Test DVD : À trois on y va

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À trois on y va


France, Belgique : 2015
Titre original : –
Réalisateur : Jérôme Bonnell
Scénario : Jérôme Bonnell
Acteurs : Anaïs Demoustier, Félix Moati, Sophie Verbeeck
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 1h24
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 25 mars 2015
Date de sortie DVD : 5 août 2015

 

 

Charlotte et Micha sont jeunes et amoureux. Ils viennent de s’acheter une maison près de Lille pour y filer le parfait amour. Mais depuis quelques mois, Charlotte trompe Micha avec Mélodie… Sans rien soupçonner, se sentant toutefois un peu délaissé, Micha trompe Charlotte à son tour… mais avec Mélodie aussi ! Pour Mélodie, c’est le vertige. Complice du secret de chacun. Amoureuse des deux en même temps…

 

 

Le film

[3/5]

Depuis le fameux Jules et Jim, réalisé par François Truffaut en 1962, les histoires de triangles amoureux sont devenus une spécialité du cinéma français. Plus ou moins réussis, plus ou moins audacieux selon les cas, ces films développent en général une sensibilité très particulière, qui ne s’avère certes pas typiquement française (souvenez-vous de l’excellente rom’com’ américaine Deux garçons, une fille, trois possibilités) mais que les habitants de l’hexagone, grands volages devant l’éternel, apprécient sans doute tout particulièrement.

Le nouveau long-métrage de Jérôme Bonnell, À trois on y va, y va donc de son essai sur le libertinage romantique, tentant de démontrer au spectateur que l’amour peut être partagé à plusieurs et qu’il s’agit avant tout d’une question de sentiments. L’intention est pieuse, mais à trop se pencher sur la tentation de la chair, le film se tire finalement une balle dans le pied ; s’il s’agit indéniablement d’un joli film, son discours philosophique s’avère un poil faussé par une érotisation du triangle amoureux qui finit par nuire à la pureté de ce qu’il tente de mettre en avant.

En effet, le scénario un poil maladroit tend à laisser penser que si le trio d’amoureux finit paradoxalement par se céder l’un à l’autre (ou plus exactement les uns aux autres) d’un point de vue émotionnel, c’est avant tout pour une raison de frustration sexuelle. Le couple « légitime » s’aime (le personnage de Félix Moati y parle même mariage et enfants), mais ne fait plus l’amour – la pièce rapportée au couple fait donc malheureusement un peu figure de « sex-toy » partagé, ce qui tend à réduire non seulement la portée romantique de l’histoire, mais réduit également le personnage campé par Anaïs Demoustier à celui de simple objet sexuel, objet de désir dont les deux autres protagonistes négligent la personnalité et la profondeur (pourtant réels, étant donné que c’est le seul des trois personnages pour lequel nous est proposé un background réaliste et intéressant).

Par ailleurs, la fin du film [ATTENTION SPOILERS] et le départ de Charlotte (Sophie Verbeeck) sonne définitivement comme l’éclatement total de cette histoire d’amour contrariée, le couple restant étant dés le départ condamné à la séparation, étant donné qu’ils ne s’aiment pas et ne se connaissent pas d’avantage. Comme si elle prenait subitement conscience, avec l’intrusion de la « maîtresse » commune, de la fin de son couple, Charlotte décide donc de mettre un terme définitif à l’histoire, préférant sans doute se consacrer à l’amour « réel », celui qui se partage autant sur un plan mental que physique (et non par « moitié » avec deux personnes différentes). On n’est pas sûr, vu les paroles prononcées off par le personnage incarné par Sophie Verbeeck lors de la dernière séquence, que cette morale allant en sens inverse des images qui nous sont montrées, soit la volonté profonde du réalisateur. [FIN DES SPOILERS]

En deux mots comme en cent, À trois on y va aurait été beaucoup plus fort d’un point de vue émotionnel si Jérôme Bonnell n’avait pas cédé à la tentation très française de filmer ses corps gauches se laisser aller à l’appel des sens ; mais on reconnaîtra tout de même la difficulté de filmer l’amour, sentiment indicible s’il en est. Ces réserves philosophiques mises à part, le film s’avère très fréquentable, servi par un trio d’acteurs très juste et convaincant. On notera également, pour les nordistes et autres ch’timis que cela intéresse, que À trois on y va se déroule en grande partie dans la belle ville de Lille.

 

 

Le DVD

[4/5]

Avec plusieurs années d’expérience au compteur, qui lui ont permis de devenir un des éditeurs français les plus incontournables, Wild Side Vidéo connait le support DVD [et ses limites intrinsèques] comme sa poche, et maîtrise l’encodage de façon vraiment remarquable. Définition, piqué, couleurs, gestion du bruit vidéo, tous les écueils auxquels on pourrait s’attendre sont brillamment et soigneusement évités, même les scènes nocturnes affichent une belle pêche. Niveau image, c’est donc vraiment un sans faute ; malgré les limites évidentes d’un encodage en définition standard, on se surprend à se dire que le film n’aurait pas nécessairement eu bien meilleure allure sur format Blu-ray. Un travail étonnant et soigné. Coté son, le mixage du film est proposé au choix en Dolby Digital 5.1, en stéréo ou en audio-description (point de piste de démo mais une spatialisation relativement dynamique sur le 5.1).

Du côté des suppléments, Wild Side Vidéo nous offre la traditionnelle fournée de bandes-annonces des films à venir, ainsi qu’un court-métrage fantaisiste et « muet » signé Jérôme Bonnell et intitulé Quatuor (10 minutes environ). Rien sur le film à proprement parler, mais disons que ce dernier se suffit à lui-même !

 

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