Test Blu-ray 4K Ultra HD : Smile

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Smile

États-Unis : 2022
Titre original : –
Réalisation : Parker Finn
Scénario : Parker Finn
Acteurs : Sosie Bacon, Kyle Gallner, Caitlin Stasey
Éditeur : Paramount Pictures
Durée : 1h55
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 28 septembre 2022
Date de sortie BR/4K : 8 février 2023

Après avoir assisté à un incident traumatisant impliquant un patient, le Dr Rose Cotter se met à vivre des évènements effrayants qu’elle ne peut expliquer. Alors qu’une terreur écrasante s’empare de sa vie, Rose doit affronter son passé afin de survivre et d’échapper à sa nouvelle réalité terrifiante…

Le film

[3,5/5]

Depuis une vingtaine d’années, Jason Blum et sa boite de prod’ Blumhouse Productions trustent littéralement le créneau des films d’horreur à petit budget dans les salles de cinéma. Comme Roger Corman avant lui, le producteur, malin et opportuniste, a fait le choix de privilégier les films à petit budget, tout en privilégiant un concept fort : il s’agit pour la plupart de films dont le pitch pourra être résumé en quelques mots seulement. Ainsi, une sélection de scripts malins aura permis à Blumhouse de s’offrir très régulièrement d’énormes succès dans les salles obscures. Inévitablement, au fil des années, la « recette » utilisée par Jason Blum a fini par faire des petits, d’autres boites désireuses de croquer leur part du gâteau s’étant également lancé dans l’aventure de l’horreur à petit budget.

Et puisque tout le monde semble être à la recherche de concepts aussi simples que percutants, YouTube est devenu un terrain de chasse privilégié pour les producteurs de films d’horreur. De fait, de nos jours, il semble qu’un court-métrage horrifique bien torché auréolé de quelques millions de vues soit devenu une bonne porte d’entrée aux studios Hollywoodiens. Des films tels que Mama, Mister Babadook, Dans le noir, Polaroid, Host ou Come Play ont ainsi tous été adaptés de courts-métrages ayant fait le « buzz » sur Internet, et ayant permis à leurs réalisateurs respectifs de faire leurs premiers pas dans la cour des grands. Smile fait donc partie de cette vague de films nés du succès d’un court-métrage : il s’agit en effet de l’adaptation de Laura hasn’t slept (2020), qui nous donnait à découvrir la fébrile Laura (Caitlin Stasey), terrorisée par des terreurs nocturnes et persuadée d’être la proie d’une entité changeant de forme et de visage. Caitlin Stasey reprendra d’ailleurs son rôle de Laura dans le premier quart d’heure de Smile, et marquera le début de l’intrigue fantastique du long-métrage tout en passant le relai à Sosie Bacon, fille de Kevin Bacon, qui prendra ici de façon assez remarquable la relève de son père et de sa prestation hallucinée dans Hypnose.

Avec ses visuels et ses diverses bandes-annonces quasi-uniquement centrées sur l’idée de ce « sourire qui tue », Smile a été vendu à travers le monde comme un film d’horreur « concept » de plus à destination des adolescents. En France, étant donné qu’il s’agit d’un film distribué par une Major (la Paramount), la commission de classification des œuvres cinématographiques n’a pas cherché à comprendre et a suivi le mouvement, avec une simple interdiction aux moins de 12 ans, qui trahit sans aucun doute le fait que soit personne à la commission n’a effectivement vu le film, soit qu’ils l’ont visionné sans activer le son.

Car s’il y a bien une chose que le scénariste / réalisateur Parker Finn a réussi avec Smile, c’est bel et bien de nous livrer une expérience de cinéma absolument étouffante de malaise et d’intensité. Dans le premier acte du film, le cinéaste choisit de cadrer ses acteurs d’une façon assez singulière et inhabituelle, avec des plans extrêmement serrés sur les visages, qui refusent littéralement au spectateur le moindre point de fuite, la moindre profondeur de champ. Parallèlement à ces plans qui, au cœur d’un cinéma américain extrêmement formaté, développent déjà un sentiment certain d’étrangeté, Parker Finn alterne avec des vues aériennes des plus déstabilisantes, bizarres, inversées ou exagérément longues. Ajoutez à cela une volonté de montrer la violence de la façon la plus frontale et grotesque qui soit, et vous obtenez déjà un film qui, rien que par le choc véhiculé par ses images, aurait mérité une interdiction aux moins de 16 ans – aux États-Unis, le film était « Rated R », ce qui signifie que les mineurs de moins de 17 ans devaient être accompagnés d’un adulte pour le voir au cinéma.

