The Phoenician Scheme
États-Unis, Allemagne : 2025
Titre original : –
Réalisation : Wes Anderson
Scénario : Wes Anderson
Acteurs : Benicio Del Toro, Mia Threapleton, Michael Cera
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h37
Genre : Comédie, Drame
Date de sortie cinéma : 28 mai 2025
Date de sortie DVD/BR/4K : 8 octobre 2025
1950. Anatole « Zsa-zsa » Korda, industriel énigmatique parmi les hommes les plus riches d’Europe, survit à une nouvelle tentative d’assassinat (son sixième accident d’avion). Ses activités commerciales aux multiples ramifications, complexes à l’extrême et d’une redoutable brutalité, ont fait de lui la cible non seulement de ses concurrents, mais aussi de gouvernements de toutes tendances idéologiques à travers le monde – et, par conséquent, des tueurs à gages qu’ils emploient. Korda est aujourd’hui engagé dans la phase ultime d’un projet aussi ambitieux que déterminant pour sa carrière : le Projet Korda d’infrastructure maritime et terrestre de Phénicie, vaste opération d’exploitation d’une région depuis longtemps laissée à l’abandon, mais au potentiel immense. Le risque financier personnel est désormais vertigineux. Les menaces contre sa vie, constantes. C’est à ce moment précis qu’il décide de nommer et de former sa successeure : Liesl, sa fille de vingt ans (aujourd’hui nonne), qu’il a perdue de vue depuis plusieurs années…
Le film
[4/5]
Avec The Phoenician Scheme, Wes Anderson pousse son obsession du cadre symétrique et du casting improbable jusqu’à un point de non-retour qui ferait passer The Grand Budapest Hotel pour un documentaire sur les ascenseurs. Le film s’ouvre sur une tentative d’assassinat aérienne, la sixième du genre, visant Zsa-zsa Korda, magnat européen au brushing aussi solide que ses comptes offshore. Dès les premières minutes, The Phoenician Scheme annonce la couleur : ce sera stylisé, absurde, et furieusement théâtral. Et tant pis pour les amateurs de réalisme, ici on est dans un monde où les avions explosent avec élégance et les milliardaires survivent par pure coquetterie narrative.
The Phoenician Scheme se déroule dans un univers parallèle où les années 1950 ressemblent à une pub Chanel shootée sous acide. Les décors sont millimétrés, les costumes taillés au scalpel, et les dialogues débités comme des aphorismes sous Lexomil. Le film suit Zsa-zsa et sa fille Liesl, novice en religion et experte en regards désapprobateurs, dans une enquête tentaculaire mêlant espionnage, héritage familial et clubs marseillais aux néons douteux. On pense bien sûr à La famille Tenenbaum pour la dynamique père-fille, à La Taupe pour les jeux d’espions, et à… Barbie pour la gestion chromatique. Car oui, The Phoenician Scheme est un patchwork, mais un patchwork cousu main, avec du fil doré et des boutons en ivoire de mammouth (fraîchement écarré) (ivoire écarré).
La mise en scène de The Phoenician Scheme est fidèle à la grammaire Andersonienne : plans fixes, travellings latéraux, zooms secs, et une direction artistique qui ferait passer un musée d’Art contemporain pour une brocante. Chaque séquence est une miniature, un diorama animé où les personnages évoluent comme des figurines en quête de sens. Chaque plan est une œuvre d’art, chaque réplique une punchline, chaque costume une déclaration. Ce formalisme exacerbé pourrait lasser, mais il sert ici une thématique centrale : le contrôle. Zsa-zsa contrôle son empire, Liesl contrôle ses émotions, et Wes Anderson contrôle absolument tout, jusqu’à la position des mouches sur les murs. Le film interroge la notion de pouvoir, non pas dans sa brutalité, mais dans sa mise en scène. Qui contrôle quoi, et à quel prix ? Et surtout, pourquoi diable les milliardaires ont-ils toujours des majordomes qui parlent comme des dictionnaires ?
The Phoenician Scheme est aussi un film sur la mémoire. Celle des personnages, qui tentent de reconstituer les morceaux d’un passé fragmenté, et celle du spectateur, qui doit jongler entre flashbacks, faux souvenirs et révélations en cascade. Le scénario, volontairement labyrinthique, joue avec les codes du thriller sans jamais s’y soumettre. Comme vous vous en doutez, on n’est pas tout à fait dans Mission : Impossible – The Final Reckoning non plus. De plus, même si certains rebondissements sentent le recyclage, ils sont emballés avec suffisamment de panache pour qu’on les accepte sans broncher, d’autant plus facilement que le casting est à la hauteur du délire visuel. Benicio Del Toro est un mélange de Don Draper et de mafieux sicilien. Mia Threapleton, en fille tiraillée entre foi et fortune, apporte une gravité bienvenue à l’ensemble. Michael Cera, Riz Ahmed, Tom Hanks… tous jouent leur partition avec un sérieux qui frôle l’absurde. Mention spéciale à Bryan Cranston, dont le personnage de conseiller politique à moustache semble tout droit sorti d’un fantasme de scénariste sous champignons hallucinogènes. Mais le fait est que Wes Anderson ne cherche pas à rendre ses personnages crédibles : il cherche à les rendre mémorables. Et dans ce domaine, The Phoenician Scheme est une réussite.
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[4/5]
Disponible depuis quelques jours sous les couleurs de Universal Pictures, l’édition Blu-ray 4K Ultra HD de The Phoenician Scheme est à l’image du film : soignée, stylisée, et un brin excessive. Le transfert 4K restitue avec brio la direction artistique millimétrée de Wes Anderson. Grâce à l’étalonnage qui nous est à la fois proposé en Dolby Vision et HDR10, les couleurs explosent sans jamais saturer : les rouges sont profonds, les bleus glacés, et les dorures du club marseillais brillent comme un string en latex sous projecteur. Le grain pellicule est conservé, offrant une texture organique qui évite le piège du lissage numérique. Les contrastes sont maîtrisés, les détails des décors (boiseries, tapisseries, avions miniatures) ressortent avec une netteté bienvenue. Côté son, la VO en Dolby Atmos nous offre une spatialisation ample et immersive, avec une belle gestion des ambiances feutrées et des effets discrets. Les dialogues sont clairs, la musique d’Alexandre Desplat bien intégrée, et les scènes d’action aérienne bénéficient d’un relief sonore convaincant. De son côté, la VF en Dolby Digital 5.1 s’en sort honorablement, même si elle manque un peu de finesse dans les transitions et d’impact dans les basses. On privilégiera donc naturellement la version originale, plus dynamique et mieux équilibrée.
Les suppléments du Blu-ray 4K Ultra HD de The Phoenician Scheme sont regroupés dans un court making of (15 minutes), divisé en quatre segments, revenant sur le casting, l’avion, les décors et le Production Design. Chaque module est accessible individuellement, et propose un aperçu modeste mais plaisant des coulisses du film. Rien de révolutionnaire, mais il y a là suffisamment de matière pour prolonger l’expérience du film de façon ludique et informative. Un complément bienvenu, à défaut d’être indispensable.






















