Test Blu-ray : Funny People

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Funny People

États-Unis : 2009
Titre original : –
Réalisation : Judd Apatow
Scénario : Judd Apatow
Acteurs : Adam Sandler, Seth Rogen, Leslie Mann
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 2h25
Genre : Drame, Comédie
Date de sortie cinéma : 7 octobre 2009
Date de sortie DVD/BR : 20 octobre 2021

Acteur de comédies à succès à Hollywood, George Simmons se retrouve du jour au lendemain dans un état de mort imminente, et décide de retourner vers le monde du stand-up qui l’avait révélé. Un jour où il se produit dans une salle de spectacle, il rencontre Ira Wright, humoriste en herbe. George lui propose d’écrire ses sketches et, peu à peu, une relation d’humour et d’amitié naîtra entre les deux hommes…

Le film

[5/5]

Il y a un grand malentendu autour de Funny People. Malgré son casting mené par Adam Sandler et Seth Rogen (soit deux géants de la comédie américaine contemporaine), malgré la tonalité des œuvres précédentes de Judd Apatow, et malgré bien sûr le fait que le film soit occasionnellement très drôle, il faudra que l’on se décide à convenir du fait que NON, Funny People n’est pas une comédie. Il s’agit d’avantage d’un drame, ou plutôt d’une chronique de mœurs désenchantée mettant en scène des personnages ayant fait du rire leur activité professionnelle, mais surtout de personnages totalement inadaptés au monde parce que leurs interactions sociales sont essentiellement basées sur l’humour.

Qu’importent les petites ou grandes trahisons du quotidien, les coups de couteau dans le dos ou les drames personnels qui finissent toujours par séparer les êtres humains. Comme le dit George (Adam Sandler) dans Funny People, il connait à peine « Schmira » (Seth Rogen), qu’il considère pourtant comme son meilleur ami. L’humour et le rire constituent le moteur de son rapport aux autres et au monde qui l’entoure, car il semble partir du principe selon lequel quelqu’un qui le fait rire, ou avec qui il partage quelques éclats de rire, ne peut être complètement mauvais – en ce sens, il trouve en Seth Rogen un jumeau, dans le sens où ce dernier fonctionne de la même manière dans ses rapports aux autres, qu’il s’agisse des hommes ou des femmes, sans calcul, mettant juste le rire au centre de tout.

« Is your act just designed to make sure no girl will ever sleep with you again ? All you fuckin’ talk about is jacking off and farting. You think a girl’s gonna come up to afterward and be like ‘Oh, would you just jack off for me and then fart in my face ?’ That’s fuckin’ insane. Do you want to get laid, ever ? »

Funny People est le récit de la rencontre de ces deux solitudes, que rien ne parviendra à séparer tant qu’ils continueront à se faire rire l’un l’autre. En optant pour une narration beaucoup plus intime qu’elle n’y parait, Judd Apatow livre au public une « fausse » comédie, comportant certes son lot de séquences vraiment hilarantes, mais décrivant surtout avec une sensibilité exacerbée un rapport au monde dans lequel beaucoup de spectateurs ne se retrouveront pas. Pour autant, il s’agit d’une sensibilité que l’on pouvait déjà ressentir dans certaines de ses œuvres précédentes, et notamment à travers les personnages incarnés dans ses films précédents par Seth Rogen, véritable « double » cinématographique du scénariste / réalisateur.

En effet, cette façon de prendre la vie du côté de l’humour et de la dérision systématique était déjà au cœur des premiers films de Judd Apatow, et en particulier dans En cloque mode d’emploi, qui montrait que l’humour permettait de lier à jamais des personnages que tout semblait opposer au départ. On retrouve également cette volonté de rire pour accepter la vie (et surtout la mort) dans Funny People, notamment dans certaines de ses scènes les plus drôles – on pense par exemple à la rencontre avec le médecin suédois, parce qu’elle unit les deux personnages principaux dans le rire, afin d’accepter l’inacceptable.

