Test Blu-ray : La Région sauvage

0
1567

La Région sauvage

Mexique, Danemark, France, Allemagne, Norvège, Suisse : 2016
Titre original : La región salvaje
Réalisation : Amat Escalante
Scénario : Amat Escalante, Gibrán Portela
Acteurs : Ruth Ramos, Simone Bucio, Jesús Meza
Éditeur : Le Pacte
Durée : 1h38
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 19 juillet 2017
Date de sortie DVD/BR : 2 mai 2018

Alejandra vit avec son mari Angel et leurs deux enfants dans une petite ville du Mexique. Le couple, en pleine crise, fait la rencontre de Veronica, jeune fille sans attache, qui leur fait découvrir une cabane au milieu des bois. Là, vivent deux chercheurs et la mystérieuse créature qu’ils étudient et dont le pouvoir, source de plaisir et de destruction, est irrésistible…

Le film

[4,5/5]

De nos jours, rares sont les films qui parviennent à faire réagir presque physiquement le spectateur. Le cinéma d’Amat Escalante est pourtant de ceux-là. En effet, film après film, le cinéaste mexicain est parvenu à se démarquer de ses contemporains par le recours à une extrême brutalité, une violence dérangeante et surprenante qui fait presque autant souffrir ses personnages que le public, au point que ce dernier soit parfois tenté de détourner les yeux de l’écran. Une violence viscérale, qui explose comme une catharsis, et compense en quelque sorte des scénarios extrêmement linéaires dont l’issue tragique semble, dès les premières minutes de ses films, de toutes façons inévitable (que cela soit dans Sangre, Los bastardos, Heli ou La Région sauvage).

Et en l’espace de seulement quelques plans, il y a de fortes chances pour que le cinéaste surprenne encore son monde avec La Région sauvage, en intégrant à son univers jusqu’ici essentiellement urbain et réaliste une touche de fantastique, lourdement symbolique, et fortement liée à la notion de violence que l’on vient d’évoquer et qui s’avère centrale à tous ses films. Ce film d’horreur s’avère donc, contre toute attente, absolument cohérent dans l’œuvre d’Escalante. Formellement époustouflant (il s’agit, et de loin, du film le plus ambitieux du cinéaste d’un point de vue purement visuel), le film permet au réalisateur / scénariste de soigner d’avantage son cadre, et de provoquer par le travail sur le montage et le son une ambiance lourde, étouffante ; à l’image, le spectateur se retrouvera littéralement plongé au cœur de visions de cauchemar, complètement dingues et extrêmes à tous les niveaux, du début jusqu’à son dénouement pour le moins inattendu.

Récompensé par le Lion d’argent du meilleur réalisateur à Venise en 2016, La Région sauvage s’amuse à détourner les codes du genre, plaçant son récit quelque part entre la chronique sociale et le délire fantasmagorique expérimental pur et dur à la David Lynch période Eraserhead. Puissant comme un uppercut en plein visage, le film plongera à coup sûr le spectateur en plein malaise, le bousculera sans ménagement, à la façon de films rares et précieux tels que We are the flesh. Le genre de films qui vous laisse pantelant à l’issue de la projection, ne sachant même pas trop quoi en penser à priori. Du cinéma qui remue, dans tous les sens du terme – mais pour comprendre ce à quoi on fait référence ici, il va falloir tenter l’expérience d’un film-choc comme on n’en voit malheureusement plus très souvent…

Le Blu-ray

[4/5]

Le Blu-ray de La Région sauvage édité par Le Pacte permettra donc aux retardataires de découvrir ce petit trésor de film d’horreur à ne manquer sous aucun prétexte, après une sortie en salles sur 28 copies n’ayant logiquement attiré qu’un peu plus de 6000 spectateurs en France. Niveau image, c’est du tout bon, avec un master stable, bien contrasté (c’était essentiel étant donné que tout le film se déroule de nuit), affichant un piqué d’une précision absolue : rien ne viendra gâcher votre plaisir et la découverte des superbes plans mis en images par Amat Escalante et son chef opérateur Manuel Alberto Claro (Melancholia). On regrettera juste que le film soit encodé en 1080i (à 25 images / secondes), ce qui ne respecte pas le cadencement proposé dans les salles obscures, et réduit la durée du film d’1h38 à 1h34. Côté son, le film s’illustre en version originale espagnole DTS-HD Master Audio 5.1, et nous propose un mixage dynamique et bien enveloppant. La scène arrière est omniprésente, le caisson de basse relève ponctuellement les passages les plus animés : l’immersion au cœur du film est totale.

Mais en plus de nous livrer une galette techniquement quasi-impeccable, Le Pacte nous proposera de plus de nous plonger dans un passionnant making of d’une durée d’un peu plus d’une heure, retraçant l’aventure du tournage des répétitions au tournage en passant par les repérages et la construction des décors. Ce riche et formidable documentaire s’accompagnera d’un entretien avec le réalisateur Amat Escalante et de la traditionnelle bande-annonce.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici