Test Blu-ray : Une journée de fous

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Une journée de fous

 
États-Unis : 1989
Titre original : The dream team
Réalisation : Howard Zieff
Scénario : Jon Connolly, David Loucka
Acteurs : Michael Keaton, Christopher Lloyd, Peter Boyle
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h53
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 27 septembre 1989
Date de sortie DVD/BR : 21 janvier 2020

 

Le Dr Weitzman, psychiatre, décide d’emmener quatre de ses patients en balade à New York. Il y a là Billy, sujet à des accès de violence, Henry, schizophrène et paranoïaque, Albert, incapable de communiquer avec les autres, et Jack, qui croit être la réincarnation du Christ. Mais le médecin est victime d’une agression, et nos quatre énergumènes se trouvent livrés à eux-mêmes, dans une ville encore plus folle qu’eux…

 


 

Le film

[4/5]

A de rares exceptions près, quand il s’agit de rire au cinéma, les français conservent un côté très « chauvin », préférant la comédie made in France aux films venus d’autres contrées. Sur les dix plus grands succès enregistrés au box-office dans l’hexagone, on comptera par exemple cinq films français. Cinq comédies : Bienvenue chez les Ch’tis, Intouchables, La grande vadrouille, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre et Les visiteurs. Si on élargit au 100 films ayant fait le plus d’entrées chez nous, on trouvera dans la liste énormément de comédies – toutes françaises. Sur les nombreux films internationaux ayant en effet réussi à se frayer un chemin jusqu’au cœur des français, aucun ne pratique ouvertement l’humour, comme si le français se refusait à rire avec l’étranger.

Par conséquent, au cœur de l’immense quantité de comédies en provenance des États-Unis, on tend un peu, au fil des années, à oublier ces comédies américaines qui auront pu nous faire tant rire il y a 10, 20 ou 30 ans. On tend aussi à en oublier les grands acteurs de comédie venus du pays de l’oncle Sam : pour un Bill Murray ayant réussi à passer entre les mailles grâce à sa participation à des films indépendants, de nombreux formidables acteurs de comédie sont pour ainsi dire « passés à la trappe » dans l’hexagone, et s’avèrent aujourd’hui presque complètement oubliés. On pense bien sûr à des acteurs tels que Eddie Murphy, Dudley Moore, John Candy, Dan Aykroyd, Chevy Chase, John Belushi, Danny DeVito, Michael Keaton, Steve Martin, Adam Sandler, Will Ferrell, John C. Reilly… Leurs films ne sortent plus en France, sont cantonnés à Netflix ou s’avèrent complètement oubliés de nos jours : l’engouement public et critique pour ces acteurs ne semble pas avoir dépassé la sphère anglo-saxonne. Et pourtant… Si l’on pense à un artiste des zygomatiques tel que Steve Martin, que penser du fait que L’homme aux deux cerveaux (1983), véritable chef d’œuvre non-sensique, ne soit même jamais sorti en DVD en France ? Idem pour Les cadavres ne portent pas de costard (1982), Solo pour deux (1984), La petite boutique des horreurs (1986), Un ticket pour deux (1987), Le plus escroc des deux (1988), tous inédits en Blu-ray dans l’hexagone, et parfois même en DVD.

Dans le même ordre d’idées, le talent d’acteur comique de Michael Keaton nous a probablement pas mal échappé à nous autres français. Et ce même si cet acteur venu du sitcom nous avait carrément explosé de rire avec ses compositions hautes en couleurs dans Les croque-morts en folie (1982), Mister Mom – Profession père au foyer (1983), Johnny Dangerously (1984), Gung Ho, du saké dans le moteur (1986), Manhattan loto (1987), Beetlejuice (1988) ou encore Mes doubles, ma femme et moi (1996), on préfère se souvenir de ses prestations dans la saga Batman, dans Jackie Brown ou dans Birdman. Comme s’il y avait de quoi rougir du fait de nous faire rire.

Autant dire donc que l’on salue bien bas l’initiative de Rimini Éditions de nous proposer de redécouvrir le talent comique de Michael Keaton à travers la sortie d’Une journée de fous en Blu-ray. Il s’agit là d’un pari extrêmement risqué, et l’on suppose que le succès ou pas de cette édition déterminera en grande partie l’avenir des sorties à venir en matière de comédies US. Achetez-la donc, en masse.

