Test Blu-ray : Freaky

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Freaky

États-Unis, Canada : 2020
Titre original : –
Réalisation : Christopher Landon
Scénario : Michael Kennedy, Christopher Landon
Acteurs : Vince Vaughn, Kathryn Newton, Celeste O’Connor
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h42
Genre : Horreur, Comédie
Date de sortie cinéma : 26 juin 2021
Date de sortie DVD/BR : 13 octobre 2021

Millie, une adolescente de 17 ans, sous l’effet du poignard antique du Boucher, un tueur en série tristement notoire, se réveillent dans le corps de celui-ci. Elle n’a alors que 24 heures pour retrouver son corps et ne pas rester coincée pour le restant de ses jours dans la peau d’un tueur d’une cinquantaine d’années. Tâche délicate étant donné qu’elle ressemble désormais à une armoire à glace psychopathe, recherché par la police et cible d’une chasse à l’homme locale…

Le film

[4/5]

Que l’on apprécie ou pas les productions orientées fantastique / horreur issues du giron Blumhouse Productions, qui « trustent » littéralement nos multiplexes depuis quelques années, il faudra au moins avoir l’honnêteté de reconnaître que Jason Blum et ses équipes créatives livrent avec une belle régularité des produits carrés et qui, quand ils ne se contentent pas d’exploiter un simple « filon » horrifique, jouent clairement la carte de l’originalité en exploitant, de façon plus ou moins approfondie, des concepts forts et inattendus. Ainsi, après Get out et son twist délirant, après Happy Birthdead et sa boucle temporelle, voici donc aujourd’hui Freaky, film fantastique jouant la carte du « body swapping ».

Le « body swapping », dispositif fantastique qui consiste à échanger les identités de deux personnes, qui se retrouvent dans le corps l’un de l’autre, est un thème du fantastique et de science-fiction rapidement devenu récurrent au cinéma et à la télévision. Au fil des ans, cette thématique est également devenue très populaire dans la comédie, la possibilité d’échanger les personnalités permettant de façon sous-jacente de mettre en opposition deux types de modes de vie (La personne aux deux personnes, Échange standard) ou d’illustrer par l’exemple le conflit des générations (Big, Freaky Friday) ou l’éternel mystère des différences entre hommes et femmes (Changeons de sexe, Dans la peau d’une blonde, Une nana au poil…).

Avec son intrigue transférant l’esprit d’un tueur sanguinaire dans l’esprit d’une jeune lycéenne mal dans sa peau (et inversement), Freaky coche un peu toutes les cases du genre : âge, taille, sexe, tout oppose en effet la jeune Millie (Kathryn Newton) et le « Boucher de Blissfield » (Vince Vaughn), ce qui servira évidemment de prétexte à de nombreux gags, souvent amusants. Par ailleurs, on notera que par son titre, Freaky ne cache aucunement sa nature de film « bâtard » : les événements du récit se déroulant essentiellement un vendredi 13 (Freaky / Friday the 13th), le film de Christopher Landon se rattache tout à la fois à une des plus grandes références du film de body swapping (initiée par Un vendredi dingue, dingue, dingue en 1976, qui se prolongerait avec son remake Freaky Friday : Dans la peau de ma mère en 2003) et, bien sûr, au slasher de type Vendredi 13. L’introduction du film, mettant en scène un tueur masqué, impassible et muet, décimant quatre adolescents en pleine « débauche » est d’ailleurs une référence claire à la saga mettant en scène Jason Voorhees.

Avec Freaky, le scénariste / réalisateur Christopher Landon (Happy Birthdead) choisit donc de faire dans le mélange des genres. Par conséquent, il alternera donc, sur un tempo relativement soutenu, les gags simples nés des nouvelles réalités physiques, mentales et émotionnelles auxquelles sont confrontés les deux personnages principaux, et les meurtres propres aux codes du slasher de la deuxième moitié des années 80 – ce n’est pas tant le meurtre qui importe ici mais d’avantage l’idée de mettre en scène des morts originales, à la fois saugrenues et inattendues. Christopher Landon semble relativement à l’aise avec l’ensemble de conventions et de passages obligés qui définissent les deux genres.

