Critique Express : La campagne de France

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La campagne de France

France : 2021
Titre original : –
Réalisation : Sylvain Desclous
Scénario : Sylvain Desclous
Distribution : The Jokers / Les Bookmakers
Durée : 1h38
Genre : Documentaire
Date de sortie : 9 mars 2022

3/5

Synopsis : En Indre-et-Loire, le petit village de Preuilly-Sur Claise va élire son nouveau maire. Ils sont trois sur la ligne de départ : Jean-Paul le vétéran, Patrick l’outsider et le « jeune » Mathieu. Fantasque et intrépide, ce dernier a une pièce maîtresse dans sa liste : Guy, un vieux briscard de la politique. Ensemble, ils vont tenter de déjouer tous les pronostics… 

Trois listes en compétition

La campagne de France : un titre énigmatique, qui peut avoir moult significations, n’est-ce pas ! Espérons que vous ne soyez pas marri que la signification de ce titre se trouve ici divulgâchée : il s’agit tout simplement d’un documentaire consacré à la campagne pour les élections municipales de 2020 dans un bourg campagnard. Ce bourg, c’est Preuilly-sur-Claise, au sud du département de l’Indre-et-Loire, 12 km2, 1004 habitants au recensement de 2019, traversé par la D725, ex RN725, un axe routier est-ouest important avec une grosse circulation de gros camions. Preuilly-sur-Claise, c’est aussi le village du grand-père de Sylvain Desclous, le réalisateur de Vendeur, un long métrage sorti en 2016 avec Gilbert Melki et Pio Marmaï. Après avoir terminé en 2019 La peau dure, un moyen métrage consacré à Gérard, une figure de Preuilly-sur-Claise, Sylvain Desclous a ressenti l’envie de continuer à investir ce bourg et il s’est retrouvé en plein milieu d’un événement qui continue d’être important dans un tel contexte rural : l’élection municipale de 2020. Un maire sortant qui ne se représente pas, 3 listes en présence et, surtout, l’une d’entre elles qui réunit 2 figures cinématographiquement intéressantes : Mathieu Barthélémy, la tête de liste, et Guy Buret, une grande gueule locale, 3ème sur la liste. C’est le travail de cette liste que Sylvain Desclous va suivre en priorité tout au long de son film.

Liste se présentant comme apolitique, « Vivre et agir pour Preuilly » est donc menée par Mathieu Barthélémy, 38 ans, cheveux longs et front un peu dégarni. Bien qu’ayant fait son école primaire à Preuilly, Mathieu Barthélémy n’est pas une figure connue du bourg (le lien entre mon nom et mon visage n’est pas suffisamment établi, avoue-t-il) et il ne cesse de se présenter comme étant le fils du photographe, un homme que, par contre, tout le village connait car il a photographié tous les mariages. Mathieu a « fait » Normale Sup, il est entrepreneur-chercheur en Intelligence Artificielle et il ambitionne de créer une structure d’aide aux entreprises à Preuilly. Lors d’une interview par un journaliste local, il avoue en off se sentir plus proche des gilets jaunes que des « macronistes ». Pour épauler ce débutant en politique, il y a Guy Buret, vieux briscard comme il se présente lui-même, connu de tout le village, à la tête d’une liste en 2008 et en 2014, conseiller municipal sortant, un homme qui insiste sur le fait qu’il a toujours été de gauche et qu’il a toujours dit ce qu’il pensait. Mathieu et Guy, 2 hommes qui reconnaissent ne pas avoir d’autres points communs que ceux qu’ils ont en matière de politique.

Le travail des deux autres listes, « Unis pour Preuilly », menée par Jean-Paul Charrier, 73 ans, retraité de l’industrie, et « Partageons un nouvel horizon », menée par Patrick Cron, artisan à la retraite, est davantage survolé. Par contre, toutes les facettes d’une campagne électorale pour une élection municipale sont abordées, plus ou moins profondément : les rapports avec la presse locale, les rapports avec la communauté de communes qui a « kidnappé » la bonne eau du village, l’élaboration des programmes, avec un point important qui revient sans cesse chez les uns et chez les autres, celui d’une déviation permettant de mettre un terme à la noria de gros poids lourds traversant le village, la distribution des tracts électoraux, en direct avec les électeurs ou via leurs boites à lettres. Jusqu’au vote. Jusqu’à la proclamation des résultats. Le choix d’une équipe municipale, le choix d’un maire, dans un bourg de 1000 habitants, ce ne sont pas des événements politiques majeurs à l’échelon national, d’autant plus que la plupart du temps, dans ces villages, les listes se présentent comme étant apolitiques, mais, malgré la perte régulière des pouvoirs accordés aux maires au profit des communautés de communes, une perte dont sont bien conscients les 3 têtes de liste, c’est toujours un épisode de la vie démocratique de notre pays. C’est ce que nous montre, avec un certain bonheur, La campagne de France.

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