Test Blu-ray : Un justicier dans la ville 4 et 5

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Un justicier dans la ville 4 et 5

Dans les années 80 aux États-Unis, après l’élection de Ronald Reagan, les républicains se sentent pousser des ailes : comme pour appuyer la politique ultra-sécuritaire prônée par le gouvernement, la mode est alors aux films mettant en scène des vigilantes moustachus parcourant le ghetto bazooka à la pogne afin de faire la chasse aux cocos, aux pédés, aux blackos, aux dealers, aux niakoués, aux violeurs, bref à toutes ces raclures qui pullulaient visiblement dans les grandes villes à l’époque, zonant avec leurs blousons de cuir pour tuer nos femmes et égorger nos enfants. A la tête du mouvement de ces moustachus violemment revendicatifs, il y avait bien sûr Papi Charles Bronson, héros de la saga du Justicier dans la ville

Le justicier braque les dealers (Un justicier dans la ville 4)

États-Unis : 1987
Titre original : Death wish 4 – The crackdown
Réalisation : J. Lee Thompson
Scénario : Gail Morgan Hickman
Acteurs : Charles Bronson, Kay Lenz, John P. Ryan
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h39
Genre : Action, Thriller
Date de sortie cinéma : 23 mars 1988
Date de sortie DVD/BR : 5 décembre 2020

Toujours hanté par le cauchemar des tragédies qu’il vécut autrefois, Paul Kersey vit désormais avec Karen et la fille de celle-ci, Erica. Mais l’adolescente succombe un jour à une overdose. Paul ne tarde pas à identifier et à abattre le dealer responsable. Il est bientôt contacté par un certain Nathan White, qui a vécu un drame identique au sien et lui propose de mettre fin aux agissements des deux gangs qui contrôlent la marché local de la drogue. Il lui offre de financer entièrement cette croisade et lui remet des dossiers sur les revendeurs et leurs chefs. Paul se met aussitôt au travail…

 

Avant-dernier volet de la saga du Justicier dans la ville, dont on a déjà largement évoqué les qualités au sein de nos pages, Un justicier dans la ville 4 s’appelait, lors de sa sortie dans les salles françaises en 1988, Le justicier braque les dealers. Produit par Menahem Golan et Yoram Globus pour la Cannon, le film de Jack Lee Thompson fait le choix de pousser la logique du premier film de la série jusqu’à un point carrément absurde : ainsi, dans le film, et parce que sa nouvelle belle-fille vient de clamser d’une overdose, Papi Bronson va éradiquer à lui-seul l’approvisionnement en cocaïne de la Californie tout entière. Le titre français a donc beaucoup d’à propos : Le justicier braque les dealers, et plutôt deux fois qu’une, d’ailleurs !

Alors, bien sûr, les esprits chagrins pourront se plaindre du fait que le film soit ouvertement raciste : en effet, dans ce glorieux nanar de l’ère Reagan triomphante, absolument tous les personnages interprétés par des latinos, des blacks ou des asiatiques sont des dealers ou des meurtriers, et quand ils sont flics, ce sont des ripoux. Le premier degré est donc proscrit, mais pour peu qu’on le prenne avec le bon état d’esprit, il y a de quoi s’éclater franchement du côté nauséabond et kitsch du film. En un sens, Le justicier braque les dealers va tellement loin dans le politiquement incorrect et la crétinerie qu’on ne peut vraiment le prendre au sérieux : le film évoquera plutôt un épisode de South Park avant l’heure…

En l’état, le film de Jack Lee Thompson est donc un sacré monument de poilade, tellement pachydermique par passages que l’on peut légitimement se demander si ses auteurs ne le destinaient pas à un avenir de comédie. Le cauchemar de Kelsey qui ouvre le film s’affiche par exemple comme une parodie des clichés du film de vigilante moustachu, avec ses violeurs prestidigitateurs qui apparaissent et disparaissent comme par magie. Dans le même état d’esprit, la séquence durant laquelle Bronson sort son mini Uzi de sa gamelle avant de s’attaquer aux labos clandestins ne détonerait pas dans un film des ZAZ. On pense aussi aux joutes verbales entre le gros black et sa femme, etc, etc… On en passe et des meilleures, mais le fait est que Le justicier braque les dealers n’engendre pas la mélancolie.

Du côté du casting, face à Papi Bronson bien décidé à débarrasser Los Angeles du fléau des drogues dures, on remarquera également une poignée de têtes connues, comme Danny Trejo ou Mitch Pileggi – futur Horace Pinker pour Wes Craven / Skinner dans The X-Files. En deux mots comme en cent, Le justicier braque les dealers s’avère un gros délire indispensable à tous les amateurs de films d’action des années 80 : un film à placer à côté de Rémo, sans arme et dangereux dans sa vidéothèque.

