Test Blu-ray : The outsider – Saison 1

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The outsider

États-Unis : 2020
Titre original : –
Créateur : Richard Price
Acteurs : Ben Mendelsohn, Cynthia Erivo, Paddy Considine
Éditeur : HBO
Durée : 9h10 environ
Genre : Série TV, Policier, Fantastique
Date de sortie DVD/BR : 2 septembre 2020

Le corps atrocement mutilé d’un garçon de onze ans est retrouvé dans une petite ville de l’Oklahoma. Les empreintes digitales et l’ADN présents sur les lieux du crime désignent aussitôt le coupable : Terry Maitland, l’un des habitants les plus respectés de la ville, entraîneur de l’équipe locale de baseball. L’affaire semble évidente à un détail près : Terry Maitland a un alibi en béton. Il était en effet à plusieurs centaines de kilomètres au moment où le meurtre a été commis. Le détective Ralph Anderson, proche de Maitland, est chargé de faire la lumière sur cette affaire pour le moins étrange. Et son explication pourrait bien dépasser l’entendement…

La saison

[4/5]

Diffusée début 2020 sur HBO, la série The outsider n’est pas une énième adaptation du maitre de l’horreur Stephen King. Du moins, elle ne se limite pas uniquement à cela – il ne s’agit pas ici simplement de mettre des images sur les mots de King, comme l’ont fait de multiples cinéastes et showrunners par le passé. Dans le cas de The outsider, il s’agit de la rencontre au sommet de plusieurs personnalités multi-talents, ayant tous partagé leur temps entre l’écriture et le cinéma : Stephen King bien sûr, mais également Richard Price (Clockers) et Dennis Lehane (Mystic river).

Tous deux crédités en tant que producteurs et scénaristes de The outsider, Richard Price et Dennis Lehane avaient déjà travaillé ensemble par le passé sur l’immense série The wire – Sur écoute, qui s’imposa sans peine entre 2002 et 2008 comme la meilleure série policière jamais portée sur un écran, toutes époques et nationalités confondues. Saluée pour son aspect quasi-documentaire, ses thématiques littéraires, son réalisme et son approche sans manichéisme de la vie urbaine, The wire – Sur écoute est souvent considérée comme l’une des meilleures séries télévisées de tous les temps, notamment pour sa représentation réaliste et son exploration profonde des thèmes socio-politiques de l’Amérique des années 2000.

Ce naturalisme forcené est également une des marques de fabrique de The outsider, qui mettra un certain temps avant de révéler la nature purement fantastique de son intrigue. Extrêmement noire, mettant en scène des personnages désabusés, voire même au bord du gouffre, la série commence avec une série d’événements qui pourront paraître très familiers aux amateurs de séries télévisées policières. Une petite ville américaine déchirée par un meurtre d’enfant d’une violence indescriptible, un flic fatigué, meurtri par un drame familial, un suspect que tout accuse clamant son innocence… The outsider commence donc à la façon d’une saison de True Detective, au rythme de la lenteur procédurale de la justice américaine. Mais au fur et à mesure des épisodes, le show commencera à prendre une direction différente, lorgnant convoquant le surnaturel et les mythes ancestraux, à la façon d’un long épisode de The X-Files ou de « l’autre » série très sous-estimée de Chris Carter, Millennium.

A la différence que contrairement aux personnages évoluant dans les séries de Chris Carter, Ralph Anderson, le personnage principal de The outsider, incarné par un Ben Mendelsohn absolument magistral, est un rationaliste convaincu. Persuadé de pouvoir trouver une issue à son enquête par les moyens traditionnels, il refuse obstinément de se laisser convaincre par les théories fantaisistes pourtant assez solidement étayées par Holly Gibney (Cynthia Erivo), personnage récurrent de l’univers de Stephen King – le roman The outsider, paru en 2018, marquait en effet sa quatrième apparition dans des histoires créées par le romancier du Maine.

