Test Blu-ray : Wedding nightmare

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Wedding nightmare

 
États-Unis, Canada : 2019
Titre original : Ready or not
Réalisation : Matt Bettinelli-Olpin, Tyler Gillett
Scénario : Guy Busick, Ryan Murphy
Acteurs : Samara Weaving, Adam Brody, Mark O’Brien
Éditeur : 20th Century Fox
Durée : 1h35
Genre : Thriller, Horreur
Date de sortie cinéma : 28 août 2019
Date de sortie DVD/BR : 8 janvier 2020

 

La nuit de noces d’une jeune mariée tourne au cauchemar quand sa riche et excentrique belle-famille lui demande d’honorer une tradition qui va se révéler meurtrière et où chacun luttera pour sa survie…

 


 

Le film

[4/5]

Ne vous fiez pas au titre « français »

Si l’affiche française de Wedding nightmare a indéniablement bénéficié d’un soin tout particulier, et du travail sans doute acharné d’un graphiste de talent, il n’en demeure pas moins tout aussi évident que la branche française de 20th Century Fox devait émettre quelques doutes quant au potentiel commercial du film de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, et ce malgré son confortable succès au box-office américain (29 millions pour un budget de 6). Ainsi, la Fox en France semble bien avoir décidé de « vendre » le film comme s’il s’agissait d’un pur film d’horreur – ce qu’il n’est pas tout à fait en réalité, même si bien sûr le film s’amuse bel et bien avec les codes du genre. L’affiche française joue donc avec les codes classiques de l’épouvante, mettant en avant du sang et les murs de ce que l’on suppose être les murs d’une grande maison bourgeoise type Maison du diable, éléments prenant sur l’affiche française beaucoup plus de place que le personnage principal – la mariée – qui n’occupe même pas un quart de l’image. Et bien sûr, le titre original, Ready or not, sera également changé en un autre titre en anglais, Wedding nightmare. Si bien sûr tout cela ne dénature pas totalement le film, on admettra tout de même que le titre original (que reprendront par exemple nos cousins québécois en le traduisant par Prêt pas prêt) soulignait d’avantage la véritable nature du film, et surtout son humour, lié à l’absurdité bête et méchante de son postulat de départ. L’intrigue mettant en scène un jeu de cache-cache pour le moins mortel, Ready or not se traduirait plus fidèlement chez nous par « Caché ou pas ». Pour quelle raison, me demanderez-vous ? Hé bien tout simplement parce qu’il s’agit des paroles traditionnellement lancées à la cantonade par les joueurs de cache-cache à l’intention de leurs petits camarades s’étant planqués pendant le décompte d’usage : « Caché ou pas, j’arrive ! » / « Ready or not, here I come ! ».

Si l’on chipote ici un peu sur les mots et sur le titre « français » du film, c’est que la notion de jeu est réellement au cœur du film : au bout de dix minutes de film à peine, la partie est lancée, et notre héroïne devra se cacher ou… mourir, puisqu’elle se verra poursuivie par toute sa belle-famille, bien décidée à lui faire la peau. Malgré ce point de départ pour le moins saugrenu, le véritable tour de force de Wedding nightmare est bel et bien de réussir à conserver suffisamment de premier degré – du moins jusqu’à son ultime dénouement – pour plonger le spectateur aux côtés de cette jeune femme certes paniquée, mais bien déterminée à ne pas se laisser buter durant sa nuit de noces. Bien sûr les symboles liés à ce moment inoubliable de la vie d’une femme sont nombreux, de même que les morts à base de « pénétration » d’objets contondants dans divers orifices – autant de passages réjouissants qui contribuent à la réussite du film de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, qui forment avec leur camarade Chad Villella le collectif « Radio Silence ».

