Test Blu-ray : Le soleil des voyous

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Le soleil des voyous

France, Italie : 1967
Titre original : –
Réalisation : Jean Delannoy
Scénario : Alphonse Boudard, Jean Delannoy
Acteurs : Jean Gabin, Robert Stack, Margaret Lee
Éditeur : Coin de mire Cinéma
Durée : 1h42
Genre : Policier, Action
Date de sortie cinéma : 31 mai 1967
Date de sortie DVD/BR : 4 décembre 2020

Denis Farrand est un homme tranquille et riche, propriétaire d’un café, d’un garage et d’une auberge luxueuse. Il jouit de la considération générale de la ville. Pourtant dans sa jeunesse, il était Denis “le fignoleur”, un truand rusé et audacieux. Pour l’amour de Marie-Jeanne qu’il a épousée, il s’est rangé définitivement. En face de son bar, se trouve une banque. Toutes les fins de mois, lorsque Denis reste pour faire ses comptes, il peut voir le convoi qui vient chercher la paye du centre nucléaire de Farville. Alors Denis rêve… petit à petit il échafaude le coup qu’il aurait monté dans sa jeunesse…

Le film

[4/5]

Le soleil des voyous est un film de casse reprenant de manière décontractée tous les ingrédients du film policier à la française tel qu’il fut pérennisé par la plume de Michel Audiard. Bien entendu, les dialogues du film signés Alphonse Boudard n’ont sans doute ni le sens de la formule ni l’Art de toujours toucher juste d’Audiard, mais ils sont solides, et servent parfaitement l’intrigue sobre et classique développée par le scénario de Jean Delannoy. Cette dernière tourne autour du « dernier coup » organisé par un ancien truand incarné par Jean Gabin et un de ses amis de jeunesse interprété par Robert Stack.

Le soleil des voyous suit donc un schéma narratif assez classique, proposant au spectateur d’assister dans un premier temps à la mise en place maniaque du cambriolage, qui sera détaillée avec soin par Jean Delannoy. Habile et faisant preuve d’un sens aigu du suspense, le cinéaste ne laisse pas de place au hasard, peaufinant la préparation de façon minutieuse, et détaillant les personnages et leurs réactions aux imprévus, notamment lorsqu’une gourgandine mal intentionnée (Margaret Lee) leur force la main pour entrer dans la combine et avoir sa part du gâteau : « Avec une gonzesse dans le coup ? Ah ben merde alors, autant faire la valoche tout de suite et puis rentrer à Fresnes ! » Sans vouloir être misogyne, la suite du film lui donnera d’ailleurs tout à fait raison.

La scène de braquage en elle-même, découpée en plusieurs étapes soigneusement répétées dans le premier acte par les personnages du film, nous offrira par ailleurs quelques excellents moments de suspense, au fur et à mesure que le cinéaste nous détaille le déroulement du casse, tout autant qu’il insiste sur le modus operandi de Gabin et Stack, professionnels, méthodiques, silencieux. Le dernier acte du Soleil des voyous – après le casse – sera en revanche placé sous le signe d’un plan ne se déroulant pas vraiment comme prévu : trahisons et coups de poignard dans le dos se succéderont jusqu’à un final pas forcément attendu au départ…

Co-production France / Italie oblige, Le soleil des voyous marque également une nette inclinaison pour les scènes musclées : on note en effet plusieurs efficaces scènes de poursuite et/ou de bagarre, et même une surprenante scène de torture au chalumeau. Bien sûr, cette dernière n’affiche ni la frontalité ni la violence des films qui seraient tournés la décennie suivante, mais elle s’avère tout de même assez surprenante, dans le sens où il s’agit d’une scène d’un genre assez rare au sein du policier made in France à l’époque.

Curieusement peu connu au sein de la riche filmographie de Jean Gabin, Le soleil des voyous est pourtant un excellent et solide polar, sympathique et très attachant. Le duo formé à l’écran par Jean Gabin et Robert Stack, s’il laissait craindre le pire sur le papier, s’avère tout à fait convaincant. Leurs interactions fonctionnent bien, qu’il s’agisse des scènes durant lesquelles ils jouent les gros bras ou celles où ils partagent un repas. Le tout est également porté par les dialogues d’Alphonse Boudard, honnêtes et solides même si on regrette bien sûr qu’ils ne trouvent jamais l’impact des dialogues imaginés par le grand Audiard.

La collection « La séance »

Depuis l’automne 2018, l’éditeur Coin de mire Cinéma propose avec régularité au public de se replonger dans de véritables classiques du cinéma populaire français, tous disponibles au cœur de sa riche collection « La séance ». En l’espace de ces deux années de passion, le soin maniaque apporté par l’éditeur à sa sélection de films du patrimoine français a clairement porté ses fruits. Ainsi, Coin de mire est parvenu à se faire, en peu de temps, une place de tout premier ordre dans le cœur des cinéphiles français. L’éditeur s’impose en effet comme une véritable référence en termes de qualité de transfert et de suppléments, les titres de la collection se suivent et ne se ressemblent pas, prouvant à ceux qui en douteraient encore la richesse infinie du catalogue hexagonal en matière de cinéma populaire. Une telle initiative est forcément à soutenir, surtout à une époque où le marché de la vidéo « physique » se réduit comme peau de chagrin d’année en année.

