Test Blu-ray : Waxwork

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Waxwork

États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne de l’Ouest : 1988
Titre original : –
Réalisation : Anthony Hickox
Scénario : Anthony Hickox
Acteurs : Zach Galligan, Deborah Foreman, Jennifer Bassey
Éditeur : Le chat qui fume
Durée : 1h35
Genre : Horreur
Date de sortie DVD/BR : 20 décembre 2019

 

Dans une petite ville de banlieue américaine, le mystérieux David Lincoln ouvre un musée de cire consacré aux monstres légendaires issus du folklore fantastique. Un groupe d’étudiants est invité par le propriétaire à une visite nocturne des lieux. Une fois à l’intérieur, les jeunes découvrent les scènes reproduisant les forfaits de ces créatures, sans se douter que chacune d’entre elles est en réalité un portail dimensionnel conduisant à leur repaire. Lincoln compte bien ramener à la vie chacune de ces entités maléfiques et sacrifier, dans ce but, ses visiteurs…

 


 

Le film

[4/5]

Tout le monde connaît, dans son entourage plus ou moins proche, des pères et des fils pratiquant le même métier, ou appartenant à la même boite. Cela existe dans tous les corps de métier du monde, et c’est la plupart du temps socialement accepté, même si bien-sûr, que cela soit justifié ou pas, le mot « piston » réapparaît inévitablement. Cette notion d’atavisme professionnel, qui se résume pourtant bien souvent à une simple idée de transmission, se retrouve également dans le monde du sport ou des Arts, comme partout ailleurs, mais plus les milieux sont amenés à brasser de l’argent, plus les critiques fusent, fustigeant les fils et filles « à papa ». Pourtant, dans le fond (et non pas dans le fion), qui pourrait paraître plus légitime que ces enfants d’artistes qui, à l’image d’Obélix, sont tombés dedans quand ils étaient petits, en grandissant dans les ateliers, dans les coulisses, sur les plateaux de tournage ou sur les genoux de papa, devant la machine à écrire ? De fait, les fils et « filles de » doivent souvent redoubler d’efforts pour être reconnus et se faire un prénom, surtout s’ils reprennent le flambeau d’une œuvre entamée par un de leurs parents. On pense à Patrice Dard ou à Brian Herbert en littérature, ayant respectivement repris les sagas littéraires San Antonio et Dune, mais également, dans le domaine du cinéma, à Brandon Cronenberg, qui boxe vraiment dans la même catégorie que son père…

Et puis bien sûr, il y a celui qui nous intéresse aujourd’hui, Anthony Hickox, pilier incontournable de la série B horrifique dans les années 90 et fils de Douglas Hickox, cinéaste versatile ayant beaucoup tourné dans les années 60/70, et à qui l’on doit des films très différents les uns des autres : guerre, policier, épouvante… L’un de ses films les plus célèbres et les plus réussis est sans conteste Théâtre de sang (1973), avec Vincent Price et Diana Rigg : ce dernier mettait en scène un théâtreux revenu d’entre les morts se vengeant des critiques qui le méprisaient en s’inspirant des pièces de Shakespeare. Un excellent petit film d’horreur british qui développait une esthétique volontiers baroque et un humour très noir.

 

 

Pour son premier long-métrage Waxwork en 1988, Anthony Hickox, qui assurait à la fois les postes de scénariste et de réalisateur, jouait donc la carte du clin d’œil assumé à son paternel, disparu la même année. Les intrigues des deux films sont clairement voisines, avec des meurtres qui s’enchainent en convoquant l’imaginaire collectif (plus de Shakespeare ici mais les monstres du bestiaire classique) et termineront dans des poses figées et iconiques sur ce qui s’impose dans les deux cas comme la représentation d’une scène théâtrale. La filiation entre les deux films est d’autant plus claire et évidente que si Théâtre de sang mettait en scène Diana Rigg, alias Emma Peel, Waxwork nous proposera quant à lui de retrouver Patrick McNee, c’est-à-dire John Steed, la deuxième moitié du duo mythique de Chapeau melon et bottes de cuir. En revanche, il existe entre les deux films une différence de traitement notable, qui se situe au niveau de l’introduction de l’élément fantastique dans le récit : le mystère autour de la résurrection du personnage de Vincent Price dans le film du pater n’est nullement repris dans le film du rejeton Hickox, la nature surnaturelle du musée de cire et de son directeur (David Warner, impeccable) ne pouvant en effet pas faire le moindre doute, et ce dès les premières minutes du film.

