Test Blu-ray 4K Ultra HD : L’Incroyable alligator

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L’Incroyable alligator

États-Unis : 1980
Titre original : Alligator
Réalisation : Lewis Teague
Scénario : John Sayles
Acteurs : Robert Forster, Robin Riker, Michael V. Gazzo
Éditeur : Carlotta Films
Durée : 1h31
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 16 juin 1982
Date de sortie BR/4K : 7 mars 2023

Dans les années 1960, une petite fille en vacances en Floride recueille un bébé alligator. De retour à Chicago, son père le jette dans les égouts. 12 ans plus tard, l’alligator a bien grandi notamment en mangeant des cadavres d’animaux ayant servi à des tests scientifiques. Il est alors attiré par le monde extérieur qu’il va trouver plus à son goût…

Le film

[4/5]

Après le succès incroyable des Dents de la mer de Steven Spielberg en 1975, les producteurs de tous bords se sont jetés à corps perdu dans les films traitant de « menace animale ». Des créatures de la mer ou des airs, en passant par celles de la terre comme les lapins, les crapauds, limaces et autres vers de terre, il en pleuvait de partout dans les années 70/80, chaque espèce rivalisant de malice pour renverser de façon meurtrière le règne de l’homme.

Pour autant, on admettra volontiers que les films s’inscrivant dans le sous-genre de la menace animale utilisent généralement un nombre assez restreint de ressorts dramatiques. En gros, sur fond de manipulations génétiques, de mutations ou de rupture comportementale plus ou moins explicable, le film de menace animale opte soit pour la notion d’invasion, qui est plutôt utilisée dans le cas des « petits » animaux, ou pour celle du gigantisme, avec un animal anormalement gros ou agressif s’attaquant à l’homme.

Bien évidemment, L’incroyable alligator appartient à la deuxième catégorie, avec un alligator jeté dans les chiottes dans la première bobine qui finira, au contact des déchets d’un laboratoire travaillant dans l’ombre sur la mutation animale, par devenir un de ces crocos géants hantant les égouts de Chicago, un peu comme dans une de ces bonnes vieilles légendes urbaines que vous avez tous déjà forcément entendu quelque-part.

Cependant, ce n’est pas parce que L’incroyable alligator utilise quelques-uns des clichés du film de menace animale que le scénario du film, signé John Sayles, ne nous réserve pas quelques surprises. En effet, sur cette base riche en promesses, le futur scénariste / réalisateur de Lone Star nous propose en effet un jeu de massacre plutôt ambitieux, faisant non seulement preuve d’une conscience écologique inattendue mais développant également par moments un début de critique sociale tout à fait réjouissante.

Ainsi, on pourra noter que le saurien au cœur de L’incroyable alligator semble doté d’une certaine conscience politique, ne bouffant en effet que des sales capitalistes profiteurs ou des corrompus – un peu comme si le monstre voulait détruire le système pourri dont il est par ailleurs lui-même un produit. Face au croco, on trouvera Robert Forster dans la peau de l’inspecteur Madison. Souffrant de problèmes de calvitie (ce qui nous vaut d’ailleurs un running gag assez amusant), il nous est présenté comme un flic fatigué, hanté par la mort de son partenaire quelques années auparavant.

Derrière la caméra, Lewis Teague s’en sort plutôt bien, utilisant le montage efficacement afin de laisser le plus possible l’alligator animatronique dans l’ombre afin de cacher le plus possible ses mouvements un peu trop rigides. Les scènes d’attaque sont étonnamment réussies, et conservent encore aujourd’hui un punch remarquable. Par ailleurs, L’incroyable alligator ne se prend pas au sérieux, et s’avère souvent assez drôle dans les interactions entre les différents personnages du film. Ces qualités permettent finalement au film de Lewis Teague de traverser les années avec une certaine classe.

Avec un peu plus de 360.000 entrées dans les salles françaises lors de sa sortie en 1982, L’incroyable alligator remporta un joli petit succès. Cependant, beaucoup de cinéphiles ne le découvriraient que quelques années plus tard, par le biais d’une édition VHS chez Antarès & Travelling, qui avait la particularité d’appartenir à une collection de films présentés et recommandés par Sangria, alias Catherine Falgayrac, notre Elvira hexagonale et présentatrice de l’émission Les accords du Diable sur La 5.

