Test Blu-ray : Le bagarreur

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Le bagarreur

États-Unis : 1975
Titre original : Hard times
Réalisation : Walter Hill
Scénario : Walter Hill, Bryan Gindoff, Bruce Henstell
Acteurs : Charles Bronson, James Coburn, Jill Ireland
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h32
Genre : Action, Drame
Date de sortie cinéma : 13 août 1975
Date de sortie DVD/BR : 22 mai 2020

 

 

L’Amérique des années 30, à l’époque de la Grande Dépression. Chaney est un chômeur taciturne qui assiste par hasard à un combat de boxe clandestin, à mains nues. Violent et courageux, il se révèle l’un des meilleurs, et puis il faut bien vivre… A la recherche d’un nouveau poulain, Speed, manager sans scrupules, le prend sous son aile. Dans les bas quartiers de la Nouvelle-Orléans, ses poings valent de l’or, mais dans ce monde corrompu, Chaney est vite l’objet de sombres magouilles…

 

Le film

[4/5]

Premier film de la carrière de cinéaste de Walter Hill, Le bagarreur posait déjà les bases d’une très riche filmographie à venir. Très tournée vers une certaine idée de la masculinité et des relations viriles, l’œuvre de Hill est remplie de westerns ou de simili-westerns illustrant, d’une manière ou d’une autre, les différentes facettes des relations entre hommes. Qu’ils soient partenaires, frères ou même adversaires, leurs différences s’effacent, tandis que le respect et l’acceptation de l’autre finissent toujours par faire leur force. Tout ça bien sûr au cœur d’un pays, les États-Unis, avec sa violence et ses paradoxes, où tout semble possible même dans les moments les plus sombres. C’est la force du rêve américain.

Sous ses atours de film « de bagarre », Le bagarreur était donc déjà une espèce de buddy movie avant l’heure, au cœur duquel Chaney, un cogneur taciturne (Charles Bronson), et Speed, un petit magouilleur particulièrement bavard (James Coburn), apprennent à se connaître et à se respecter. Porté par la force tranquille du personnage de Bronson, le film déroule sa narration en donnant presque l’impression de « flotter » d’une scène à l’autre, de se laisser porter par le roc que représente le personnage de Chaney. Un homme assurément mystérieux, dont on ne sait presque rien (ni sur son passé, encore moins sur son avenir), aux allures de vagabond. Néanmoins, son charisme et la fascination qu’il exerce chez les autres le mettent au centre de tous les regards. Sa relation avec Lucy (Jill Ireland) n’est pas complètement explorée par Walter Hill, qui délaisse la romance au profit des relations entre Chaney, Speed ​​et, un peu plus tard, Poe (Strother Martin), médecin accro à l’opium entretenant volontairement sa ressemblance avec Edgar Allan Poe, dont il affirme être un descendant.

Si bien sûr Chaney avait déjà quelques traits de caractère similaires à d’autres personnages incarnés par Bronson auparavant, le personnage qu’il interprète ici servira de mètre-étalon à tous les rôles qu’il tiendra au fil des années 70/80. Droit dans ses bottes, avec un sens de l’honneur infaillible et surtout un côté inébranlable, sûr de lui et « bigger than life », qui donne finalement l’impression au spectateur que rien ne peut jamais réellement le mettre en difficulté ou en danger. Sobre, solide, porté par le jeu de Charles Bronson et James Coburn, tous deux excellents, Le bagarreur semble, à l’image de nombreux autres films de Walter Hill, à l’épreuve du temps.

Peut-être en partie parce qu’il se termine comme il commence, sur une fuite en avant en forme de point d’interrogation. Peut-être parce qu’il propose une reconstitution historique d’une sobriété si forcenée qu’elle ne peut prendre de « coup de vieux ». Peut-être parce que le scénario de Walter Hill, Bryan Gindoff et Bruce Henstell prend le parti de l’humain, sans forcément chercher à faire sens à tout prix ou à connecter entre eux tous les points narratifs. Un beau film, tout simplement !

Le Blu-ray

[4,5/5]

Petit à petit, la filmographie de Walter Hill s’étoffe en Blu-ray dans l’hexagone. Mais d’une façon un peu paradoxale, certains de ses films parmi les plus célèbres et les plus réputés sont encore bizarrement inédits en Haute-Définition en France. On est donc heureux de pouvoir voir et revoir en Blu-ray des films tels que Le bagarreur, Driver ou encore Extrême préjudice, mais qu’en est-il des Guerriers de la nuit (1979), de Sans retour (1981) ou encore des Pilleurs (1992) ? D’une façon très curieuse, même les deux films de la saga 48 heures avec Eddie Murphy sont à ce jour inédits en HD en France…

Disponible chez Sidonis Calysta pile le même jour qu’un autre Blu-ray estampillé Charles Bronson très attendu des amateurs (que nous aborderons demain), Le bagarreur s’offre donc un superbe lifting HD sur galette Blu-ray, qui fait suite à une remasterisation 4K effectuée par Sony Pictures il y a quelques années. Et on ne pourra que saluer le travail de restauration effectué sur le film de Walter Hill. Le master du Bagarreur affiche en effet une forme littéralement insolente : beau piqué, couleurs éclatantes, profondeur de champ et niveau de détail accru… Du très beau travail. Côté son, la version française ainsi que la version originale sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine, et nous proposent toutes deux des mixages solides, clairs et parfaitement équilibrés. Pour les amateurs, la VO est également proposée en DTS-HD Master Audio 5.1, dans un mixage qui respecte clairement la tonalité acoustique du métrage, mettant essentiellement en relief les ambiances ainsi que la musique de Barry De Vorzon.

Dans la section bonus, on trouvera un peu plus d’une heure de suppléments tout à fait passionnants : on commencera tout d’abord avec un entretien avec Walter Hill (21 minutes). Posé, calme et d’une profonde modestie, il reviendra sur la genèse de la production du film, d’où lui vient le sujet du film et ses influences conscientes en tant que cinéaste. Anecdote amusante, il avouera qu’il était opposé au fait d’engager Charles Bronson dans le rôle principal. Très intéressant. On continuera avec le cinéaste avec un entretien audio avec Walter Hill (32 minutes), enregistré lors d’une masterclass au National Film Theatre de Londres en 1984. Il y évoquera moins le cas particulier du Bagarreur, mais reviendra sur sa préférence pour les films tournés en extérieur, sur le type de héros qui peuple ses films, sur les grands réalisateurs américains qui ont influencé son style et son travail, sur l’importance de construire et maintenir une bonne ambiance sur le plateau, etc. Pour la suite, retour au film avec un entretien avec Lawrence Gordon, producteur (14 minutes). Ce dernier y reviendra sur sa bonne expérience avec John Milius, qui l’a poussé à contacter Walter Hill, autre « bon scénariste » désireux de passer à la réalisation, et ne rechignant pas à le faire au tarif syndical. Il évoquera l’idée de casting initiale, à savoir Joe Don Baker, le héros – pas très connu en France – de grands films d’exploitation des 70’s tels que Justice sauvage, Échec à l’organisation ou La trahison se paie cash. Il y a parlera aussi de Charles Bronson, des négociations avec son agent, du tournage, long et difficile, ainsi que du montage, et plus particulièrement des critiques de Charles Bronson qui considérait que le rôle de Jill Ireland avait été trop largement réduit. Pour terminer, on aura également droit à un entretien avec Barry De Vorzon (9 minutes), qui se souvient de sa rencontre avec Walter Hill et de la façon dont on lui a proposé de travailler sur Le bagarreur. La dernier supplément est la traditionnelle bande-annonce.

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