Ainsi, une grande partie de l’intérêt de The outsider résidera dans la façon dont les événements parviendront à « retourner » le personnage de Ralph Anderson, dans la façon dont il va finalement s’ouvrir à l’inexplicable. Si bien sûr l’argument fantastique s’avérera assez réjouissant pour les amateurs, il ne sera finalement pas extrêmement original, se rapprochant d’autres récits imaginés par King au fil des années. Même chose pour les personnages secondaires, tels que celui de Jack Hoskins (Marc Menchaca) ou de Yunis Sablo (Yul Vazquez), qui s’avèrent assez typiques des récits signés par le papa de Ça et du Fléau.

The outsider n’en néglige cela dit pas les rebondissements, et livrera au spectateur son lot de très belles scènes, ainsi que quelques jolis moments de jeu pour des acteurs vraiment convaincants (Jason Bateman, Mare Winningham et Julianne Nicholson en tête). En deux mots comme en cent, The outsider s’avère une excellente série. Les coffrets édités par HBO précisent par ailleurs qu’il s’agit d’une « première saison ». Pourtant, malgré sa fin ouverte, ni la série ni le roman n’appellent forcément à une suite : il s’agit là d’une histoire complète, avec un début, un milieu et une fin. A ce jour, la chaîne américaine n’a d’ailleurs pas annoncé de suite. Cependant, on sait que le personnage d’Holly Gibney reviendra dans un futur roman de Stephen King – l’auteur l’a lui-même confirmé en 2019. Et dans un recueil de nouvelles sorti en avril 2020 aux États-Unis, les personnages d’Holly et de Ralph Anderson ont à nouveau été réunis dans une courte histoire intitulée If it bleeds (« Si ça saigne »), dont le titre est une référence explicite au film Predator (« If it bleeds, we can kill it »). On peut supposer que cette histoire pourrait servir de base à une deuxième saison de The outsider.

Le Blu-ray

[4/5]

La première saison de The outsider vient donc tout juste d’atterrir dans les bacs de vos revendeurs, au format Blu-ray et sous les couleurs de HBO. Le rendu Haute-Définition de la série créée par Richard Price à partir du roman de Stephen King est littéralement impeccable. Les trois disques contenus dans le coffret nous offrent en effet une image à la définition et au piqué d’une précision redoutable, proposant également des couleurs et une gestion des contrastes tout simplement irréprochables. Côté son, comme souvent avec les séries TV éditées par Warner et HBO, seule la VO bénéficie d’un impressionnant mixage DTS-HD Master Audio 5.1, alors que la version française compose avec un encodage Dolby Digital 5.1 très soigné, tout à fait satisfaisant mais clairement et fort logiquement en deçà de sa grande sœur la VO, surtout durant les intenses scènes d’action et/ou horrifiques, au rendu exceptionnel.

Du côté de la section bonus, la première saison 5 de The outsider bénéficie de plusieurs bonus très sympathiques : on commencera avec une série de featurettes revenant sur les coulisses de chaque épisode (6 featurettes, 28 minutes au total). Ces sujets, souvent assez intéressants, dressent un aperçu général de chaque épisode et évoquent pêle-mêle les personnages, l’histoire et sa comparaison avec le roman de Stephen King, le tournage ou encore les décors. Cela sera l’occasion d’entendre s’exprimer Stephen King, le créateur de la série Richard Price, Dennis Lehane ou encore les acteurs Cynthia Erivo, Ben Mendelsohn ou Jason Bateman. On continuera ensuite avec un entretien avec Jason Bateman (2 minutes), deux petits sujet consacrés au roman de Stephen King et au travail d’adaptation (6 minutes) ainsi qu’avec un module spécifiquement dédié au personnage d’Holly Gibney (3 minutes). On terminera enfin avec un sujet dédié aux « croque-mitaines » et autres monstres de cauchemars (13 minutes), contenant des interventions de l’équipe et des explications de Stephen King concernant la façon dont les différentes légendes sur le sujet ont influencé le roman et l’adaptation.

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