Mais cette interdiction aux moins de 16 ans nous parait d’autant plus indispensable que le remarquable travail de Parker Finn sur l’image trouve également son prolongement dans le traitement du son, qui à force de bruits et de sonorités stridentes et / ou dissonantes et bizarres contribueront à emmener le spectateur bien au-delà de sa zone de confort. Car contrairement à la plupart des films d’horreur pour ados que nous chroniquons volontiers avec un certain plaisir masochiste dans les colonnes de critique-film, Smile se révèle finalement être une expérience extrêmement dérangeante, volontairement conçue pour secouer le spectateur, ce que l’on n’avait plus réellement eu l’occasion de vivre au cinéma depuis, disons, le Halloween de Rob Zombie en 2007. Et le choc n’en est que d’autant plus puissant qu’il vient d’un film dont on n’attendait absolument rien si ce n’est les petits frissons cheap habituels du cinéma horrifique contemporain.

Alors bien sûr, on n’ira pas jusqu’à affirmer que Smile est une réussite absolue, mais il s’agit d’un film d’horreur psychologique qui s’avère, au moins durant ses deux premiers tiers, tellement transcendé par sa mise en scène qu’il détone complètement vis-à-vis du paysage habituel du genre et s’impose comme un spectacle absolument recommandable. Pour autant, à cause de sa structure un peu trop familière, le film de Parker Finn perd un peu de son intérêt dans son dernier acte, mais la plongée du personnage principal dans les abysses de la folie se sera montrée suffisamment puissante lors de ce qui précède pour maintenir l’attention du spectateur en éveil. Par ailleurs, la profondeur de l’histoire et les effets choc que nous réserve le réalisateur tout au long du récit élèvent clairement Smile bien au-delà du « tout venant » du fantastique actuel. Une excellente surprise !

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[4,5/5]

Smile vient tout juste de sortir au format Blu-ray 4K Ultra HD sous les couleurs de Paramount Pictures. Côté image, il s’agit d’un sans-faute absolu : les couleurs sont superbes, le piqué extrêmement précis et le rendu des textures est d’une finesse assez incroyable ; c’est d’autant plus clair et appréciable que, comme on l’a évoqué un peu plus haut, la mise en scène de Parker Finn s’attarde énormément sur les gros plans et les plans rapprochés. La clarté de la peau, des lèvres, des cheveux et des yeux est évidente, et la définition est littéralement au taquet. La profondeur de champ et la densité des couleurs / textures est superbe, et l’étalonnage HDR-10 renforce encore ce sentiment de richesse et de nuances des couleurs. La gestion des noirs est également remarquable, ces derniers affichant une profondeur abyssale, et les blancs sont brillants et intenses. Un travail technique époustouflant. Côté son, la piste VO mixée en Dolby Atmos nous offre également une excellente prestation : l’immersion au cœur du film est optimale. Le tout est parfaitement clair et homogène, les dialogues sont limpides et la spatialisation vous fera assurément sauter au plafond, surtout lors des quelques jump-scares qui émaillent le film. En comparaison, la VF mixée en Dolby Digital 5.1 fait un peu office de parent pauvre, mais nous propose tout de même un environnement acoustique nerveux et efficace. Bref, il s’agit là du choix optimal pour découvrir Smile dans les meilleures conditions possibles.

Du côté des suppléments, le Blu-ray 4K Ultra HD de Smile nous propose une interactivité complète et informative, malgré un côté « promotionnel » assez évident. On commencera donc avec un commentaire audio du réalisateur Parker Finn, avant de se lancer dans la découverte d’un intéressant making of (29 minutes) qui reviendra sur la genèse du film ainsi que sur le lien avec le court-métrage Laura hasn’t slept. Le passage du court au long-métrage est abordé, de même que les personnages du film, les acteurs, les lieux de tournage et les décors. On notera que les extraits du court-métrage aperçus dans le making of pourront malheureusement un peu vous [Spoiler] le plaisir : on vous conseillera donc de visionner en premier lieu l’excellent court-métrage Laura hasn’t slept (11 minutes), qui nous proposé ici avec une courte introduction du scénariste / réalisateur Parker Finn. Place ensuite à un module consacré à l’enregistrement de la musique du film (9 minutes), qui détaille la création de certains des éléments musicaux les plus uniques et bizarroïdes du film. Enfin, on terminera avec une poignée de scènes coupées (12 minutes), proposées avec un commentaire audio optionnel de Parker Finn.

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