parce que cette histoire de neuf traducteurs enfermés dans une sorte de bunker, complètement coupés du monde extérieur, chargés d’assurer en quelques semaines, sans risque de piratage, la traduction simultanée en neuf langues des 480 pages de « L’homme qui ne voulait pas mourir », le troisième et dernier tome de « Dedalus », un succès de librairie mondial, est une base de départ très intéressante, à même de donner un film dans la veine de « Le mystère de la chambre jaune » ou des romans d’Agatha Christie lorsque les 10 premières pages du roman se retrouvent sur Internet malgré toutes les précautions prises, à même de se transformer en film d’arnaque lorsque des demandes de rançon sont formulées pour arrêter la parution sur Internet d’un nombre de pages de plus en plus important, à même de se terminer en film axé sur des conflits psychologiques et violents entre des individus, sur fond de propriété intellectuelle et de vengeance. Non parce que le réalisateur et ses coscénaristes, emportés dans les méandres d’un scénario racontant une histoire qui devient de plus en plus alambiquée, n’arrivent pas totalement à maîtriser les choix qu’ils ont faits pour la raconter, avec, en particulier, moult flashbacks introduisant au compte-goutte de nouvelles informations pour le spectateur, chacune venant rendre caduque l’information précédente. Avec, également, son lot d’invraisemblances, la plus « grosse » étant une course poursuite entre une rame de la ligne 6 du métro parisien et une voiture circulant dans les rues de la capitale. Au final, Les traducteurs donne au spectateur l’impression bizarre de s’être fait avoir du début jusqu’à la fin tout en ayant aimé cela, au point, peut-être, de souhaiter, via le DVD, revoir toutes les entourloupes du film en en connaissant la fin !

Une des qualités majeures de Les traducteurs réside dans son casting, très international du fait même du scénario. En première ligne, on trouve un Lambert Wilson parfaitement à l’aise dans le rôle d’Eric Angstrom, un éditeur qui, au départ, était sans doute intéressé par la qualité littéraire des œuvres qu’il publiait mais que le succès des 2 premiers tomes de « Dedalus » a transformé en monstre paranoïaque et cruel dont le seul intérêt réside dans la valeur financière du 3ème tome de la trilogie. A ses côtés, Sara Giraudeau campe une assistante souffre-douleur au comportement énigmatique. L’interprétation des neuf traducteurs nécessitait d’aller piocher des comédiennes et des comédiens un peu partout dans le monde. 4 comédiennes, 5 comédiens, la parité est presque respectée ! Toutes et tous ne sont pas particulièrement connu.e.s dans notre pays mais on retiendra que le Danemark prend les traits de Sidse Babett Knudsen, l’inoubliable interprète de Birgitte Nyborg dans la série Borgen, que l’Espagne est représentée par Eduardo Noriega, l’interprète de César, le rôle principal de Ouvre les yeux d’Alejandro Amenábar, l’Italie par Riccardo Scamarcio, grand acteur souvent présent dans le cinéma français, la Russie et l’Ukraine par la franco-ukrainienne Olga Kurylenko, récemment mise en valeur dans la série Romance. Moins connu.e.s, mais peut-être plus pour très longtemps étant donné l’abattage dont elle et il font preuve, Maria Leite, l’interprète de la traductrice portugaise et Alex Lawther, le traducteur en langue anglaise.

Le DVD

[4/5]

Les choix offerts sur ce DVD sont très classiques : 5.1 ou 2.0, accès possible à une audiodescription, accès possible à un sous-titrage pour sourds et malentendants. Les images de ce film qui ne voit pratiquement jamais la lumière du jour sont rendues avec beaucoup de fidélité et de finesse.

Un seul bonus accompagne le film, mais les 22 minutes du « Making of » réalisé par Leon Chatiliez suffisent à notre bonheur. Un grand nombre de détails intéressants nous est fourni comme la recherche, par le réalisateur, de l’impression de temps réel donnée aux spectateurs ou l’intensité obtenue lors du tournage de certaines scènes au point de voir Lambert Wilson se fêler une côte lors d’une bagarre du film. On trouve également des sujets de réflexion intéressants concernant le travail de traduction : ne peut-on faire autrement que trahir lorsqu’on traduit ? Peut on comparer les traducteurs et les acteurs, du fait du rôle similaire de transmission qu’ils jouent ?

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