« I can’t belive this, I’m opening up to you, and you’re making fun of a serious moment in my life ! »

Cette propension à rire de tout pour ne finalement voir que le bien chez les autres à partir du moment où ces derniers le font rire amènera bien sûr le personnage de Seth Rogen à quelques déconvenues, qui représenteront pour lui une espèce de perte de l’innocence. Cela se produira avec ses amis proches bien sûr (Jonah Hill, Jason Schwartzman), mais également avec la jeune femme qu’il convoite secrètement, interprétée par Aubrey Plaza. Cette dernière est d’ailleurs une ces clés de la compréhension de la vision du monde de Judd Apatow : elle est à l’origine de l’un des dialogues les plus mémorables de Funny People :

– « If a hot girl walked over here, naked, and was like, ‘Do my body’, you would have sex with her. »

– « No, I’d feel really uncomfortable, and then I might ask her to a Wilco show. »

– « Okay, then you’re the first guy in the world that I’ve ever met that’s like that. »

C’est la même chose concernant le personnage incarné par Adam Sandler : si son ancienne compagne Laura (formidable Leslie Mann) semble au départ bien déterminée à refaire sa vie à ses côtés, c’est la réaction hilare de Sandler à la découverte d’une vidéo de sa fille qui provoquera en elle une faille : « You didn’t even cry when Mable sang Cats. What’s the matter with you ? »

Ainsi, pour qui se retrouvera un tant soit peu dans les personnages décrits par Judd Apatow dans Funny People, le film apparaitra comme un véritable trésor, intelligemment écrit et terriblement drôle. Les acteurs nous livrent par ailleurs des prestations absolument remarquables, même si on comprend rapidement que faire rire n’est pas ici la motivation première du réalisateur. Il s’agit au contraire d’une œuvre éminemment intime et personnelle, qui nous propose de découvrir un rapport au regret, au bonheur et même à la mortalité de tout un chacun par un prisme particulier que bien peu de cinéastes avaient abordé avant lui. L’humour y est utilisé comme un catalyseur pour tous les événements de la vie, et le tout y est décrit de façon extrêmement pertinente, Funny People mettant en scène une série de personnages ayant une conception très cérébrale des rapports à autrui.

Inutile de dire donc que les problèmes de rythme et de durée du film (2h25 tout de même) régulièrement évoqués par les critiques non convaincus par le film n’apparaitront en aucun cas à ceux qui vivront Funny People de l’intérieur, fascinés par le fait qu’un cinéaste – Hollywoodien de surcroit – soit à même de disséquer leur propre rapport au monde de façon si subtile et émouvante. Un sacré putain de chef d’œuvre, qui se double dans son troisième acte d’un puissant message d’espoir.

Le Blu-ray

[3,5/5]

51 millions de dollars de recettes au box-office américain (pour un budget de 75), 48.000 entrées en France : film de la « rupture » au sein de la communauté de fans de Judd Apatow, Funny People avait si mal fonctionné dans les salles à sa sortie en 2009 qu’Universal Pictures n’avait daigné l’année suivante que le proposer au format DVD au public français. On ne peut dès lors que saluer ESC Éditions qui vient de ressortir les cinq premiers films d’Apatow au format Haute-Définition.

On n’y croyait pas réellement, et on remercie d’autant plus chaleureusement ESC Éditions de nous permettre aujourd’hui de découvrir ou redécouvrir Funny People sur support Blu-ray. Techniquement, c’est du beau travail : l’image est proposée au format 1.85:1 respecté, et nous fait profiter d’un gain sensible de précision côté image par rapport aux sources SD auxquelles nous étions habitués. La photo du film est scrupuleusement respectée, et le piqué est très satisfaisant – le tout est par ailleurs proposé dans un master stable, avec de belles couleurs vives et surtout un grain argentique parfaitement préservé. Côté son, VF et VO s’imposent naturellement en DTS-HD Master Audio 5.1 : si bien sûr le film n’est pas, par sa nature même, propre à déchainer votre installation Home Cinema, dans les deux cas, le rendu acoustique est clair, sans souffle, préservant le dynamisme des scènes de stand-up et nous proposant quelques effets d’ambiance efficaces.

Si on se réjouit de pouvoir revoir le film dans d’excellentes conditions techniques, malheureusement, la riche interactivité du Blu-ray américain ainsi que de l’édition Collector 2 DVD de 2010 a en revanche intégralement disparu. On notera par ailleurs que le Blu-ray de Funny People édité par ESC Éditions nous propose le film dans sa version « courte » (2h25). Une version non censurée d’une durée de 2h33 était également disponible sur le Blu-ray US.

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