Test Blu-ray : Kids return

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Kids return

 
Japon : 1996
Titre original : Kizzu ritân
Réalisation : Takeshi Kitano
Scénario : Takeshi Kitano
Acteurs : Ken Kaneko, Masanobu Andô, Leo Morimoto, Mitsuko Oka
Éditeur : La Rabbia
Durée : 1h48
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 21 février 2018
Date de sortie DVD/BR : 4 juillet 2018

 

 

Masaru et Shinji n’aiment pas le lycée. Ils préfèrent traîner dans les bars, voler et glander. Mais un jour, après avoir été pris à partie, deux ados reviennent accompagnés d’un ami boxeur qui met Masaru K.O. Il décide alors de se mettre au Noble Art. Rapidement suivi par Shinji, lequel va se révéler bien meilleur boxeur. Dépité, Masaru va tenter sa chance du côté de la pègre locale…

 

 

Le film

[3,5/5]

« A des détails mineurs près, propres à la culture ou au contexte historique, Les 400 coups se font de la même façon en France ou au Japon, à la fin des années 1950 ou au milieu des années 90, chez Truffaut ou sous l’œil avisé de Kitano. Aussi différents d’un point de vue formel ces deux films soient-ils, ils procèdent de concert à la démystification de la jeunesse, dépeinte sans équivoque comme le terroir de la bêtise, voire de la méchanceté. Dans Kids return, nous assistons au retour en arrière, empreint d’une conception pour le moins rude de la réalité, de deux amis d’enfance qui s’étaient perdus de vue, avant de se retrouver par hasard au début du film. Or, ce dispositif narratif ne paraît guère intéresser la mise en scène ou en tout cas pas en tant que créateur de sentiments mielleusement nostalgiques. Non, chez Takeshi Kitano règne la loi de la jungle urbaine, directe et brutale, parfois volontairement décousue, quoique sans cesse à la recherche d’une vérité filmique qui nous réserve de nombreux morceaux de bravoure. Ainsi, il filme avec une virtuosité jamais prise en défaut le mouvement, en vélo ou en course à pied, sur les notes poétiques de la partition de Joe Hisaishi. Sauf que la vocation de ces échappées n’est point d’accentuer le caractère héroïque et fédérateur de l’épreuve sportive – contrairement à la morale volontariste qui sous-tendrait pareille entreprise du côté du cinéma hollywoodien –, mais de relativiser au contraire l’état d’esprit peu glorieux des deux protagonistes, en lui conférant en quelque sorte ses lettres de noblesse cinématographiques.

L’exploit du réalisateur va même encore plus loin, puisqu’il réussit à nous passionner pour un récit dont les points d’identification restent presque rageusement flous. Alors que le retour périodique à une poignée de décors instaure petit à petit une familiarité des plus élégantes, le fait de brasser large en termes de personnages de référence aurait pu avoir de quoi nous déconcerter. Ni tout à fait un conte d’apprentissage individuel, ni davantage le portrait choral d’une tranche d’âge en pleine perdition, le film procède avec une hardiesse narrative pleinement assumée à un collage dépourvu de prises de position arbitraires et, à plus forte raison, de jugements présomptueux. L’incroyable force de Kids return résulte de sa capacité de balancer aisément entre le pittoresque et le pitoyable, de trouver toujours le ton juste pour relayer les multiples facettes d’une réalité, dont la cruauté peut souvent se résumer à un bref plan à l’impact durable. Le sort de ce groupe de feignants, les prisonniers d’abord de leur passivité personnelle, puis de circonstances structurelles de la société japonaise qui ne leur réservent aucun espoir d’un avenir épanouissant, nous tient ainsi légèrement moins à cœur que l’admiration face à la maestria de Takeshi Kitano. Celle-ci fait preuve d’une lucidité incisive quant à la difficulté de se forger une personnalité, voire un destin dans un monde truffé de pièges plus ou moins mesquins.

Notre film préféré de Takeshi Kitano reste le sublime et hélas trop méconnu A Scene at the sea. Kids return figure cependant parmi les films les plus accomplis de son réalisateur ! Il n’y va pas par quatre chemins pour bousculer à la fois le spectateur – joliment privé de repères et de rythmes dramatiques rassurants – et ses héros improbables, de misérables pions largement dépassés par le temps qui passe et surtout par les conséquences néfastes de quelques choix de jeunesse anodins seulement en apparence. »

Extrait de la critique de notre chroniqueur Tobias Dunschen. Retrouvez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien.

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

C’est donc à La Rabbia que l’on doit le plaisir de retrouver, quelques mois après L’été de Kikujiro et Hana-bi – Feux d’artifices, ce très attendu Kids return sur galette Blu-ray. Comme d’habitude, l’éditeur a soigné sa copie et nous propose un master Haute Définition tout à fait irréprochable : la granulation argentique d’origine a été préservé, et l’ensemble est excellent : le piqué est très précis, couleurs et contrastes sont parfaitement gérés, les noirs profonds, et la profondeur de champ est agréablement augmentée. Les plus maniaques pourront peut-être remarquer un léger banding horizontal sur les aplats les plus sombres, mais on chipote un peu ! Niveau son, VF et VO s’imposent sans peine dans des mixages DTS-HD Master Audio 2.0 clairs et intelligibles en toutes circonstances ; on préférera néanmoins naturellement la version originale japonaise, pour de strictes raisons artistiques.

 

 

Du côté des suppléments, outre la traditionnelle bande-annonce du film, l’éditeur nous propose de découvrir un très riche making of du film, en provenance directe du Japon et nous permettant de voir le maestro Kitano au travail avec ses acteurs, dont la performance est d’autant plus remarquable qu’ils n’étaient pas des acteurs professionnels. On pourra cependant tiquer devant certaines formulations un poil trop sentencieuses de la voix-off, d’autant que l’une d’entre-elles s’avère sous-titrée avec une grosse faute d’orthographe : ainsi n’écrit-on pas « les mots que produisent la bouche de Takeshi Kitano sont notés pour former le dialogue » mais « les mots que produit la bouche de Takeshi Kitano… ». Cela dit, cette déférence vis à vis de Takeshi Kitano est un élément très symptomatique de la culture japonaise, et on le retrouvera également de la part de certains membres de son équipe technique.

prestigieuse édition Combo Blu-ray + DVD, prenant la forme d’un digibook et accompagné d’un livret consacré au film.

 

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