Test Blu-ray : L’esprit de Caïn

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L’esprit de Caïn

 
France : 2016
Titre original : –
Réalisateur : Brian De Palma
Scénario : Brian De Palma
Acteurs : John Lithgow, Lolita Davidovich, Steven Bauer
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h32
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 30 septembre 1992
Date de sortie DVD/BR : 28 mars 2017

 

 

Le docteur Carter Nix est un pédopsychiatre réputé qui décide d’abandonner sa carrière pour mieux pouvoir élever la fille qu’il a eu avec Jenny, elle-même médecin. Cette dernière se montre concernée par l’obsession grandissante que son mari porte à l’éducation de leur enfant, jusqu’à commencer à douter de la santé mentale de l’homme qu’elle a épousé et qu’elle croit connaitre…

 

 

Le film

[4,5/5]

Véritable génie pour les uns, formaliste imposteur aux allures de sous-Argento pour les autres, Brian De Palma divise les cinéphiles depuis de nombreuses années. C’est d’autant plus le cas quand ce dernier décide d’œuvrer dans « l’auto-référence », recyclant ses obsessions néo-Hitchcockiennes dans des œuvres en forme d’exercices de style telles que L’esprit de Caïn (1992) ou Femme fatale (2002), qui fascineront les uns et agaceront prodigieusement les autres.

L’esprit de Caïn a tout en effet de l’œuvre « somme », du catalogue quasi-exhaustif des thèmes et motifs qui peuplent la filmographie de De Palma : le voyeurisme, qui s’exprime à travers l’obsession des écrans, du fait de voir sans être vu, des reflets également, le thème du « double » qui en découle presqu’inévitablement, le travestissement, la sexualité réprimée, les pulsions et la culpabilité… Le tout étant délivré sans complexe par un cinéaste au sommet de sa maitrise formelle, qui nous livre une série de séquences monumentales, très marquées de sa « patte » inimitable, des ralentis qui n’en finissent pas aux plans-séquences virtuoses, en passant par les passages quasiment kitsch, développant un érotisme soft aux plans photographiés par son complice de toujours Stephen H. Burum dans un esprit lorgnant ouvertement sur David Hamilton. Au diapason de son collaborateur, l’éternel Pino Donaggio se laissera également aller à une composition à nouveau extraordinaire, slalomant entre la guimauve la plus sirupeuse, aux voix susurrées plus que chantées, et les cordes grandioses et terrifiantes. Brian De Palma y va d’ailleurs volontiers des clins d’yeux appuyés à sa propre filmographie – la scène des escaliers qui fait écho à celle des Incorruptibles, les mélodies entourant Lolita Davidovich qui évoquent forcément Body double, la scène d’ascenseur citant sans vergogne Pulsions

Par conséquent, L’esprit de Caïn fera office de plaisir doux et sucré pour les amoureux du cinéaste, qui parvient une fois de plus à trouver un équilibre parfait entre le ridicule et le sublime, au cœur d’un film aussi manipulateur que fascinant, qui gagne encore en force avec le « re-cut » proposé par Elephant Films sous l’appellation un peu trompeuse de « director’s cut ». Car même s’il est basé sur le scénario original de De Palma, et que ce brillant montage, développant toute la première partie du film autour du personnage de Lolita Davidovich en lieu et place de celui de John Lithgow, a obtenu l’aval du réalisateur, il s’agit tout de même d’un travail de montage dont la paternité doit être attribuée non pas à De Palma mais bien au néerlandais Peet Gelderblom, qui a remis en ordre les pièces du puzzle et reconstitué le brillant jeu du cinéaste autour de la perception que peut avoir le spectateur des images qu’il lui donne à voir, faisant sans cesse la grand écart entre réalité et illusion.

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

Le film de Brian De Palma débarque donc en Blu-ray sous les couleurs d’Elephant Films, qui nous propose de découvrir en Haute-Définition à la fois la version « cinéma » du film découverte en 1992, mais également le « Re-cut » évoqué quelques lignes plus haut. Le résultat est à la hauteur de nos attentes : l’image est débarrassée de toute tache ou poussière, d’une stabilité impeccable et définition et piqué sont littéralement excellents. Le transfert respecte par ailleurs à la lettre le grain argentique du film, qui a été préservé, et l’encodage ne nous réserve aucune mauvaise surprise. Côté son, les deux mixages (VF/VO) encodés en DTS-HD Master Audio 2.0 proposent des dialogues dynamiques et bien équilibrés.

Du côté des suppléments, le Blu-ray de L’esprit de Caïn comporte, en plus de la traditionnelle galerie de photos, une intéressante présentation du film par Stephane Du Mesnildot (Les Cahiers du Cinéma), qui s’est également occupé de la rédaction du livret de 20 pages consacré au film, et intitulé L’esprit de Cain : un film labyrinthe. Sur le Blu-ray comportant le nouveau montage du film, on trouvera également deux featurettes sur le remontage du film, expliqué par Peet Gelderblom.

 

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