Test Blu-ray : Pig

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Pig

États-Unis, Royaume-Uni : 2021
Titre original : –
Réalisation : Michael Sarnoski
Scénario : Michael Sarnoski, Vanessa Block
Acteurs : Nicolas Cage, Alex Wolff, Adam Arkin
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h31
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 27 octobre 2021
Date de sortie DVD/BR : 10 mars 2022

Un chasseur de truffes vit en ermite dans la nature sauvage de l’Oregon, quand l’enlèvement de sa truie truffière le pousse à retourner vers la civilisation, à Portland, où il devra faire face aux démons de son passé…

Le film

[4,5/5]

Pig occupe une place à part dans la carrière de Nicolas Cage. Autrefois considéré comme une valeur sûre à Hollywood, Nicolas Cage est il y a une dizaine d’années peu à peu devenu un des acteurs les plus prolifiques du marché du DTV et des plates-formes de VOD. Les films dont il tenait la tête d’affiche ne sortaient plus dans les salles obscures, mais cela ne l’empêchait pas de tourner, tel un stakhanoviste de la série Z, enchaînant les nanars – parfois goutus – au rythme de deux à trois par an. Nicolas Cage a donc enchainé rien de moins qu’une quarantaine de films ces dix dernières années, et à l’exception de Snowden dans lequel il faisait une apparition en 2016, aucun d’entre eux n’était sorti en France depuis Joe en 2014.

L’absence de Nicolas Cage sur le grand écran a créé un manque tellement profond qu’on en avait finalement été amenés à réhabiliter certains mauvais films dans lesquels il avait joué entre 2008 et 2012, essentiellement en raison du plaisir ressenti à voir l’acteur exprimer son talent dans de « vrais » films de cinéma, et non dans d’obscurs DTV tournés à la chaine dans les pays de l’Est. C’est en cela que Pig revêt une importance presque « historique » pour les amateurs du jeu volontiers halluciné de Nicolas Cage. Car en dépit de sa nature de film indépendant, Pig est sorti dans les salles américaines.

Et surtout, Pig est également bel et bien sorti dans les salles françaises, en octobre 2021 – dans un circuit limité de 42 salles, où il n’a finalement attiré qu’un peu plus de 16.000 spectateurs. Mais il s’agissait peut-être là de la petite impulsion dont avait besoin l’acteur pour retrouver le cœur du public. D’ailleurs, la sortie de Pig dans les salles n’était qu’un galop d’essai, puisqu’un autre film mettant en scène Nicolas Cage sortira le 20 avril : il s’agit de la comédie Un talent en or massif, dans laquelle l’acteur semble faire preuve de beaucoup d’autodérision en incarnant son propre rôle à l’écran.

En attendant, Metropolitan Vidéo nous propose une petite séance de rattrapage avec le Blu-ray de Pig : l’occasion parfaite pour le public de découvrir une œuvre unique et exigeante, n’étant jamais réellement là où on l’attend. Avec son intrigue suivant un ermite à la recherche de son cochon, le film de Michael Sarnoski a dû être un véritable casse-tête pour les responsables marketing ayant eu pour mission de le « vendre » aux spectateurs. Car Pig ne s’apparente à aucun genre en particulier, ne rentre dans aucune « case » prédéterminée.

On aurait pu l’annoncer à la manière d’un thriller, ou d’un film de vengeance à la John Wick, vous savez, genre « ILS N’AURAIENT PAS DÛ S’EN PRENDRE À SON COCHON » ou « ILS LUI ONT VOLÉ SON COCHON, MAINTENANT ILS VONT PAYER ». Mais cela serait mentir sur la véritable nature de Pig : le scénariste / réalisateur Michael Sarnoski n’est pas forcément attiré par les mécanismes du cinéma d’action, même s’il joue en partie sur certains d’entre eux, s’amusant des attentes du spectateur en la matière. Ainsi, malgré le point de départ assez décalé – voire même saugrenu – du film, Sarnoski prend la direction d’un premier degré dont il ne déviera jamais, développant autour de la recherche de ce cochon volé une atmosphère profondément dramatique, creusant en chemin la psychologie de plusieurs personnages brisés par la vie, ayant en commun le fait de n’être jamais réellement parvenus à surmonter le chagrin généré par les épreuves que la vie leur a réservé.

