Test Blu-ray : La chasse à l’homme

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La chasse à l’homme

France, Italie : 1964
Titre original : –
Réalisation : Édouard Molinaro
Scénario : France Roche, Michel Audiard
Acteurs : Jean-Claude Brialy, Claude Rich, Jean-Paul Belmondo
Éditeur : Coin de mire Cinéma
Durée : 1h30
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 22 septembre 1964
Date de sortie DVD/BR : 6 mars 2020

Toni, brillant affichiste et séduisant célibataire, va se marier. Mais son ami Julien est contre son mariage et contre le mariage en général, ayant été victime d’un horrible traquenard tendu par sa jeune secrétaire, aussi calculatrice qu’angélique d’apparence. Julien va s’employer à tout faire pour convaincre son ami de ne pas se laisser passer la corde au cou…

Le film

[5/5]

Grand artisan du cinéma populaire, Édouard Molinaro n’a jamais rechigné, dès 1974 – soit un an seulement après le succès de L’emmerdeur – à tourner pour la télévision. Bien sûr, on ne pourra que saluer le fait qu’un cinéaste reconnu ait suffisamment d’humilité pour alterner les œuvres de cinéma et les séries / téléfilms. Ce fut le cas de Claude Chabrol également. Cependant, au regard de la filmographie de Molinaro, et comme dans le cas d’un Georges Lautner par exemple, on ne pourra tout de même s’empêcher d’avoir un petit pincement au cœur en constatant que durant ses dernières années d’activité derrière une caméra, Édouard Molinaro n’a finalement plus quasiment tourné QUE pour la télé. Comme si le métier l’avait complètement oublié ou laissé de côté depuis un certain nombre d’années. Avec le recul, on ne peut que regretter qu’un tel talent ait été bridé par des projets de moindre envergure, et qu’après avoir signé des œuvres telles que Oscar (1967), Hibernatus (1969), Les aveux les plus doux (1971) ou encore La cage aux folles (1978), il ait terminé sa carrière en tournant des épisodes de H ou de Navarro.

Sorti sur les écrans en septembre 1964, La chasse à l’homme était déjà, mine de rien, le neuvième long-métrage d’Édouard Molinaro en l’espace de six ans. Et comme sur tous ses films tout au long des années 60, le cinéaste s’avère assez bluffant dans la façon dont il semble avoir assimilé le meilleur d’A bout de souffle et de la Nouvelle Vague, tout en mettant son savoir-faire technique au service d’une œuvre populaire. La chasse à l’homme est en effet un pur divertissement, aussi franchouillard que sympathique, n’ayant aucunement les velléités intellectuelles et/ou politiquement engagées des noms les plus prestigieux de la Nouvelle Vague. Et pourtant, dès les premières minutes du film (le générique sur fond de chasse à courre mettant en scène certains personnages du film) Édouard Molinaro parvient à imposer une œuvre formellement époustouflante, extrêmement dynamique et originale, de plus dotée d’une photo absolument sublime. A tout moment, on sent le réalisateur très à l’aise avec sa caméra. Véritable formaliste de génie – un autre point commun avec Georges Lautner – Molinaro nous livre plusieurs séquences très originales, des angles de prise de vue singuliers, des idées de mise en scène et de gags visuels innovants… Du grand Art !

Plus fort encore, La chasse à l’homme parvient à dépasser sans le moindre problème son statut de « film à sketches » déguisé. Percutant, pétillant, drôle, délicieusement suranné, gentiment misogyne, le film est porté par les brillants dialogues écrits par Michel Audiard et ressemble au final plus à un long-métrage avec des intrigues parallèles qu’à la traditionnelle succession de sketches. Les histoires s’enchaînent en effet de façon assez naturelle, sans impression d’empilage artificiel, et l’ensemble développe une tonalité vraiment malicieuse et enjouée sur le thème des rapports homme / femme. Il y a également un peu de théâtre de boulevard là-dedans, mais du boulevard revisité par la fougue de la jeunesse, puisque se croisent à l’écran la plupart des « jeunes loups » du cinéma de l’époque : Jean-Claude Brialy, Claude Rich, Jean-Paul Belmondo, Catherine Deneuve, Françoise Dorléac, Marie Laforêt, Bernadette Lafont, Mireille Darc… Tous les p’tits jeunes du cinéma français y étaient, accompagnés de quelques acteurs un peu plus âgés et expérimentés qu’eux, tels que Michel Serrault, Micheline Presle ou encore les incontournables Bernard Blier et Francis Blanche…

Excellente petite comédie, fraîche, légère et pleine de charme, La chasse à l’homme joue clairement la carte du divertissement familial. Cinquante-cinq ans après sa sortie dans les salles, grâce à son casting quatre étoiles, à ses dialogues époustouflants et au dynamisme incroyable apporté à sa mise en scène, il reste un petit bijou, toujours aussi charmant et délicieux.

