Test Blu-ray : L’homme de l’Arizona

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L’homme de l’Arizona

États-Unis : 1957
Titre original : –
Réalisation : Budd Boetticher
Scénario : Burt Kennedy, Elmore Leonard
Acteurs : Randolph Scott, Richard Boone, Maureen O’Sullivan
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h17
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 2 avril 1957
Date de sortie DVD/BR : 15 septembre 2020

Pat Brennan prend la diligence en compagnie des jeunes mariés Willard et Doretta. Lors d’un arrêt, les passagers tombent aux mains de trois hors-la-loi. Lorsque leur chef apprend que Doretta n’est autre que la fille d’un riche propriétaire de mine, il décide de demander une rançon pour sa libération. La tension monte durant les 24 heures qui suivent dans l’attente de la réponse. Dans le même temps, Doretta est loin d’être insensible à Pat…

Le film

[4/5]

Au sein de la communauté des amateurs de westerns, le nom de Randolph Scott remue toujours forcément quelques chaleureux souvenirs. On ne compte plus en effet ses collaborations avec les plus grands noms de l’Ouest cinématographique : d’André De Toth à George Waggner en passant par Ray Enright, John Sturges ou Sam Peckinpah, il a longtemps fait figure de héros de western typique des années 50. Durant les dernières années de sa carrière d’acteur, il incarnerait le héros du « cycle Ranown » (de la société Ranown Pictures), qui désigne en fait ses sept collaborations avec le cinéaste Budd Boetticher : Sept hommes à abattre, L’homme de l’Arizona, Le vengeur agit au crépuscule, L’aventurier du Texas, La chevauchée de la vengeance, Le courrier de l’or et Comanche Station. Ces films ont été tournés sur une période restreinte de cinq ans, entre 1956 et 1960, et sont de nos jours entrés dans l’Histoire du western, aux côtés des chefs-d’œuvre de John Ford ou d’Anthony Mann.

Très représentatif de la qualité en vigueur au cœur du « cycle Ranown », L’homme de l’Arizona s’avère un merveilleux petit western, aux allures de film mineur, mais en réalité bien plus intéressant qu’on ne pourrait le penser. Dotés d’un budget assez restreint, d’un casting seulement composé de quelques acteurs solides et bien dirigés, L’homme de l’Arizona déroule son scénario linéaire mais implacable en prenant le soin de développer la psychologie de ses différents personnages : du côté des « gentils », on aura Randolph Scott dans la peau de Pat Brennan, et Maureen O’Sullivan dans celle de l’héritière et jeune mariée Doretta Mims.

Si Richard Boone est parfait dans les frusques du chef des bandits, il n’en est pas pour autant présenté par le scénario – écrit par Burt Kennedy et Elmore Leonard – comme un être fondamentalement mauvais, mais plutôt comme un gars comme les autres, plutôt sympa au demeurant, ayant juste choisi une autre voie pour financer sa ferme. Mais le film n’en est pas pour autant dénué de personnages franchement antipathiques : il y a bien sûr les deux acolytes de Richard Boone : Skip Homeier dans le rôle de Billy Jack, le jeune puceau ayant la nouille qui le démange, et Henry Silva dans le rôle de Chink, un jeune chien fou acharné de la gâchette et volontiers adepte de l’humour noir (« il va y en avoir du monde dans ce puits ! »). Mais on n’oublie pas John Hubbard qui incarne un jeune marié arriviste – et qui s’avère sans nul doute encore plus antipathique dans son comportement que les bandits qui le retiennent en otage.

Côté mise en scène, Budd Boetticher évite certes la violence graphique frontale, mais certaines scènes, telles que celle de la mort de Billy Jack, s’avèrent remarquablement efficaces. De la même façon, le sort réservé au patron du relais et à son fils est particulièrement abject… C’est d’autant plus surprenant que la première partie de L’homme de l’Arizona s’avère bon enfant et plutôt amusante : elle mettait en scène avec décontraction le personnage principal, venu acheter un taureau mais qui finira, par malchance, par rentrer bredouille et sans cheval – le contraste avec ce qui suivra n’en sera que plus brutal… Un sacré western !

Le Blu-ray

[4,5/5]

Après une première édition en 2010, L’homme de l’Arizona revient en Blu-ray sous les couleurs de Sidonis Calysta, toujours dans la collection « Western de légende ». Le film de Budd Boetticher a bénéficié d’une belle restauration, et la galette affiche une définition précise, un piqué et un niveau de détail très précis, tout en conservant un grain argentique d’origine assez accentué. Les couleurs sont naturelles et assez belles. La gestion des noirs et des contrastes est globalement satisfaisante, même si les noirs manquent un peu de tranchant sur certains passages. Les plans à effet marquent évidemment de nettes baisses de définition. Côté son, l’éditeur nous propose deux misages DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine, en VF et en VO : tous deux sont parfaitement clairs, sans souffle, autant dire tout à fait satisfaisants.

Côté suppléments, Sidonis Calysta nous offre un ensemble très complet de bonus passionnants, la plupart étant cela dit recyclés du DVD de 2010, mais boostés en Haute-Définition. On commencera avec un documentaire sur Budd Boetticher (Budd Boetticher : An american original, 49 minutes), originellement diffusé en 4/3 à la TV, et présenté ici recadré et upscalé. Passionnant, ce long documentaire nous proposera des interventions de certains cinéastes très connus, tels que Peter Bogdanovich, Clint Eastwood ou encore Quentin Tarantino, qui dresseront un intéressant portrait du cinéaste. On retrouvera également la présentation de l’œuvre de Budd Boetticher (23 minutes) et la présentation de L’homme de l’Arizona (19 minutes), les deux assurées par Bertrand Tavernier. Le réalisateur de Coup de torchon nous explique notamment que beaucoup des films de Boetticher étaient inédits en France et qu’il avait du les voir en Belgique, et avait signé pour les Cahiers du Cinéma un entretien « trans-océanique » avec le cinéaste, qui était alors enfermé en prison au Mexique. Dans sa présentation du film, il reviendra sur le scénario de Burt Kennedy, qui s’oppose complètement à celui de Sept hommes à abattre, avec un récit qui commence de façon détendue, avec un Randolph Scott souriant, mais qui continuera dans une espèce de transposition de Film Noir dans l’univers du western. On n’échappera pas non plus à la traditionnelle présentation du film par Patrick Brion (8 minutes), au cœur de laquelle il remettra le film dans son contexte historique, et reviendra sur l’aspect ramassé et psychologique du film, avec des personnages riches en zones d’ombre. Il citera quelques propos de Budd Boetticher tirés d’une interview dans Positif. On enchaînera ensuite avec une présentation du film par Martin Scorsese (6 minutes), qui évoquera sa découverte du film à l’âge de 11 ans, et les mutations que subissait le western à cette époque. Très intéressant ! On terminera le tour de ces passionnants suppléments avec la traditionnelle bande-annonce du film.

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