Drame de la solitude et de l’isolement, Pig parvient à communiquer au spectateur l’amour profond liant Rob et son cochon, avec qui il vit seul, reclus au milieu des bois. Les premières séquences du film parviennent à nous montrer que ces deux « animaux » asociaux se comprennent sans échanger un mot, et prennent soin l’un de l’autre. Rapidement, l’absurdité supposée du pitch s’efface complètement, et au fil des rencontres entre Rob et le reste du monde, les contours d’une vision du monde se dessinent finalement peu à peu, pessimiste dans les premiers temps, puis s’ouvrant peu à peu vers plus de lumière et d’humanité.

Avec Pig, Michael Sarnoski procède par petites touches, soufflant sans cesse le chaud et le froid, donnant tantôt au spectateur ce qu’il s’attendait à voir, se dirigeant tantôt dans la direction opposée. Ce va-et-vient narratif est une des grandes forces du film : l’histoire du personnage se dessinera peu à peu, en conservant des zones d’ombre, et la profondeur du jeu couplé de Nicolas Cage et Alex Wolff (Hérédité) fera le reste, permettant d’ailleurs à Pig d’atteindre de véritables sommets d’intensité et d’émotion, notamment dans son dernier acte.

Révélation d’un grand cinéaste et devenir, et véritable chef d’œuvre dans son genre, Pig mérite de fait d’être découvert par le plus grand nombre. D’ailleurs, le film de Michael Sarnoski a reçu des critiques globalement très positives de par le monde. Aux États-Unis, sur l’agrégateur critique Rotten Tomatoes, le film affiche un score de 97% d’opinions favorables pour 253 critiques, et une note moyenne de 8,2⁄10. Un sacré consensus pour ce qui s’impose sans le moindre doute comme l’un des meilleurs films de l’année 2021.

Le Blu-ray

[4,5/5]

Inédit dans les autres pays du monde, le Blu-ray de Pig édité par Metropolitan Vidéo fait honneur à l’audace du film, et envoie le bois niveau visuel, avec un master sublime, un grain superbement préservé et des couleurs naturelles. Le piqué, le niveau de détail et surtout la profondeur de champ ont également été tout particulièrement soignés, et subliment littéralement le travail de Michael Sarnoski et de son chef opérateur Patrick Scola. Côté son, et comme souvent avec Metro, VF et VO sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 5.1 proposant un excellent confort d’écoute et un dynamisme assez surprenant, même si le film ne se prête certainement pas à la démo technique. Du beau travail.

Rayon suppléments, on commencera tout d’abord avec un entretien avec Michael Sarnoski (17 minutes). Le scénariste / réalisateur de Pig y reviendra tout d’abord sur les aspects les plus personnels de son sujet, avant d’évoquer la grande préparation de Nicolas Cage ainsi que sa prestation. Il évoquera par la suite quelques scènes en particulier, l’importance de la ville de Portland, et terminera sur les éléments marketing ayant été choisis pour promouvoir le film. On continuera ensuite avec deux leçons de cuisine avec Nicolas Cage : il apprendra tout d’abord à préparer une tarte aux trois champignons (20 minutes), puis un pigeon aux pommes Anna (18 minutes). L’ensemble est très agréable à suivre, notamment grâce à la personnalité de l’acteur, qui y ira de quelques rires francs. Le passage de l’éviscération du pigeon à « deux doigts » est probablement le plus amusant du lot. On trouvera également une poignée de scènes coupées (7 minutes), probablement écartées du montage final pour des problèmes de rythme. Enfin, l’éditeur nous proposera une poignée de bandes-annonces « Starring Nicolas Cage » : Pig, La Sentinelle, Bad Lieutenant – Escale à la Nouvelle Orléans, Dog eat Dog, Hell Driver, Le Casse, Kick-Ass et Le dernier des Templiers. On vous les conseille tous, sauf un : à vous de trouver lequel.

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