Test Blu-ray : Le justicier de New York (Un justicier dans la ville 3)

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Le justicier de New York (Un justicier dans la ville 3)

États-Unis, Canada : 1985
Titre original : Death wish 3
Réalisation : Michael Winner
Scénario : Don Jakoby
Acteurs : Charles Bronson, Deborah Raffin, Ed Lauter
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h32
Genre : Thriller, Action
Date de sortie cinéma : 5 mars 1986
Date de sortie DVD/BR : 22 mai 2020

Décidé à se ranger, Paul Kersey arrive à New York pour rendre visite à son ami Charley. Mais les retrouvailles sont de courte durée : Kersey arrive juste à temps pour recueillir les dernières paroles de Charley, attaqué par des voyous. Arrêté par la police, Kersey n’a aucune difficulté à s’identifier mais de lourdes présomptions de culpabilité continuent de peser sur lui. Une fois relâché, Kersey accepte d’aider la police à nettoyer le quartier des délinquants, des gangsters et des drogués…

Le film

[4,5/5]

Dans les années 80 aux États-Unis, après l’élection de Ronald Reagan, les républicains se sentent pousser des ailes : comme pour appuyer la politique ultra-sécuritaire prônée par le gouvernement, la mode est alors aux films mettant en scène des vigilantes moustachus parcourant le ghetto bazooka à la pogne afin de faire la chasse aux cocos, aux pédés, aux blackos, aux dealers, aux niakoués, aux violeurs, bref à toutes ces raclures qui pullulaient à l’époque, zonant avec leurs blousons de cuir pour tuer nos femmes et égorger nos enfants. A l’origine du mouvement de ces moustachus violemment revendicatifs, il y avait bien sûr Un Justicier dans la ville, tourné une dizaine d’années auparavant…

Mais sous l’impulsion de cette race nouvelle de « vigilante movies », les papys flingueurs Charles Bronson et Michael Winner reprennent donc du service en duo avec Le justicier de New York, retitré Un justicier dans la ville 3 pour cette édition Blu-ray sous les couleurs de Sidonis Calysta. Le justicier de New York ressuscitait donc à nouveau la franchise, près de trois ans après le deuxième Justicier. Et en 1985, on ne déconne plus avec le crime : de retour à New York, Papy Bronson, 64 ans, se verra carrément missionné / légitimé par un commissaire de police afin de nettoyer une banlieue sensible. S’il commencera tranquilou au flingue de chasse ou au fusil d’assaut, il finira le boulot au lance-missile, présentant le topo à ses voisins avec autant de calme et de détachement que s’il leur exposait les caractéristiques de son nouveau taille-haies.

Outrancier et tellement hénaurme que l’on se demande bien comment quiconque a pu un jour le prendre au sérieux, Le justicier de New York permet à Michael Winner de laisser libre cours à son don pour l’exagération. Une exagération décomplexée qu’on retrouve à tous les niveaux du film : ainsi, le film prend notamment place dans une ville dévastée, un no man’s land où les gangs font régner la terreur. L’idée directrice semble avoir été de présenter New York au spectateur à la façon de films post-nuke tels que Les guerriers du Bronx (1982) et Les guerriers du Bronx 2 (1983), tous deux signés Enzo G. Castellari. Terrains vagues dévastés, bandes de motards dégénérés et gangs punkoïdes à la Mad Max 2, on nage en pleine SF post-nuke. Winner pousse tellement le bouchon qu’il semble envoyer aux chiottes les nobles idées de justice ou d’honneur : en guise de riposte graduée, on passe directement du cran d’arrêt au lance-roquettes, et les « bonnes gens » d’applaudir à tout rompre quand Bronson flingue du loubard. Que cela soit quand il bute un mec en lui tirant une bastos dans le dos ou dans une optique de massacre de masse comme à la fin du film.

De plus, cet opus introduit un bad guy assez mémorable en la personne de Fraker, interprété par l’excellent Gavan O’Herlihy, qui s’offrira une des morts les plus barrées et WTF du cinéma des années 80. Comme pour coller au ton très exagéré du film, la musique, toujours composée par Jimmy Page (Led Zeppelin), soulignera systématiquement le moindre élément présent à l’image, au point que même de simples appels de phare deviendront également « sonores » pour le spectateur. Par conséquent, il faut admettre qu’à force d’enchaîner les outrances politiquement incorrectes balancées avec le plus grand sérieux, Le justicier de New York se révèle souvent très drôle. La « rupture » tonale initiée ici (involontairement ?) par Winner, qui durera le temps de deux films au cœur de la franchise, créera la division au sein de la communauté des fans de Paul Kersey. Pour notre part, et puisque le tout est plutôt emballé avec panache et sans temps mort, on tient Le justicier de New York pour un film extrêmement attachant. Du beau boulot.

Le Blu-ray

[4,5/5]

C’est Sidonis Calysta qui nous permet aujourd’hui de (re)découvrir Le justicier de New York sur support Blu-ray. Et on ne tournera pas autour du pot : le master est en tous points parfait, composant de façon admirable avec les limites visuelles du film proprement dit. Michael Winner et son directeur photo John Stanier ne semblent en effet jamais avoir particulièrement recherché à provoquer le choc esthétique du côté des spectateurs. En gardant cela à l’esprit, on se dit que la galette nous offre donc un piqué optimal ; le grain argentique d’origine est tout à fait respecté, les couleurs affichent une belle pêche, et les contrastes sont satisfaisants, ne bouchant jamais les noirs par excès de zèle. Côté son, le film sera proposé en VF et VO et DTS-HD Master Audio 2.0. Dans les deux cas, le rendu est clair, sans souffle ni craquement ou saturation disgracieuse.

Du côté des suppléments, Sidonis Calysta nous propose deux petits sujets d’archives probablement tirés de VHS, que l’on suppose assez rares. On commencera avec un court making of (5 minutes) qui donnera la parole à Michael Winner, Charles Bronson et se concentrera essentiellement sur la re-création de New York autour d’un hôpital partiellement détruit à Londres. Intéressant !

On continuera ensuite avec un sujet dédié à l’étoile de Charles Bronson sur Hollywood Boulevard (5 minutes), ce qui donnera au spectateur l’occasion de voir ce bon vieux Charlie sourire et plaisanter lors de son petit discours. Pour terminer, on aura également droit aux bandes-annonces des cinq films de la saga Un justicier dans la ville, tous remasterisées en Haute-Définition.

On touche du bois pour que cela signifie que Le justicier braque les dealers (J. Lee Thompson, 1987) et Le justicier : L’ultime combat (Allan A. Goldstein, 1994) soient prévus dans un avenir proche chez Sidonis Calysta ! Après l’impressionnante vague de sorties dédiées à Charles Bronson l’année dernière, on espère qu’Alain Carradore a eu la bonne idée d’acquérir les droits des autres films des années 80 de Papy Bronson, tels que Le justicier de minuit (1983), avec son serial killer ayant la particularité de se mettre intégralement nu avant de se laisser aller à ses penchants criminels, L’enfer de la violence (1984), avec son pseudo-Dr Mengele sadique louant ses services en Amérique du Sud, ou encore à La loi de Murphy (1986), thriller complètement barré disposant d’une des VF les plus folles et les plus « WTF » de l’Histoire.

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