Sorti en France quelques mois après Beetlejuice, le film d’Howard Zieff est tout de même parvenu à réunir près de 180.000 français dans les salles en 1989 : on est loin des 29 millions de dollars réunis par le film au box-office américain, mais cela représente, par exemple, trois fois plus d’entrées en France que Portrait craché d’une famille modèle ou Le plus escroc des deux la même année, si l’on compare cela avec les films mettant en scène Steve Martin à la même époque. Ces chiffres restent donc clairement honorables, surtout au vu de ceux enregistrés en France par les films précédents de Michael Keaton (55.000 entrées pour Mister Mom, 15.000 pour Gung Ho, 10.000 pour Manhattan loto). Avec son intrigue comico-policière suivant quatre évadés de l’asile en cavale dans New York, Une journée de fous est clairement porté par ses quatre acteurs principaux : Michael Keaton donc, Christopher Lloyd – tout droit sorti à l’époque de Retour vers le futur 2, Peter Boyle, inoubliable créature du Frankenstein Junior de Mel Brooks, et Stephen Furst, acteur en revanche complètement inconnu au bataillon en France malgré une apparition dans American college. C’est réellement l’énergie de ces quatre acteurs, d’abord séparés au cœur de New York puis réunis, qui permettra à Zieff d’enchaîner avec brio quiproquos et rebondissements, le tout étant de plus porté par des dialogues souvent très drôles, surtout en VO si vous maîtrisez l’anglais. Car la comédie est avant tout une affaire « culturelle », mais les références et autres punchlines sont relativement bien adaptées par la version française du film, dont le doublage est assuré par des acteurs très connus de l’époque, tels qu’Emmanuel Jacomy, Pierre Hatet, André Valmy, Marc François, Élisabeth Wiener… On y reconnaîtra également les voix de Med Hondo ou d’Élie Semoun dans des petits rôles.

Solide, drôle et encore parfaitement efficace presque 30 ans après sa sortie, Une journée de fous permettra aux amateurs du talent comique de Michael Keaton et de ses acolytes de se régaler d’une comédie aussi amusante qu’équilibrée, permettant à chacun des acteurs de disposer de son moment de gloire. Et bien sûr, les « fous » socialement désignés auront l’occasion de prouver qu’ils ne sont peut-être pas les plus dingues au cœur de la société US…

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

Jusqu’ici totalement inédit en DVD et Blu-ray en France, Une journée de fous arrive finalement sur support Blu-ray sous les couleurs de Rimini Éditions. Comme d’habitude avec l’éditeur français, le travail sur l’image et le son est littéralement irréprochable, avec une profondeur de champ remarquable, un piqué précis, des couleurs et des noirs vraiment bien gérés, le tout étant par ailleurs présenté avec un grain argentique parfaitement préservé. Côté audio, on trouvera également deux mixages en Haute Définition avec du DTS-HD Master Audio 2.0 à la fois en anglais et en français. Les deux mixages jouent la carte de l’ambiance mais nous proposent tout de même un bon équilibre entre voix et effets. Du beau travail.

Du côté des suppléments, l’éditeur nous propose un entretien avec Célia Sauvage, docteure en études cinématographiques et audiovisuelles, féministe, spécialiste de Quentin Tarantino et de la comédie américaine (ça en fait des casquettes, 30 minutes, HD). Elle reviendra sur l’évolution de la comédie US au cours des années 80, et sur la façon dont Une journée de fous est pleinement représentatif des mutations du genre à l’époque, notamment dans le fait de mettre des « fous » en premiers rôles. Il est très rare de voir des intellectuels se pencher sur la structure et le fond des films de comédie, aussi nous réjouirons-nous d’écouter les propos de la spécialiste, d’autant que ces derniers paraissent tout à fait pertinents.

 

1 COMMENTAIRE

  1. Excellente comédie que cette  » Journée de fous » en compagnie d’une fine équipe d’acteurs de haut vol qui se font plaisir et s’amusent visiblement dans leurs rôles respectifs.
    Il plane sur ce film un vent de fraîcheur et de folie qui nous rappele une époque que le cinéma américain semble avoir oublié…

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