Chaque titre de la collection « La séance » édité par Coin de mire s’affiche donc dans une superbe édition Combo Blu-ray + DVD + Livret prenant la forme d’un Mediabook au design soigné et à la finition maniaque. Chaque coffret Digibook prestige est numéroté et limité à 3.000 exemplaires. Un livret inédit comportant de nombreux documents d’archive est cousu au boîtier. Les coffrets comprennent également la reproduction de 10 photos d’exploitation sur papier glacé (format 12×15 cm), glissés dans deux étuis cartonnés aux côtés de la reproduction de l’affiche originale (format 21×29 cm). Chaque nouveau titre de la collection « La séance » s’intègre de plus dans la charte graphique de la collection depuis ses débuts à l’automne 2018 : fond noir, composition d’une nouvelle affiche à partir des photos Noir et Blanc, lettres dorées. Le packaging et le soin apporté aux finitions de ces éditions en font de véritables références en termes de qualité. Chaque coffret Digibook prestige estampillé « La séance » s’impose donc comme un superbe objet de collection que vous serez fier de voir trôner sur vos étagères.

L’autre originalité de cette collection est de proposer au cinéphile une « séance » de cinéma complète, avec les actualités Pathé de la semaine de la sortie du film, les publicités d’époque (qu’on appelait encore « réclames ») qui seront bien sûr suivies du film, restauré en Haute-Définition, 2K ou 4K selon les cas. Dans le cas du Soleil des voyous, il s’agit d’une restauration 2K réalisée par StudioCanal avec la participation du CNC.

La sixième vague de la collection « La séance » est disponible depuis le 4 décembre chez tous vos dealers de culture habituels. Les six nouveaux films intégrant la collection la portent aujourd’hui à un total de 37 titres. Les six films de cette « nouvelle vague » sont donc La chartreuse de Parme (Christian-Jaque, 1948), Le mouton à 5 pattes (Henri Verneuil, 1955), Le jardinier d’Argenteuil (Jean-Paul Le Chanois, 1966), Le soleil des voyous (Jean Delannoy, 1967), Le chat (Pierre Granier-Deferre, 1971) et La veuve Couderc (Pierre Granier-Deferre, 1971). Pour connaître et commander les joyaux issus de cette magnifique collection, on vous invite à vous rendre au plus vite sur le site de l’éditeur.

Le coffret Digibook prestige

[5/5]

On ne se lassera jamais de le répéter : les titres de la collection « La séance » édités par Coin de mire Cinéma nous sont proposés dans de superbes éditions, dont le tirage est qui plus est limité à 3000 exemplaires. Le coffret « Prestige » Blu-ray / DVD du Soleil des voyous ne déroge pas à la règle : il est purement et simplement superbe, et dénote d’une volonté forte de la part de l’éditeur de mettre en avant ce film méconnu, jusqu’ici uniquement disponible en DVD.

Côté master, on retrouve avec plaisir le soin apporté par l’éditeur à ses bébés : si certains plans « à effets » (fondus enchainés, mentions écrites) dénotent d’une légère baisse de définition, le reste du métrage affiche une belle pêche, avec un grain cinéma conservé et une définition et un piqué accrus : c’est une merveille. Côté son, le film est naturellement proposé en DTS-HD Master Audio 2.0 : la piste nous propose des dialogues clairs et sans souffle parasite. Le placement des voix par rapport à la musique jazzy de Francis Lai est efficace et sans fausse note. Des sous-titres à destination du public sourd ou malentendant sont également disponibles. On tire à nouveau notre chapeau à Coin de mire Cinéma.

Dans la section suppléments, l’éditeur nous propose comme d’habitude de « reconstituer » une séance de cinéma à l’ancienne dans la chaleur douillette de notre foyer. On commencera donc notre séance avec les Actualités de la 22ème semaine de 1967 (9 minutes). Le journal s’ouvre sur le 27ème salon aéronautique du Bourget, inauguré par le général De Gaulle, qui marqua la première rencontre entre les astronautes de l’Est et de l’Ouest. On continuera ensuite avec un sujet consacré aux voyages train auto + ferry à destination de la Corse, à la revue Spoutnik et à la finale du championnat de France de rugby à XV. Sans transition, on passera avec un retour sur la situation politique du Moyen-Orient depuis 1947, évoquant les différentes tensions en ayant finalement fait une véritable « poudrière ».

Après la bande-annonce du Jardinier d’Argenteuil, dont nous vous avons parlé il y a quelques jours à l’occasion de la sortie du film dans la collection « La séance », place aux publicités, avec la traditionnelle sélection de réclames de l’année 1967 (7 minutes). On commencera à se bâfrer avec un petit Bounty, pour enchaîner avec une pub pleine d’action à la Rémy Julienne pour les esquimaux Gervais et les bonbons Batna de chez Kréma. Place au rire ensuite avec une très amusante publicité pour le journal Pilote ainsi qu’avec les Majorettes de Paris vantant en musique les mérites de la Samaritaine. On terminera ensuite avec les suspensions Citroën, l’apéritif Dubonnet et le magasin Aux vêtements modernes, « au service de votre élégance », et les collants Dim, qui vous permettront de faire du vélo tranquilou.

On terminera enfin avec la bande-annonce du film. Pour connaître et commander les joyaux issus de cette magnifique collection, on vous invite à vous rendre au plus vite sur le site de l’éditeur.

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