 

 

Né la même année que Fred Dekker – 1959 – Anthony Hickox partage avec lui le fait d’appartenir à une génération de cinéastes dont la malédiction est d’être nés dix ans trop tard. Ils se sont certes jetés dans le bain du cinéma fantastique avec talent et fougue, mais leurs qualités n’ont été remarquées que par une trop maigre poignée de cinéphiles. Biberonnés au cinéma de SF et d’épouvante des années 50/60, Anthony Hickox tout comme Fred Dekker ont vu débarquer sur le devant de la scène au début des années 80 une nouvelle vague de cinéastes populaires ayant littéralement révolutionné le cinéma : dans l’ombre des Steven Spielberg, des George Lucas et des Francis Ford Coppola est en effet également apparue une vague de cinéastes spécialisés dans le cinéma de genre, menés par John Carpenter, Joe Dante, Tobe Hooper, John Landis, George Romero… Des cinéastes qui changeraient la donne durablement en matière de cinéma d’horreur, et qui avaient littéralement les mêmes influences qu’eux : le même amour pour la série B des années 50 qui les émerveillait quand ils n’étaient encore que des enfants, les mêmes films de chevet, les mêmes références. Il n’est ainsi pas étonnant de constater des similitudes entre The monster squad (Fred Dekker, 1987) et Waxwork : le même amour authentique du genre lie en effet les deux cinéastes, et les deux auront voulu réunir à l’écran les monstres de leur enfance : Dracula, le loup-garou, la momie, Frankenstein…

 

 

Doté d’un budget inférieur au film de Dekker, Waxwork se révèle pourtant plus généreux en termes de créatures macabres issues de l’imaginaire collectif : en plus de celles citées ci-dessus, on croisera également dans le film d’Anthony Hickox des zombies tout droit sortis d’un film de Romero (dans une très belle séquence en noir et blanc), le fantôme de l’Opéra, l’homme invisible, un savant fou, un extra-terrestre et un cocon piqué à L’invasion des profanateurs de sépultures, Jack l’éventreur, un bébé maléfique, la plante carnivore de La petite boutique des horreurs (« Feed me ! ») ou encore le marquis de Sade – qui sera l’occasion d’un passage assez formidable explorant les frustrations sexuelles réprimées durant les deux premiers tiers du film par le personnage de Sarah (Deborah Foreman), ingénue aux pulsions masochistes. Le tout saupoudré de sorcellerie, de vaudou, de ouija ou encore de pacte avec le diable…

 

 

Et si 30 ans après sa sortie, Waxwork s’avère de nos jours toujours aussi plaisant et fréquentable, c’est en partie bien sûr grâce à cette générosité gentiment barge dont il fait preuve tout au long de son récit (et en particulier dans sa dernière bobine), mais pas seulement : c’est aussi et surtout grâce à ses effets spéciaux 100% old school que le film obtient ses galons de petit classique de l’ère « vidéo-club ». Hé oui, car le film nous propose des effets gore en pagaille, en particulier sur la scène mettant en scène Michelle Johnson et les vampires, avec certains gags bienvenus (la vampire transpercée de bouteilles de champagne, dont les bouchons se mettent à sauter), des maquillages assez impressionnants (mention spéciale au loup-garou, aux zombies et à la créature de Frankenstein) et un final absolument fou riche en créatures animatroniques et en effets en tous genre. Le capital sympathie de l’ensemble est encore augmenté grâce à un casting de têtes connues que l’on se plaît toujours à retrouver : outre David Warner et Patrick McNee que l’on a déjà cités, on retrouvera également Zach Galligan, le héros de Gremlins, qui deviendrait un fidèle collaborateur d’Anthony Hickox par la suite, mais également Dana Ashbrook (Bobby dans Twin Peaks), John Rhys-Davies dans un petit rôle (vous savez, le barbu qui interprétait Sallah dans le premier Indiana Jones, le professeur Arturo dans Sliders et Gimli dans Le seigneur des Anneaux). Et pour les amateurs de caméos inattendus, on notera également que l’on peut voir dans le film à la fois Anthony Hickox (il incarne le prince sadique aux côtés du marquis de Sade) et son frère James Hickox, autre fils de Douglas, dans la peau de l’assistant du tueur de loups-garous. Bref, s’il ne s’agit certes pas d’un classique indétrônable, Waxwork fait toujours figure de nos jours de solide petit film fantastique, doublé d’une madeleine de Proust pour les loueurs de K7 vidéo invétérés de la fin des années 80 et du début des années 90.

