Test Blu-ray : Men

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Men

Royaume-Uni : 2022
Titre original : –
Réalisation : Alex Garland
Scénario : Alex Garland
Acteurs : Jessie Buckley, Rory Kinnear, Paapa Essiedu
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h40
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 8 juin 2022
Date de sortie DVD/BR : 21 octobre 2022

Après avoir vécu un drame personnel, Harper décide de s’isoler dans la campagne anglaise, en espérant pouvoir s’y reconstruire. Mais une étrange présence dans les bois environnants semble la traquer. Ce qui n’est au départ qu’une crainte latente se transforme en cauchemar total, nourri par ses souvenirs et ses peurs les plus sombres…

Le film

[4/5]

Attention, attention, film de taré en approche, impact dans 5… 4… 3… 2… 1… Boom. Voilà donc le spectateur tranquillement installé devant Men, le petit dernier d’Alex Garland, qui s’était fait remarquer avec Ex Machina en 2015, puis avec Annihilation en 2018. Abandonnant pour un temps la science-fiction, Alex Garland fait ici le choix d’aborder l’horreur par le prisme d’un mythe folklorique, celui dit de « L’Homme vert » (Green Man), qu’il saupoudre d’une bonne dose de symbolisme post-#MeToo. Comme les films précédents de Garland, Men s’impose comme un film-labyrinthe, un film-puzzle laissant au spectateur seul le soin de réunir les pièces et de les agencer dans le bon sens.

Grand film de taré, nous donnant à voir un climax absolument dingue alliant le gore très graphique et le Body Horror à la David Cronenberg, Men pourra de fait donner naissance à des interprétations très différentes, et possiblement antithétiques. On veut dire par là que s’il semble clair que le film met en évidence certaines thèses post-#MeeToo concernant ce qu’on appelle aujourd’hui la « masculinité toxique », le fait qu’Alex Garland et son film adhère à ces thèses n’est en revanche peut-être pas aussi évident.

Les premiers indices des thèses avancées par Men apparaissent dans la séquence post-introduction, et alors qu’Harper (Jessie Buckley) débarque dans la maison de campagne qu’elle vient de louer. Après avoir remarqué le pommier au milieu du jardin, elle ramasse, telle une Eve des temps modernes, une pomme qu’elle s’empresse de croquer. Cette référence au péché originel n’est pas innocente, et souligne le fait que la femme est toujours à l’origine des malheurs de l’humanité, comme viendront par la suite le confirmer les flashbacks liés à la première séquence qui apparaitront tout au long de l’histoire. Par la suite, et au rythme de séquences foutument anxiogènes (on n’est jamais loin du concept Freudien d’inquiétante étrangeté, das Unheimliche), un certain nombre de personnages secondaires du village voisin sont introduits, tous de sexe masculin, et tous interprétés par Rory Kinnear, plus ou moins dissimulé sous diverses couches de maquillage et/ou de CGI.

Cela introduit évidemment, au moins de manière subliminale, l’idée que le personnage joué par Rory Kinnear au cœur de Men est l’incarnation d’un archétype, celui du genre masculin : n’avez-vous donc jamais entendu une femme dire que « les mecs sont tous les mêmes ? ». Pour autant, la nature du regard que porte Alex Garland sur « l’homme » n’est peut-être pas aussi caricaturale. En effet, dans sa deuxième moitié, l’apparition de l’Homme vert au cœur de l’intrigue de Men permettra à Alex Garland de diriger sa narration vers une sorte d’abstraction poétique qui montera crescendo jusqu’à un final complètement fou qui révélera la véritable nature des hantises de son personnage central. Parallèlement, le scénariste / réalisateur pose au cœur de son quelques jalons qui remettront régulièrement en question l’objectivité de Harper. Le fait que cette dernière ne fasse plus de différence entre les différents représentants de la gent masculine mais les identifie au contraire à une seule et même représentation n’est-il pas le signe que la peur à laquelle elle se trouve confrontée n’a pas lieu d’être, et pourrait se résumer à une paranoïa dénuée de fondement ?

Dans le sens où la narration de Men s’apparente à une espèce de « voyage mental » qui mènera l’héroïne à faire la paix avec elle-même – dans un tourbillon de gore bien dégueu et Grand-Guignolesque – dans la séquence finale, on serait bien tentés de voir dans le nouvel opus d’Alex Garland non pas une simple allégorie féministe, mais plutôt une critique douce-amère des relations de méfiance, de peur – voire même de détestation – s’étant instaurées entre hommes et femmes depuis le scandale #MeToo.

Le Blu-ray

[4/5]

Comme d’habitude avec Metropolitan Vidéo, le Blu-ray de Men est proposé dans un écrin Haute-Définition du tonnerre, rendant justice à la fois au support et au boulot d’Alex Garland et son équipe sur l’image et le son du film. Piqué précis, niveau de détail épatant, couleurs éclatantes, profondeur de champ remarquable… il n’y a pas grand chose à redire, c’est du beau travail. Côté son, la version française ainsi que la version originale nous sont proposées en DTS-HD Master Audio 5.1, et l’ensemble nous propose une immersion du tonnerre : finement et habilement spatialisée, elle nous emporte littéralement au cœur du film, avec des effets dans tous les sens et le renfort régulier du caisson de basses.

Côté interactivité, on trouvera un intéressant making of (24 minutes) qui nous donnera à voir quelques images volées sur le tournage, ainsi de petits entretiens avec Alex Garland, Jessie Buckley et Rory Kinnear. Ces derniers y reviendront sur le scénario du film ses thématiques, mais également sur les personnages, les décors et les effets spéciaux. On terminera le tour des suppléments avec une poignée de bandes-annonces.

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