Et s’il n’a probablement pas d’autre ambition que de s’avérer un bon petit divertissement du samedi soir, Freaky parvient néanmoins par moments assez habilement à déconstruire les stéréotypes de genres, notamment en dénonçant à sa manière la « masculinité » exacerbée et toxique qui régit malheureusement encore aujourd’hui les relations hommes / femmes. A ce titre, la scène durant laquelle le quarterback éconduit emmène la jeune Milie à l’écart dans le but de la violer avec ses deux camarades est tout particulièrement anxiogène, et pointe du doigt l’abjecte « culture du viol ». Bien sûr, la tonalité de la scène en question ne tardera pas à prendre une tournure fort différente, dans le sens où sans le savoir, cet apprenti violeur a lui-même conduit le loup dans la bergerie – la scène se terminera à coups de tronçonneuse dans les glaouis, avec trois prédateurs sexuels en moins à la surface de la terre.

Freaky aborde également, sans réellement l’approfondir, un début de réflexion sur les problématiques – décidément très contemporaines – liées à l’identité de genre et à l’identité sexuelle. Ainsi, une des scènes les plus étonnantes du film montrera le jeune Booker (Uriah Shelton) flirter et même embrasser Millie… alors que cette dernière s’avère « coincée » dans le corps de Vince Vaughn. Ce que ressent Booker semble aller au-delà des normes sexuelles et de l’enveloppe corporelle, et de son côté, Millie ne semble finalement pas si « coincée » dans ce nouveau corps – ce dernier lui permet en effet de prendre d’avantage confiance en elle et d’avouer ses sentiments à celui qu’elle aime. C’est à partir du moment où elle se retrouve dans un corps du sexe opposé qu’elle parvient, finalement, à accepter le regard que Booker porte sur elle, et à assumer sa féminité.

Cependant, si l’on excepte deux ou trois saillies dénonçant en filigrane des stéréotypes sexistes ou raciaux, Freaky s’épanouit surtout dans une certaine conception de cinéma « plaisir », sans conséquences, recyclant des gags et des frayeurs globalement familières, tout en poussant volontairement le bouchon un peu trop loin dans les excès gore et l’humour. Côté « gore », on se réjouira de constater que la quasi-intégralité des effets spéciaux ont été réalisés sur le plateau, à l’ancienne, à l’aide de prothèses et de caoutchouc – le recours au numérique a été réduit à sa plus simple expression, ce qui constitue un véritable « bol d’air » dans la production horrifique actuelle.

Cela dit, l’efficacité de la plupart des moments humoristiques et bien sûr la personnalité / l’exubérance des deux acteurs principaux (Vince Vaughn et Kathryn Newton) permettront sans aucun doute au film de Christopher Landon d’atteindre une certaine forme de pérennité. On n’en doute d’ailleurs pas un instant : en novembre 2020, à la question d’un fan sur Twitter qui lui demandait si Freaky et Happy Birthdead se déroulaient dans le même monde, le réalisateur Christopher Landon a répondu : « Ils partagent définitivement le même ADN et il y a de fortes chances que Millie et Tree se rencontrent un jour. » Se dirige-t-on dès lors vers un Freaky Birthdead ?

Le Blu-ray

[4/5]

Le Blu-ray de Freaky édité par Universal Pictures débarque donc le 20 octobre, qui permettra une séance de rattrapage aux très nombreux spectateurs n’ayant pu le découvrir dans les salles (56.000 spectateurs sur 218 copies), s’en sort comme d’habitude extrêmement bien. Le film est bien sûr proposé en 1080p, le piqué est précis, les couleurs explosives et l’ensemble compose de toutes façons avec un master récent et fort logiquement flambant neuf. En un mot, c’est du tout bon, et ce n’est pas la partie son qui mettra l’éditeur en porte à faux puisque le mixage de la VO est proposé dans un puissant DTS-HD Master Audio 5.1, fin et très spectaculaire, parfaitement enveloppant, dynamique et vraiment punchy, avec des effets multidirectionnels dans tous les coins. La version française quant à elle est proposée dans un mixage DTS 5.1 : l’ampleur et le dynamisme sont au rendez-vous, même si bien entendu, on notera une nette supériorité de la VO sur sa petite sœur française.

Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord un commentaire audio du scénariste et réalisateur Christopher Landon : celui-ci y reviendra sur tous les aspects du film avec volonté et bonne humeur : l’histoire en elle-même, les scènes de meurtres, les personnages, les performances d’acteurs, les effets spéciaux, etc. On continuera ensuite avec quatre scènes coupées (5 minutes), dont une assez amusante prenant place dans un Uber. Le reste des suppléments est composé de featurettes, superficielles mais intéressantes, qui reviendront sur l’échange de personnalités des deux personnages centraux (2 minutes), sur les meurtres et leur conception (4 minutes), ainsi qu’une réflexion sur le concept de « Final Girl » propre au slasher (3 minutes).

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