Test DVD : La dernière maison sur la plage

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La dernière maison sur la plage


Italie : 1978
Titre original : La settima donna
Réalisateur : Franco Prosperi
Scénario : Ettore Sanzò, Romano Migliorini, Gianbattista Mussetto
Acteurs : Florinda Bolkan, Ray Lovelock, Flavio Andreini, Sherry Buchanan
Éditeur : Artus Films
Durée : 1h26
Genre : Thriller, Drame
Date de sortie DVD : 3 février 2015

 

 

Après le braquage d’une banque, trois malfrats tombent en panne de voiture. Contraints de se réfugier dans une villa en bord de mer, ils vont se trouver face à un groupe de jeunes filles répétant là une pièce de théâtre. En planque le temps de trouver une solution, les trois brutes vont faire subir les pires atrocités à leurs otages. Lesquels, le moment venu, sauront se venger à la hauteur de leur violence…

 

 

Le film

[3/5]

S’il n’est plus un secret pour personne que Wes Craven est un imposteur n’ayant pu accéder au panthéon des prestigieux « masters of horror » que suite à une série de concours de circonstances, il faut tout de même lui reconnaître d’avoir su créer des concepts forts, dont l’impact dans l’imaginaire de ses contemporains aura donné naissance à de purs morceaux de celluloïd après lui. Quand il signe le mauvais [mais séminal] La dernière maison sur la gauche en 1972, Craven n’imagine sans doute pas le succès qui l’attend au tournant, pas plus que la flopée de films que son « rape and revenge » originel allait inspirer dans la décennie qui suivrait. Le « rape and revenge », kezako, pour les cancres du fond ? Il s’agit, comme son nom l’indique, d’un film mettant en scène un ou plusieurs viols de la part d’une bande de crapules dégénérées (ça c’est pour la partie « rape »), et le retour de baton pour les tortionnaires, subissant de plein fouet la loi du talion (ça c’est pour la partie « revenge »).

L’énorme succès populaire de La dernière maison sur la gauche impliquera une réaction transalpine immédiate, les ritals se mettant à mouliner du « rape and revenge » à toutes les sauces. Parmi ces films d’exploitation plus ou moins réussis, on retiendra surtout La bête tue de sang froid (également connu sous le titre Le dernier train de la nuit) d’Aldo Lado (1975) et La maison au fond du parc de Ruggero Deodato (1980), ce dernier mettant en scène le regretté David Hess, déjà présent dans le film de Wes Craven.

La dernière maison sur la plage, qui débarque le mois prochain en DVD chez les francs-tireurs de Artus Films, est une de ces variations italiennes sur le thème du film de Craven – s’il comporte une ébauche de discours social comme ses deux glorieux frères de genre évoqués un peu plus haut, le film ne s’attarde pas réellement sur la portée sociale de son discours, préférant de loin se borner à souligner la bestialité de l’être humain en général. Réalisé par Franco Prosperi en 1978, le film ne s’attarde pas non plus des masses sur la complaisance habituelle du « rape and revenge ». Au contraire, comme pour prendre de la distance avec les horreurs qu’il filme, Prosperi (youp-la-boum !) en rajoute énormément en théâtralité, son argument étant de toutes façons que les victimes font partie d’une troupe de théâtre : cette Dernière maison sur la plage a donc un côté très Brechtien, avec des ralentis interminables, des gros plans des visages, des cadrages bizarres, une musique assourdissante… Tout est fait pour freiner l’immersion du spectateur, et de fait, le film apparaît au final bien plus soft que ses contemporains du « rape and revenge », les passages les plus dérangeants étant qui plus est souvent laissés hors-champ. Une curiosité du cinéma d’exploitation, à découvrir.

 

 

Le DVD

[4,5/5]

Artus Films, qui fête ses dix ans d’existence cette année, nous propose comme à son habitude une copie DVD de très bonne qualité : à part quelques légères traces liées au temps (points blancs, légers tremblements), le master est d’une très belle tenue, avec une définition satisfaisante, des couleurs et des contrastes ne présentant pas le moindre souci. La copie est au format scope respecté, en 16/9 naturellement, et semble tout à fait complète. Côté son, les deux versions sont mixées en Dolby Digital mono 2.0. La VF est beaucoup moins bien équilibrée que sa consœur italienne, et souffre d’un souffle assez important, également absent de la VO. La piste italienne sera donc le meilleur choix, même si la VF a pour elle ce petit charme suranné et un poil too much des doublages des films des années 70/80.

Niveau interactivité, et comme sur beaucoup de ses galettes récentes (voir notre article sur les deux films de Paul Naschy sortis à l’automne dernier !), Artus Films fait dans le lourd, le passionné, le passionnant. On passera vite sur le diaporama d’affiches et de photos ainsi que sur la bande-annonce du film, pour se concentrer sur « le » gros morceau de la galette : la présentation de presque une heure du genre « rape and revenge » par David Didelot. Rédac’ chef du fanzine Videotopsie, auteur d’un beau petit bouquin sur les livres de la collection « Gore » de chez Fleuve Noir, David Didelot nous éclaire de ses connaissances en matière de cinéma bis, remet le film dans son contexte, et ajoute plusieurs anecdotes parfois franchement croustillantes : son propos est à la fois documenté, instructif et tout à fait passionnant : une heure passe sans que l’on s’en soit rendu compte. Bravo (et merci).

 

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