Test Blu-ray : Le bazar de la charité

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Le bazar de la charité

France : 2019
Titre original : –
Création : Catherine Ramberg
Acteurs : Audrey Fleurot, Julie de Bona, Camille Lou
Éditeur : TF1 Studio
Durée : 7h00 environ
Genre : Série TV, Aventures, Historique
Date de sortie DVD/BR : 15 janvier 2020

Paris, 4 Mai 1897. Un incendie dévastateur détruit en quelques minutes le Bazar de la Charité, l’édifice abritant une manifestation caritative très courue, faisant plus de 120 morts ; essentiellement des femmes de la haute société et leur personnel. À cette occasion, trois femmes, Adrienne De Lenverpre, Alice De Jeansin, et sa bonne Rose Rivière voient leur destin bouleversé. Usurpation d’identité, amours interdites, changement radical de vie, émancipation, cette mini-série nous plonge dans la société parisienne de la fin du 19e siècle, en suivant le destin romanesque de ses trois héroïnes…

La saison

[4/5]

Dix ans après la « révolution » télévisuelle américaine, et la multiplication sur le petit écran de shows tellement ambitieux et soignés qu’ils n’ont littéralement plus rien à envier à la production cinématographique, il semble que la France se mette enfin à penser au-delà des limites un peu trop étriquées de la fiction télévisuelle telle qu’elle était envisagée chez nous dans les années 90/2000. Ainsi, après les séries produites et diffusées par Canal+ depuis quelques années (Braquo, Maison close, Le bureau des légendes…), et grâce au soutien de Netflix qui, décidément, compte bien montrer que l’on peut réellement changer la donne de nos jours en termes de télévision de qualité, c’est aujourd’hui TF1 qui se lance dans l’aventure de la série romanesque à gros budget avec Le bazar de la charité.

Pourtant, sur le papier, rien ne prédestinait forcément Le bazar de la charité à devenir l’événement télévisuel français de 2019 : la série a en effet été créée par deux habituées des productions TF1, Catherine Ramberg et Karin Spreuzkouski. Mais contre toute attente, le résultat s’avère enthousiasmant, à cent lieues des téléfilms et mini-séries habituellement proposés par la chaîne, tels que les médiocres adaptations des grands récits de la littérature française réalisés par Josée Dayan dans les années 90/2000. Si la reconstitution du Paris de la fin du XIXème siècle ne bénéficie certes pas du faste et de la minutie d’un film tel que L’empereur de Paris (que l’on aurait aimé voir décliné en série TV), l’ensemble a bénéficié de cinq mois de tournage et de la bagatelle de 17 millions d’euros de budget. Le résultat à l’écran s’avère assez bluffant, tout à fait satisfaisant. La scène de l’incendie, qui ferme le premier épisode de la série, s’avère réellement impressionnante, appuyant énormément sur son aspect « claustrophobique », et bénéficiant de plus de jolis moyens, en termes d’effets spéciaux que de mouvements de caméra, amples, immersifs, spectaculaires. Posant les bases de l’intrigue avec un beau talent pour la narration, les deux premiers épisodes sont ainsi absolument remarquables, rythmés et passionnants. Le récit ralentira un peu son rythme par la suite, mais chaque épisode apportant son lot de rebondissements, la saison se suivra avec un grand plaisir jusqu’à son dénouement qui, pour le coup, tend quant à lui à tirer un peu trop en longueur.

En choisissant d’aborder un événement souvent un peu oublié de l’Histoire de France, qui fut par ailleurs très peu traité au cinéma (mis à part dans La kermesse rouge en 1947), Le bazar de la charité fait le choix de l’originalité. Et si la série prend certes des libertés avec l’Histoire afin de coller aux standards de notre époque (tutoiement entre époux ou parents / enfants, mise en avant de trois personnages féminins forts et émancipés…), le fait est que la série fonctionne bien, et s’avère tout à fait ambitieuse dans son récit autant que dans sa tonalité, très éloignée de l’esprit TF1 tel que l’on se l’imaginait il y a ne serait-ce que quelques années.

Du côté des acteurs, le casting de la série produite par TF1 et Netflix est composé de têtes connues des amateurs de téléfilms français. Ainsi, le trio d’actrices principales sera constitué par Audrey Fleurot, Julie De Bona et Camille Lou, trois actrices travaillant essentiellement pour la télévision. A leurs côtés, on retrouvera Antoine Duléry, Florence Pernel, Aurélien Wiik, Stéphane Guillon ou Victor Meutelet, dont les carrières respectives se concentrent également principalement du côté de la TV. Malheureusement, cette brochette d’acteur marquera également les limites du show imaginé par Catherine Ramberg, dans le sens où leur jeu très influencé par le théâtre tend souvent à s’avérer un poil excessif. S’ils sont globalement bien dirigés par Alexandre Laurent, réalisateur « maison » de chez TF1 qui limite indéniablement les dégâts, leurs excès et leur tendance à surjouer les situations aura tendance à « sortir » le spectateur de la série pile aux moments d’émotion où l’intrigue aurait nécessité d’avantage d’immersion afin de nous toucher d’avantage. La « palme » – si l’on peut dire – ira à Stéphane Guillon, qui s’avère tellement à l’ouest dans ses intentions de jeu qu’on se demande vraiment si sa volonté première n’était pas de saborder la série, comme pour protester contre la faiblesse d’écriture concernant son personnage. Démarche de corbeau, bouche tordue, intonations décalées, on s’en demanderait presque à chacune de ses apparitions s’il ne sort pas d’un AVC, ou n’est pas sur le point d’en faire un devant la caméra. Nos excuses à sa famille si effectivement l’acteur a subi un AVC en 2019 – il conviendrait alors plutôt de saluer son courage. Bref, si les comédiens de la série constituent le point faible du Bazar de la charité, avec un brin de cynisme, et le succès de la série aidant, on est prêts à ouvrir les paris sur la présence de quelques-uns d’entre-eux au casting de la prochaine saison de « Danse avec les stars » à l’automne… Attention cela dit : certains acteurs s’avèrent tout de même excellents – on pense par exemple à Gilbert Melki, qui se régale dans la peau d’un méchant très cruel, à Theo Fernandez, dont on aime le flegme et le charisme un peu flou, ou encore à Josiane Balasko, qui fait preuve ici d’une remarquable sensibilité en grand-mère cabossée par la vie.

On notera par ailleurs que le succès de la série ainsi que son rayonnement à l’International avec Netflix risque fort de donner du boulot aux bénévoles du Mémorial du bazar de la charité !

Le Blu-ray

[4/5]

C’est TF1 Studio qui sort aujourd’hui Le bazar de la charité sur support Blu-ray, et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’éditeur a plutôt soigné sa copie : le résultat est superbe, définition au taquet, piqué d’une précision redoutable, couleurs éclatantes de naturel… En trois mots, un excellent boulot, qui tend vraiment à rendre un vibrant hommage au gros efforts fournis par les équipes du show sur le production design, ainsi qu’au travail époustouflant de Jean-Philippe Gosselin sur la photo. Les épisodes sont proposés en 1080i, mais on supposera que ce défilement à 25 images/seconde est d’origine, la diffusion française de la série se faisant dans ses conditions sur TF1. Même constat d’excellence pour la piste son, encodée en DTS-HD Master Audio 5.1 : dynamique, proposant des effets parfois surprenants, notamment sur les échos. La répartition et le placement des voix est très subtil et le tout délivre une parfaite efficacité. Pas de suppléments.

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