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[5/5]

Auparavant disponible en DVD grâce à un coffret édité par Antartic Vidéo, L’incroyable alligator s’offre aujourd’hui une édition Blu-ray 4K Ultra HD pour le moins inattendue, sous les couleurs de Carlotta Films. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat est assez époustouflant. Proposé en HDR10 + Dolby Vision, le film de Lewis Teague s’offre un niveau de détail absolument excellent, un grain d’une finesse absolue, tout en respectant à la lettre la granulation argentique de l’ensemble. Les couleurs sont vives et profondes tout au long du film, et les scènes en basse lumière ne sont pas en reste : les scènes dans les égouts bleutées créent une ambiance plus froide, et les extérieurs affichent d’avantage de chaleur. Du côté des pistes son, exit la spatialisation 5.1 artificielle proposée par le DVD : on retrouvera ici le mixage DTS-HD Master Audio 1.0 d’origine, en VF comme en VO. Les dialogues sont clairs, la musique est soutenue comme il se doit, et les effets sonores sont rendus de façon efficace.

Du côté des suppléments, on commencera avec la présence dans le coffret Steelbook Blu-ray 4K Ultra HD de L’incroyable alligator d’un bonus de choix : il s’agit en effet de la suite du film, Alligator II – La mutation (Jon Hess, 1991). Il s’agit d’une honnête série B, n’ayant cependant pas la méchanceté qui faisait l’originalité du premier film : à part de petites attaques contre l’économie de l’ère Reagan ainsi que contre le racisme au sein de la police, le film s’avère assez inoffensif. Les limites budgétaires du film se font cependant rapidement sentir, et le montage ne pourra pas réellement sauver les meubles : les personnages de Alligator II – La mutation passeront le plus gros de leur temps à fuir une grosse gueule en caoutchouc. Heureusement, Dee Wallace et Richard Lynch constituent néanmoins à eux-seuls une raison suffisante de (re)découvrir le film, au format Blu-ray et DTS-HD Master Audio 2.0 (VF / VO). En plus de la suite du film, on trouvera également sur le Blu-ray 4K Ultra HD du film la version TV de L’incroyable alligator (1h38), avec des scènes coupées mais également quelques scènes supplémentaires, qui seront également regroupées dans un sujet dédié aux scènes coupées du film (10 minutes).

Les autres bonus sont tirés de l’édition américaine Shout Factory du film. On commencera avec un entretien avec le réalisateur Lewis Teague (25 minutes), qui se remémorera tout d’abord sa découverte du scénario ainsi que la réécriture de ce dernier par John Sayles. Il reviendra sur les astuces techniques ayant été nécessaires pur film la créature. On continuera ensuite avec un entretien avec le scénariste John Sayles (17 minutes). Il expliquera avoir essayé de s’inspirer le plus possible du monde réel, en traitant des problèmes sociaux. Il reviendra également sur le casting, et notamment sur Robert Forster, qui a demandé à ce que son début de calvitie soit mentionné dans les dialogues. Beaucoup plus étonnant, on trouvera ensuite un entretien avec Bryan Cranston (22 minutes), qui permettra à l’acteur culte de Malcolm et de Breaking Bad de revenir sur ses premiers pas à Hollywood (pubs, figuration…) et sur sa participation au tournage de L’incroyable alligator par le biais d’un poste d’assistant de production. Il reviendra sur les effets spéciaux du film, ainsi que sur sa rencontre avec Robert Forster. Enfin, en plus des traditionnelles bandes-annonces et Spots TV, on se régalera d’un entretien avec le responsable des effets spéciaux Robert Short (12 minutes), qui reviendra notamment sur les plans « gore » du film, mais également sur ses tâches quotidiennes sur le tournage.

Mais ce n’est pas tout, car on trouvera également quelques suppléments sur le Blu-ray d’Alligator II – La mutation. On commencera avec un entretien avec le réalisateur Jon Hess (16 minutes), qui reviendra sur ses ambitions de départ, ainsi que sur le casting et sur les vrais alligators utilisés sur le tournage. On continuera avec un entretien avec le réalisateur de seconde équipe Eugene Hess (6 minutes), qui est bien entendu le frère du réalisateur Jon Hess. Il reviendra sur le tournage du film, difficile, plein de problèmes techniques, ainsi que sur la fuite d’un véritable alligator à Echo Lake. On terminera enfin par un entretien avec le coordinateur des effets spéciaux John Eggett (7 minutes), engagé pour résoudre de nombreux problèmes avec l’alligator animatronique du film, qui n’a jamais fonctionné comme il le devait, ainsi qu’avec un entretien avec le monteur Marshall Harvey (5 minutes), qui nous livrera une anecdote assez amusante sur Richard Lynch.

On ajoutera par ailleurs que le Blu-ray 4K Ultra HD de L’incroyable alligator édité par Carlotta Films est proposé dans un très beau Steelbook aux couleurs du film, qui contient également le Blu-ray de Alligator II – La mutation. On salut bien bas l’initiative de Carlotta de proposer au consommateur français de superbes Steelbooks de ce genre depuis quelques années (Démons / Démons 2, Cujo, Vampire vous avez dit vampire, Henry portrait d’un serial killer, Le Crocodile de la mort, Razorback, Les Révoltés de l’an 2000…).

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