Le justicier – L’ultime combat (Un justicier dans la ville 5)

États-Unis, Canada : 1994
Titre original : Death wish 5 – The face of death
Réalisation : Allan A. Goldstein
Scénario : Allan A. Goldstein
Acteurs : Charles Bronson, Lesley-Anne Down, Michael Parks
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h35
Genre : Action, Thriller
Date de sortie DVD/BR : 5 décembre 2020

Paul Kersey a décidé d’oublier définitivement son passé. Professeur d’architecture, il rencontre Olivia et vit un amour auquel il ne croyait plus. Mais l’ex-mari d’Olivia n’est autre que Tommy O’Shea, un gangster notoire. Parce qu’elle le menace de témoigner devant les tribunaux, Tommy la défigure. Kersey contient sa colère et la demande en mariage. Mais celle-ci est abattue par les hommes de O’Shea. Désormais, plus rien n’arrêtera Paul…

 

Cette nouvelle livraison Blu-ray consacrée à la saga du Justicier dans la ville sous les couleurs de Sidonis Calysta contient, en guise de supplément, le cinquième et dernier épisode de la saga, sobrement renommé ici Un justicier dans la ville 5. Délaissant quelque peu les outrances et la franche rigolade véhiculée par les deux précédents opus de la saga, Le justicier : L’ultime combat prend les atours d’un polar des années 90 relativement classique, tout en permettant à Charles Bronson, 73 ans, d’endosser une dernière fois les frusques de Paul Kersey, l’architecte poissard du premier Death wish.

Alors bien sûr, le film n’est pas du niveau des précédents, mais il mérite tout de même le coup d’œil. Au milieu des années 90, les héros sont fatigués. Malgré sa nouvelle femme et sa nouvelle belle-fille, Kersey comme les autres montre clairement des signes de fatigue, troquant ici souvent ses habituels flingues et autres lance-roquettes contre des pièges tout aussi mortels : ballon piégé, gâteau au cyanure…

Si Le justicier : L’ultime combat met du temps à démarrer, il faut avouer que quand Papi Bronson se met à dézinguer les méchants, tout ça devient méchamment fun, d’autant plus qu’il les regarde crever en rigolant – et qu’il est toujours plaisant de voir un grand-père s’esclaffer. Ainsi, Le justicier : L’ultime combat ne suscitera jamais réellement l’ennui, mais le film d’Allan A. Goldstein adopte tout de même le rythme lent d’un polar à la « Hollywood Night », ne décollant vraiment que lors de ses dernières vingt minutes, au cours desquelles le vieux grigou prend d’assaut une usine de textile remplie de mafieux armées jusqu’aux dent. Cette dernière ligne droite est vraiment sympa, et en plus du plus – et attention parce que là cet argument va être vraiment imparable – à un moment il bute même un mec en le « cellophanant » à mort ! Si ça c’est pas une grande idée…

Bref, Le justicier : L’ultime combat s’avère un gentil petit polar des familles. Une œuvre vraiment pas transcendante, mais plutôt plaisante dans l’ensemble, d’autant que le film est aussi l’occasion d’un défilé de seconds rôles attachants, du toujours excellent Michael Parks à Miguel Sandoval en passant par Saul Rubinek ou Robert Joy, que l’on verrait quelques années plus tard dans Land of the dead (George Romero, 2005) ou encore dans La colline a des yeux (Alexandre Aja, 2006).

Le Blu-ray

[4/5]

Après Un justicier dans la ville, Un justicier dans la ville 2 et Un justicier dans la ville 3, Sidonis Calysta pense donc aux complétistes et aux amoureux de la Cannon et/ou de la carrière de Charles Bronson. Le justicier braque les dealers et Le justicier : L’ultime combat arrivent donc aujourd’hui dans les bacs de vos revendeurs DVD / Blu-ray dans un bi-pack sobrement appelé Un justicier dans la ville 4 et 5. Les film ont été soigneusement restaurés et le résultat à l’image est assez bluffant : la définition et le piqué sont accrus (bon niveau de détail), la profondeur de champ est surprenante et la granulation d’origine a été finement préservée. Les couleurs et les contrastes ne posent aucun problèmes non plus, quoi que l’on se dise parfois que les contrastes ont peut-être été légèrement trop boostés et tendent à « boucher » un peu les noirs, surtout sur les scènes en basse lumière. Côté son, VF et VO sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0 mono pour Le justicier braque les dealers, et en version française uniquement pour Le justicier : L’ultime combat, dont la présence au sein du coffret est probablement pensée comme un sympathique « supplément » au quatrième film. Dans les deux cas, les versions françaises feront le bonheur des amateurs de VF estampillées 80’s.

En plus des deux films, on trouvera également les bandes-annonces des films de la saga du Justicier.

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