Test Blu-ray : Blindspotting

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Blindspotting

États-Unis : 2018
Titre original : –
Réalisation : Carlos López Estrada
Scénario : Rafael Casal, Daveed Diggs
Acteurs : Daveed Diggs, Rafael Casal, Janina Gavankar
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h35
Genre : Comédie, Drame
Date de sortie cinéma : 3 octobre 2018
Date de sortie DVD/BR : 28 mars 2019

Encore trois jours pour que la liberté conditionnelle de Collin prenne fin. En attendant de retrouver une vie normale, il travaille comme déménageur avec Miles, son meilleur ami, dans un Oakland en pleine mutation. Mais lorsque Collin est témoin d’une terrible bavure policière, c’est un véritable électrochoc pour le jeune homme. Il n’aura alors plus d’autres choix que de se remettre en question pour prendre un nouveau départ…

Le film

[4,5/5]

Au début des années 80, la carrière de cinéaste de Spike Lee avait commencé sur les chapeaux de roues, avec plusieurs films époustouflants : Nola Darling n’en fait qu’à sa tête (1986), School daze (1988) ou encore Do the right thing (1989) s’imposaient comme autant de comédies littéralement révolutionnaires, à la fois légères, drôles et développant en filigrane une certaine idée de « conscience sociale », concernant les problèmes raciaux notamment, qui les rendaient littéralement incontournables. Au fil des années 90 en revanche, le cinéma de Spike Lee s’est radicalisé, peut-être en partie à cause de l’affaire Rodney King, passé à tabac le 3 mars 1991 par des policiers de Los Angeles au terme d’une course-poursuite. Le réalisateur a donc choisi de délaisser la comédie pour le drame, comme si le problème du racisme et des inégalités sociales aux États-Unis ne pouvait plus être abordé que de façon « sérieuse ».

Difficile dès lors de tempérer son enthousiasme à la découverte de Blindspotting, sorti en catimini dans 33 salles en France début octobre, qui sonne comme un véritable retour aux sources pour les amoureux des débuts de Spike Lee. En effet, presque trente ans après Do the right thing, les deux coscénaristes du film, Daveed Diggs et Rafael Casal, qui s’avèrent également en être les deux acteurs principaux, parviennent sans peine à retrouver la recette qui rendait le premier carton international de Spike Lee si fort et attachant : l’équilibre entre l’humour et la dénonciation sociale est parfait, et l’alchimie entre les deux acteurs, qui se connaissent, s’apprécient et travaillent ensemble depuis plusieurs années, est littéralement palpable. Les joutes verbales entre les deux personnages sont souvent hilarantes, les situations cocasses côtoient les passages plus sombres ou engagés, et le tout développe une ambiance à la fois nostalgique, tendre et parfois bien sombre et désabusée, à cent lieues de ce qui est généralement proposé au spectateur dans le genre depuis de très nombreuses années.

Prenant place dans la ville d’Oakland, Blindspotting semble bien ancré dans une certaine « réalité » américaine, et donne en tous les cas une impression assez vivace d’authenticité. On retrouvera d’ailleurs cet attachement à nous proposer un récit plus vrai que nature dans les ruptures de ton que nous propose le film, qui pourra apparaître comme vaguement schizophrène dans un premier temps (d’adaptation dirons-nous), mais qui témoigne surtout de la force et du talent d’écriture de ses stars, Daveed Diggs et Rafael Casal, capables de passer d’un humour aussi affûté qu’efficace à des moments dramatiques absolument dévastateurs. Le fait qu’ils parviennent à passer si facilement de l’émotion au rire et à faire ressortir l’humanité de tous les personnages avec une telle aisance dénote assurément de la naissance de deux grands scénaristes, dont on suivra l’évolution de la carrière avec le plus vif intérêt.

Le Blu-ray

[4,5/5]

C’est donc Metropolitan Vidéo qui permettra aujourd’hui aux (nombreuses) personnes ayant loupé le film en salles de découvrir Blindspotting sur support Blu-ray, et comme à son habitude, l’éditeur a soigné sa copie niveau master. L’image est de toute beauté, la définition et le piqué sont d’une précision impressionnante, les couleurs et les contrastes ne font preuve d’aucune faiblesse. Bref, c’est du beau travail. Côté son, et comme d’habitude avec l’éditeur, VF et VO sont proposées en DTS-HD Master Audio 5.1 et font preuve d’une ampleur et d’un dynamisme tout à fait étonnants. On notera bien sûr que le film s’appréciera avant tout en version originale, ne serait-ce que pour apprécier à leur juste valeur les dialogues « rappés » de Daveed Diggs et Rafael Casal, et leur talent inné pour le spoken word.

Du côté des suppléments, on s’attardera tout d’abord sur une série de scènes coupées, qui prolongeront le plaisir pris devant le film pendant un peu plus de six minutes. On continuera ensuite avec un intéressant making of, revenant sur la genèse du film, la collaboration de longue date des eux acteurs / scénaristes et leur relation de confiance avec le réalisateur Carlos López Estrada. Enfin, et outre un commentaire audio des acteurs Daveed Diggs et Rafael Casal, on se régalera du journal de tournage du réalisateur (17 minutes environ), filmé par le cinéaste à l’aide de son téléphone, et nous proposant de nombreux moments de vérité volés sur le tournage ainsi que de jolis plans d’Oakland.

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