Test Blu-ray : Dragnet

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Dragnet

États-Unis : 1987
Titre original : –
Réalisation : Tom Mankiewicz
Scénario : Dan Aykroyd, Alan Zweibel
Acteurs : Dan Aykroyd, Tom Hanks, Christopher Plummer
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h46
Genre : Comédie, Policier
Date de sortie cinéma : 13 janvier 1988
Date de sortie DVD/BR : 17 octobre 2018

Le sergent Joe Friday, officier de police de la ville de Los Angeles, est chargé par son chef, le capitaine Bill Gannon, d’enquêter sur une série de crimes perpétrés par une mystérieuse organisation se nommant les « Païens ». Pour cela, le capitaine lui adjoint un nouvel équipier. Friday, étant naturellement strict, rigoureux et respectant le règlement au pied de la lettre, s’attend à avoir un partenaire digne de ce nom. Mais le détective Pep Streebek, qui se présente à lui, est tout son contraire…

Le film

[3/5]

Pilier du Saturday Night Live dans les années 70, Dan Aykroyd est devenu, au début des années 80, une figure littéralement incontournable de la comédie américaine. Au même titre que John Belushi (avec qui il partageait l’affiche des Blues Brothers), Eddie Murphy (avec qui il partageait l’affiche d’Un fauteuil pour deux), Bill Murray (avec qui il partageait l’affiche de S.O.S. Fantômes) ou encore Steve Martin (avec qui il partagerait, bien plus tard, l’affiche de Sergent Bilko), Dan Aykroyd s’était donc trouvé une place de choix dans le cœur du public, américain bien sûr, mais également français. Comment expliquer alors, en cette période faste pour l’acteur et malgré le gros succès du film au box-office US (70 millions de dollars de recettes), le désintérêt manifeste dont semble avoir fait preuve le public français pour Dragnet, sorti en France en janvier 1988 ?

Il y a de fortes chances pour que cette indifférence vis-à-vis du film de Tom Mankiewicz résulte d’une énorme incompréhension culturelle. Véritable monument de la série télévisée des années 50 aux Etats-Unis, Dragnet (aussi appelée Badge 714 ou Coup de filet) est à l’origine une série policière créée par Jack Webb, où l’on suivait les aventures du sergent Joe Friday, policier à Los Angeles. 276 épisodes ont été tournés et diffusés entre le 16 décembre 1951 et le 23 août 1959 sur NBC ; en France, il faudrait en revanche attendre 1989 pour que la série commence à être diffusée sur Canal +. Ce qui revient à dire que quand Dragnet sort sur les écrans français début 88, seule une poignée de passionnés de polars connaissent la série à laquelle Dan Aykroyd et Tom Mankiewicz font référence.

Difficile donc pour le public français de s’adapter à la tonalité du film, d’autant plus difficile à mettre à jour que les premières minutes de Dragnet s’oriente volontiers vers la comédie policière aux relents parodiques, à la façon de la série Police Squad ! (1982) ou du film qui en découlerait l’année suivante (l’épatant Y’a-t-il un flic pour sauver la reine ?), pour ensuite effectuer un revirement vers un humour nettement moins « nonsensique », fonctionnant d’avantage en réaction à la série d’origine, et développant une intrigue policière qui, malgré ses aspects volontiers outranciers, se tient plutôt bien. Dan Aykroyd, qui incarne ici Joe Friday, supposé fils du héros de la série des années 50 (une photo de Jack Webb trône sur son bureau), affiche donc une posture rigide, doublé d’un costume et d’attitudes d’un autre âge, « old school », qui font clairement référence à la série, et par extension à l’univers du Film Noir. Personnage anachronique coincé au milieu d’un Los Angeles en pleine décadence, il fait équipe avec Pep Streebek, qui s’impose quant à lui comme un pur produit de son temps, flic semi-clochard rappelant de nombreux films policiers tournés dans la deuxième moitié des années 80 (Mel Gibson dans L’arme fatale, Eddie Murphy dans Le flic de Beverly Hills, Billy Crystal dans Deux flics à Chicago, Sam Elliott dans Blue jean cop…). Streebek est incarné à l’écran par l’excellent Tom Hanks, pas encore une star à l’époque puisque sa carrière n’exploserait réellement que courant 1988 avec Big.