 

 

Une direction artistique remarquable

Car Wedding nightmare est une véritable réussite qui, non content de nous proposer un ride ultra-rythmé, ouvertement fun, violent et gore, se démarquera également du « tout venant » de la production horrifique par un soin extraordinaire apporté aux détails, même les plus infimes. En termes de décors, de direction artistique et de photographie, le film s’avère littéralement bluffant, d’une rigueur et d’une précision remarquables. La tonalité de l’ensemble joue volontiers sur la provocation – notamment dans la façon dont sont traités les deux enfants du film – et les jurons gratuits, qui apportent une touche d’humour supplémentaire à l’ensemble et contribuent à faire baisser la tension lors des séquences les plus tendues. On pense notamment à cette réplique monumentale balancée par l’héroïne alors qu’une voiture refuse de s’arrêter pour lui venir en aide : « What the fuck is wrong with you, you fucking asshole piece of shit little tiny dick licker fucking asshole fucking die ! ». Vous admettrez qu’on n’est pas tout à fait chez Shakespeare – ça tombe bien, ce n’était pas ce qu’on lui demandait !

La direction d’acteurs est également assez fantastique dans son genre, resserrée autour de Samara Weaving, impeccable dans le rôle de Grace, la « poupée mariée » aux grands yeux. Si d’aucuns peuvent encore la confondre, physiquement, avec Margot Robbie, on notera néanmoins qu’elle se démarque nettement de l’actrice révélée par Le loup de Wall Street par son attachement au cinéma de genre, mais également par la façon dont elle a pris le parti de jouer de son regard et de ses yeux globuleux, que Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett utilisent ici volontiers afin de se concentrer sur l’émotion du personnage central. A ses côtés, on saluera également les performances de Henry Czerny et Andie MacDowell, tous deux impeccables dans la peau des beaux-parents siphonnés et aux comportements diamétralement opposés, l’hystérie du patriarche étant systématiquement tempérée par le calme et la froideur de la belle-mère campée par Andie MacDowell. Dans la peau de la « tante Helene » la prestation de Nicky Guadagni (Cube) sera également très remarquée, de même que le mari et le beau-frère de Grace, respectivement interprétés par Mark O’Brien (Premier contact) et Adam Brody, héros de la série Newport Beach, qui se fait ici un malin plaisir de casser son image. Le tout est de plus agrémenté d’un mauvais esprit très orienté « lutte des classes » : un vrai plaisir de petit film d’horreur en mode fun et décomplexé !

 

 

Le Blu-ray

[4/5]

C’est 20th Century Fox qui permettra donc aujourd’hui aux fans et aux retardataires de voir et revoir Wedding nightmare sur support Blu-ray, après un confortable petit succès dans les salles françaises (473.000 entrées). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’éditeur a vraiment soigné sa copie niveau master. L’image est sublime, la définition est d’une précision à couper le souffle, nous offrant un piqué réellement impressionnant et une gestion des contrastes et des noirs absolument parfaite, le tout mettant naturellement en valeur la superbe photo nocturne du film signée Brett Jutkiewicz. En deux mots comme en cent, l’immersion au cœur du film est totale : du grand Art. Côté son, et comme d’habitude avec l’éditeur, la VF proposée en DTS 5.1 a beau être de très bonne qualité, elle ne tient pas la comparaison avec l’ampleur et le dynamisme échevelé de la VO encodée en DTS-HD Master Audio 5.1, qui s’avère plus riche, plus fine et plus enveloppante que sa petite sœur française.

Du côté des suppléments, outre le commentaire audio assuré par le collectif « Radio Silence » et Samara Weaving (VOST), on trouvera un passionnant making of d’une durée de 42 minutes, qui reviendra sur le scénario du film, les personnages, les décors et les costumes… L’ensemble nous révélera de multiples détails que vous aurez forcément loupé durant le film (tels que les différents jeux de société édités par la famille Le Domas), tout en nous proposant de nombreux rushes et de bonnes interviews, notamment des scénaristes Guy Busick et Ryan Murphy. Au final, l’ensemble est tellement sympathique qu’il ne pourra que vous donner envie de revoir Wedding nightmare au plus vite. On continuera ensuite avec un court bêtisier (4 minutes), qui s’accompagnera de la traditionnelle bande-annonce ainsi que d’une galerie de photos.

 

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