Test Blu-ray : Midsommar – Director’s cut

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Midsommar – Director’s cut

 
États-Unis, Suède, Hongrie : 2019
Titre original : –
Réalisation : Ari Aster
Scénario : Ari Aster
Acteurs : Florence Pugh, Jack Reynor, Vilhelm Blomgren
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 2h51
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 31 juillet 2019
Date de sortie DVD/BR : 2 décembre 2019

 

Dani et Christian sont sur le point de se séparer quand la famille de Dani est touchée par une tragédie. Attristé par le deuil de la jeune femme, Christian ne peut se résoudre à la laisser seule et l’emmène avec lui et ses amis à un festival qui n’a lieu qu’une fois tous les 90 ans et se déroule dans un village suédois isolé. Mais ce qui commence comme des vacances insouciantes dans un pays où le soleil ne se couche pas va vite prendre une tournure beaucoup plus sinistre et inquiétante…

 


 

Le film

[5/5]

On a découvert Ari Aster l’année dernière avec Hérédité, un film d’horreur aux partis pris esthétiques tellement radicaux qu’il a, lors de sa sortie, largement divisé la communauté des amateurs de cinéma fantastique à travers le monde. Très froid et intellectuel, ce premier film n’en proposait pas moins une approche du genre pour le moins viscérale, qui en a fait pour beaucoup de cinéphiles le meilleur film découvert sur grand écran durant l’année 2018.

Un an plus tard, Ari Aster remet le couvert avec Midsommar, une nouvelle œuvre qui, sous ses atours d’hommage appuyé à Robin Hardy et à son diptyque The wicker man / The wicker tree, reprend beaucoup d’éléments marquants de son premier film. On y retrouve la même distance étrange liée au fait que le cinéaste semble poser et étudier ses personnages à la manière de souris de laboratoire. Ces derniers évoluent au sein d’un microcosme miniature (une communauté perdue au cœur de la Suède profonde), milieu clos dont ils ne peuvent s’échapper, et ce qui les entoure constituera une série d’épreuves conçues de manière à étudier leurs réactions ; ils seront donc confrontés à la douleur et à l’horreur, et leurs exacerbés sentiments jusqu’à la folie. Fascinante, l’expérience reprend par ailleurs quelques motifs déjà aperçus dans Hérédité : on y retrouvera cet attachement pour l’hystérie féminine, spectaculaire, qui se muera durant la dernière bobine en hystérie collective, au moment où l’héroïne prendra le parti d’extérioriser sa douleur plutôt que de somatiser. Formellement, on retrouvera aussi les travellings époustouflants, cadrés au millimètre près, qui faisaient partie de l’indicible charme de son premier long-métrage, de même que le motif de l’autel triangulaire servant au final pour le film, ou encore la fascination pour les flammes, symbole de purification par excellence.

Midsommar est par ailleurs construit sur le même rythme lent, Ari Aster prenant indéniablement le temps de poser son cadre et ses personnages, dont la psychologie est abordée avec une subtilité et un sens de l’observation toujours aussi remarquables. C’est d’autant plus flagrant ici que le « director’s cut » que nous propose de découvrir Metropolitan Vidéo prolonge le plaisir avec un montage de presque trois heures, qui fascinera immanquablement les uns et ennuiera profondément les autres. Il est vrai cela dit que dès les premières minutes du film et la rencontre entre Dani (Florence Pugh) et Pelle (Vilhelm Blomgren), le spectateur habitué du cinéma de genre comprend exactement dans quelle direction Ari Aster va nous emmener, et le film ne déviera jamais réellement de sa trajectoire : tout ce qui devait arriver arrivera bel et bien, et quelles que puissent être leurs décisions au fil du récit, le destin de chaque personnage semble déjà écrit, scellé à l’avance, ce qui remet également sur le tapis la notion de destin, tragique et inévitable, qui était déjà également au centre d’Hérédité. Certains spectateurs pourront dès lors arguer du manque de surprises au cœur du nouveau film d’Ari Aster, dans le sens où malgré les trois heures de film, le destin de chacun des protagonistes du récit demeure tout à fait prévisible.

Cela dit, affirmer que Midsommar ne proposera pas, en chemin, quelques surprises de taille serait mentir. De plus, on tend à se dire qu’avec Ari Aster, ce n’est pas tellement la « destination » qui compte, mais bel et bien plutôt le « voyage », la façon dont le film va cheminer pour aller d’un point A à un inévitable point B. Et comme le cinéaste n’a pas son pareil pour instaurer une ambiance fascinante, à la fois oppressante et hypnotique, on aurait tendance à penser qu’Ari Aster c’est un peu l’Orient Express du cinéma de genre contemporain. La preuve en est qu’au bout de presque trois heures de métrage, quand arrive le générique de fin, on n’a finalement qu’une seule envie : revoir le film au plus vite…

 

 

Le Blu-ray

[5/5]

Les galettes Blu-ray éditées par Metropolitan Vidéo se suivent et se ressemblent côté qualité : rodé à l’encodage HD depuis de nombreuses années maintenant, l’éditeur nous prouve, disque après disque, sa maîtrise incontestée du support. L’image de Midsommar ne fait pas exception à la règle, avec un piqué d’une belle précision, des couleurs naturelles et éclatantes, et des noirs globalement bien gérés. La définition ne pose par ailleurs pas le moindre souci, et les contrastes sont indéniablement soignés, même s’ils manquent peut-être occasionnellement un peu de mordant. Cela dit, la douceur éthérée que prend par moments l’ensemble est probablement une des caractéristiques formelles recherchées par le directeur photo du film, Pawel Pogorzelski, qui avait déjà collaboré avec Ari Aster sur Hérédité. Côté enceintes, VF et VO sont encodées dans des mixages DTS-HD Master Audio 5.1 immersifs et dynamiques, multipliant les effets spectaculaires, dont l’impact bien bourrin est encore renforcé par des basses omniprésentes.

Côté suppléments, l’éditeur nous propose tout d’abord une sacrée exclusivité : la possibilité de voir le film dans sa version DIRECTOR’S CUT, d’une durée de 2h51 au lieu de 2h27 dans les salles, en VOST uniquement. Les plus curieux poursuivront ensuite avec un très intéressant making of (25 minutes) revenant sur la genèse du projet aux côtés d’Ari Aster et des acteurs du film. Aster y reviendra sur la filiation entre Hérédité et Midsommar (deux films traitant de la famille et de la co-dépendance), les propos de l’équipe seront entrecoupés d’images du tournage ; on y abordera également l’intrigue, les personnages, la création du village ou encore l’attachement à recréer un environnement crédible, qu’il s’agisse des coutumes ou des costumes. On poursuivra ensuite avec un sujet très original et assez hypnotique : il s’agit de plans fixes et muets suivant, en accéléré, la construction du village servant de cadre au film (33 minutes). On terminera avec le teaser du film et les traditionnelles bandes-annonces.

 

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