 

 

Et si la carrière d’Anthony Hickox ne se limitera pas, techniquement, à la seule ère de la VHS triomphante, le plus gros de ses succès en tant que cinéaste se concentreront dans les années 90 : outre Waxwork 2 en 1992, on se souvient avec émotion de Sundown (1989), de Full Eclipse (1993) et surtout de Warlock II (1993), que beaucoup – au moins dans la pièce où j’écris ce texte seul – considèrent comme le véritable chef d’œuvre de sa carrière. Son film les plus « connu » à travers le monde est probablement Hellraiser III (1992), qui est loin d’être son meilleur. Sa participation à la franchise aux Cénobites lui a néanmoins valu d’enchaîner, en 1996 et 1997, deux films aux budgets plus confortables, Piège intime et Prince Valiant, qui valent tous deux le coup d’œil. Aujourd’hui en revanche, et même s’il tourne encore de temps en temps, ses films n’ont plus le même impact sur le public que durant les années 90. On espère cela dit que ses deux prochains films, Infamous Six et Zombie bride , qui marquent son retour à l’horreur, trouveront un distributeur en France !

 

 

Le Blu-ray

[5/5]

Il n’est plus besoin de présenter Le chat qui fume, tant l’éditeur a bouleversé les habitudes des consommateurs et des fans de cinéma de genre depuis un peu moins de cinq ans. Éditeur spécialisé dans le LOURD, le film qui tue et qui s’impose dans de la pure GROSSE ÉDITION QUI DÉPOUILLE SA MÈRE, Le chat se fait un point d’honneur à proposer des éditions DVD / Blu-ray assez sublimes, qui d’entrée de jeu font de l’œil au consommateur, l’aguichant sévère grâce à leurs packagings somptueux aux visuels épatants – on notera par ailleurs que les maquettes sont signées Frédéric Domont (« Frédéric Domont, un graphiste qu’il est bon » aurait-on dit dans les années 60). Comme dans le cas des nombreux Combo Blu-ray + DVD l’ayant précédés, cette belle édition de Waxwork ne fait pas exception à la règle, s’offrant une édition littéralement superbe : présenté dans un digipack trois volets surmonté d’un fourreau, ce Combo n’oublie pas d’être un bel objet, au design 100% classe. Du grand art en somme, et un objet de collection que vous serez fiers de voir trôner sur vos étagères… A moins bien sûr que vous n’ayez aucun goût, ou que vous soyez un transfuge de chez DVDClassik. Mouahahaha, on plaisante bien sûr, on aime tous nos lecteurs sur critique-film, même les transfuges d’autres sites n’ayant aucun goût.

 

 

Côté technique, le Blu-ray édité par Le chat est franchement, et comme souvent avec cet éditeur, exceptionnel. La qualité de l’encodage et de la définition font littéralement des merveilles. Les couleurs sont éclatantes, et le tout affiche une pèche de tous les diables. Le piqué est également d’une précision remarquable, et le tout rend finalement un bien bel hommage aux effets spéciaux de Bob Keen et ses équipes autant qu’à la photo de Gerry Lively, que l’on redécouvre totalement ici. Un sans faute. Côté son, c’est du classique mais efficace DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine, en VO mais également en VF, et les deux mixages s’avèrent clairs et nets, sans fioritures, avec de jolies ambiances qui arrivent à se détacher de façon étonnante. A noter que le doublage français est assuré par quelques acteurs de doublage « cultes » de l’époque, tels que Vincent Ropion, Jean-Pierre Leroux, Henri Labussière ou Claude Rollet.

 

 

Dans la section des suppléments, plusieurs bonus viendront compléter le plaisir intense ressenti devant le film : on commencera avec la piste musicale isolée, qui permettra aux amateurs du score de Roger Bellon de revoir le film sans ses traditionnels effets sonores. Intéressant ! On continuera ensuite avec un making of (24 minutes), d’époque, présenté dans son jus et introduit par Patrick McNee. On y reviendra sur l’ambiance détendue sur le tournage, illustrée par quelques moments volés sur le plateau ainsi que par de nombreux entretiens avec l’équipe et Anthony Hickox lui-même. Ce dernier révélera les origines du film, qui remontent à un accrochage qu’il a eu, sur la route, avec le producteur Staffan Ahrenberg. Trop fauché pour payer les dégâts, Hickox lui proposa, en dédommagement, de lui écrire un scénario pour seulement 3000 dollars. Trois jours plus tard, il lui livrerait le scénar de Waxwork, qui serait finalement produit pour de bon quelques mois plus tard. L’ensemble est donc tout à fait passionnant ! On terminera enfin avec les traditionnelles bandes-annonces éditeur, parmi lesquelles Halloween II, Halloween III ou encore le film fantastique allemand Laurin, prochainement disponible chez Le chat qui fume. Plus d’informations sur le site de l’éditeur.

 

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