La collection « La séance »

Cela fait un an et demi maintenant que Coin de mire Cinéma propose avec régularité de véritables classiques français oubliés au cœur de sa riche collection « La séance ». En l’espace de ces quelques mois, le soin maniaque apporté par l’éditeur à sa sélection de films du patrimoine français semble avoir porté ses fruits, et Coin de mire est parvenu à se faire une place de tout premier ordre dans le cœur des cinéphiles français. L’éditeur s’impose en effet comme une véritable référence en termes de qualité de transfert et de suppléments, les titres de la collection se suivent et ne se ressemblent pas, prouvant à ceux qui en douteraient encore la richesse infinie du catalogue hexagonal en matière de cinéma populaire. Comme on regrette d’avoir « loupé » les sorties précédentes – une telle initiative est forcément à soutenir, surtout à une époque où le marché de la vidéo « physique » se réduit comme peau de chagrin d’année en année.

Chaque titre de la collection « La séance » édité par Coin de mire s’affiche donc dans une superbe édition Combo Blu-ray + DVD + Livret prenant la forme d’un Mediabook au design soigné et à la finition maniaque. Chaque coffret Digibook prestige est numéroté et limité à 3.000 exemplaires. Un livret inédit comportant de nombreux documents d’archive – dont le « manuel de publicité » – est cousu au boîtier. Les coffrets comprennent également la reproduction de 10 photos d’exploitation sur papier glacé (format 12x15cm), glissés dans deux étuis cartonnés aux côtés de la reproduction de l’affiche originale (format 21×29 cm). Chaque nouveau titre de la collection « La séance » s’intègre de plus dans la charte graphique de la collection depuis ses débuts à l’automne 2018 : fond noir, composition d’une nouvelle affiche à partir des photos Noir et Blanc, lettres dorées. Le packaging et le soin apporté aux finitions de ces éditions en font de véritables références en termes de qualité. Chaque coffret Digibook prestige estampillé « La séance » est donc un très bel objet de collection que vous serez fier de voir trôner sur vos étagères.

L’autre originalité de cette collection est de proposer au cinéphile une « séance » de cinéma complète, avec les actualités Pathé de l’époque de la sortie, les publicités d’époque (qu’on appelait encore « réclames ») qui seront bien sûr suivies du film, restauré en Haute-Définition, 2K ou 4K selon les cas. Dans le cas de La chasse à l’homme, il s’agit d’une toute nouvelle restauration 4K réalisée par TF1 Studio avec la participation du CNC et de OCS.

La quatrième vague de la collection « La séance », qui contient déjà 25 titres au total, est disponible depuis le 6 mars, soit quelques jours à peine avant le confinement. Les titres annoncés sur cette vague auront de quoi mettre l’eau à la bouche des cinéphiles, puisqu’on y trouve Les espions (Henri-Georges Clouzot, 1957), La vérité (Henri-Georges Clouzot, 1960), Des pissenlits par la racine (Georges Lautner, 1964), Le monocle rit jaune (Georges Lautner, 1964), La chasse à l’homme (Edouard Molinaro, 1964) et Les jeunes loups (Marcel Carné, 1968). Pour connaître et commander les joyaux issus de cette magnifique collection, on vous invite à vous rendre au plus vite sur le site de l’éditeur.

Le coffret Digibook prestige

[5/5]

Petit classique oublié de la comédie française, La chasse à l’homme a bénéficié grâce à Coin de mire Cinéma une restauration maniaque, et affiche aujourd’hui une forme insolente malgré les années. L’image est d’une belle stabilité, le grain d’origine est scrupuleusement respecté, le piqué est d’une étonnante précision et les contrastes pointus accentuent l’impression de profondeur de l’ensemble ; seuls les plans « à effets » (fondus enchaînés, mentions écrites…) marquent naturellement, et comme d’habitude, les effets du temps – néanmoins, ils constituent des points de comparaison qui rendent le travail de restauration d’autant plus perceptible et honorable. Une réussite totale. Côté son, La chasse à l’homme est proposé dans un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 propre et clair, restituant parfaitement les brillants dialogues de Michel Audiard et la musique du film, signée Michel Magne.

Du côté des suppléments, on trouvera comme d’habitude avec les films édités dans la collection « La séance », la possibilité de reconstituer dans votre salon une séance de cinéma telle qu’on la suivait dans les années 60. On commencera donc avec les Actualités Pathé de la 39ème semaine de l’année 1964 (9 minutes). Au programme de la semaine, une caméra cachée mettant en scène une bombe dans les rues de Varsovie, le prix de l’Arc de Triomphe, la nouvelle formule de L’Express par Françoise Giroud et Jean-Jacques Servan Schreiber, les visites du Général de Gaulle en Amérique latine, le mariage de Constantin II de Grèce et d’Anne-Marie de Danemark à Athènes, et on terminera par un vibrant hommage à Pierre de Coubertin et aux Jeux Olympiques. On continuera avec la traditionnelle page de « réclames » (7 minutes). Un petit cartoon pour les esquimaux Kim Heudebert Luxe, les Treets, qui fondent dans la bouche, pas dans la main (c’est comme ça que vos parents appelaient les M&Ms), les bonbons à la menthe Mintips, les transistors Radiola, le shampooing pour moquettes Karpex, et un autre cartoon pour la margarine Astra, qui donnera force et santé à vos enfants, l’agence Ahond pour trouver votre appartement, et enfin les valises « Kangourou » de chez Lancel, à 39,90 francs.

On terminera enfin avec une sélection de bandes-annonces de films disponibles au sein de la collection « La séance ».

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