C’est principalement d’ailleurs dans cette capacité à saisir l’air du temps que se trouve l’esprit de Dragnet, notamment dans la verve mi-affligée, mi-amusée avec laquelle il décrit tout autant les affres d’un magnat de la presse érotique à la Hugh Hefner que l’hypocrisie manifeste des garants de la morale et des bonnes mœurs. Pour le reste bien sûr, il y a le casting, composé de quelques têtes connues et appréciées (Dabney Coleman, Christopher Plummer, Alexandra Paul…), et les rebondissements classiques des comédies policières de l’époque, dans lesquelles on aimait beaucoup se déguiser en punk.

Le Blu-ray

[4,5/5]

Après en avoir exhumé quelques trésors presque oubliés ces dernières années, Elephant Films continue son exploration des tréfonds du catalogue d’Universal Pictures, pour le plus grand plaisir du cinéphile français. Ce mois-ci, ce sont donc trois fleurons du cinéma populaire américain des années 80 que l’éditeur est allé repêcher : Dragnet (1987), Bigfoot et les Henderson (1987) et Midnight run (1988). Une excellente nouvelle pour tous les quarantenaires nostalgiques ayant vu et aimé ces films dans leur enfance, et une occasion pour les plus jeunes de découvrir trois gros succès publics de la deuxième moitié des 80’s dans des conditions inédites.

Car côté Haute Définition, les trois films de cette vague n’ont clairement pas à rougir de leurs prestations techniques : la définition est précise, les couleurs riches et bien saturées, les noirs sont profonds, et la restauration a globalement pris soin de préserver le grain argentique d’origine. Bien sûr, les plans « à effets » (générique, mentions écrites, fondus enchainés) accusent des effets du temps, mais le reste est d’une propreté et d’une stabilité tout à fait étonnantes. Tout juste remarquera-t-on, comme d’habitude avec les masters de chez Universal, un usage manifeste du réducteur de bruit, mais ce dernier semble avoir été, dans les trois cas, utilisé avec parcimonie. Malgré cette petite réserve donc, la galette Blu-ray de Dragnet nous propose un rendu HD tout à fait appréciable, qui enterre définitivement l’édition DVD du film, disponible depuis 2001 (la préhistoire !). Côté son, la version originale ainsi que la version française d’origine sont toutes deux mixées en DTS-HD Master Audio 2.0, dans des mixages propres, équilibrés et toujours clairs. Dans le cas de Dragnet (sans doute plus que pour les deux autres films de la vague), on notera cependant une préférence assez marquée pour la version originale, plus convaincante pour de simples raisons artistiques : impossible en effet de faire l’impasse sur la prestation vocale de Dan Aykroyd, qui a fait d’énormes efforts pour retrouver le phrasé et les intonations de Jack Webb, malgré un physique très éloigné.

Du côté des suppléments, on passera rapidement sur la bande-annonce du film, accompagnée de celles des deux autres films de cette vague consacrée aux années 80, pour se concentrer sur la présentation du film par Cédric Delelée. En un petit quart d’heure, le journaliste connu pour sa participation régulière au magazine Mad Movies fait le tour du casting du film, en commençant par le réalisateur Tom Mankiewicz (fils de Joseph L. Mankiewicz), mais parait finalement peu à l’aise avec son sujet, comme si le film ne l’intéressait pas réellement. Le sachant passionné de musique, on aurait par exemple aimé l’entendre s’exprimer sur la musique (de merde) d’Ira Newborn, mais ce sera finalement la rigueur d’une présentation « objective » qui sera mise en avant plutôt qu’une analyse du film en profondeur. Une intéressante galerie de photos d’exploitation ferme le bal.

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