Les sorties du 13 septembre 2017

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L’automne a pris de l’avance cette année, avec les trombes d’eau qui s’abattent sur Paris en ce moment et les températures fraîches qui nous feraient presque regretter les vaguelettes de chaleur de l’été. C’est donc la saison parfaite pour se rendre dans les salles obscures, au sec et a priori au chaud, pour découvrir un programme hebdomadaire particulièrement vigoureux et varié. A commencer par la sélection française, toujours aussi riche en vestiges cannois, qui comprend en seulement trois films le spectre quasiment complet de la cinématographie nationale, entre film d’auteur et comédie sociale bien intentionnée, c’est-à-dire le cousin fortuné des comédies populaires débiles, qui submergeront sans faille nos salles au mois d’octobre lors des prochaines vacances. Nos années folles n’est sans doute pas à la hauteur du film précédent de André Téchiné, Quand on a 17 ans, mais reste étroitement fidèle aux interrogations sur le genre masculin, qui sous-tendent la filmographie toute entière de ce cinéaste à la sensibilité exceptionnelle. Et Les Grands esprits de Olivier Ayache-Vidal fait joliment le tour des clichés sur la banlieue et l’éducation nationale, sans réellement brusquer personne, les esprits les plus bornés et ignorants peut-être mis à part. Enfin, notre coup de cœur de la semaine est la comédie irrévérencieuse Le Redoutable de Michel Hazanavicius ou comment redonner goût au grand public de s’enthousiasmer pour le trublion de la Nouvelle Vague Jean-Luc Godard.

Le cinéma américain, mi-hollywoodien, mi-indépendant, n’est pas en reste avec quatre films eux aussi représentatifs des courants contemporains majeurs. A commencer par la nécessité des acteurs de toujours plus se réinventer afin de rester pertinents. Premier et probablement meilleur exemple : Tom Cruise, récemment abonné aux films d’action au fond interchangeables, qui s’aventure du côté de la satire de gangster plutôt réussie dans Barry Seal American Traffic de Doug Liman. Même combat pour Chris Evans, certes près de vingt ans plus jeune que Cruise, mais comme lui conscient des limitations d’un rôle héroïque disproportionné, comme celui de Captain America. On le retrouvera donc dans le plus confidentiel et touchant Mary de Marc Webb, le lauréat tout frais du prix du public au dernier Festival de Deauville. Puis, ce tour d’horizon des contre-emplois ne serait pas complet sans mentionner Robert Pattinson, ancien jeune premier caverneux de la saga Twilight, qui continue avec succès à associer son nom à celui de réalisateurs prestigieux. Après David Cronenberg, Anton Corbijn et James Gray, ce sont par conséquent les frères Safdie qui l’accueillent dans leur monde fait de précarité matérielle et affective dans Good time. Face à tant de virilité malmenée, la seule actrice d’envergure de la semaine Jennifer Lawrence s’en sort apparemment avec les honneurs dans Mother ! de Darren Aronofsky, reparti sans trop de surprise bredouille du Festival de Venise, où il a été présenté en avant-première mondiale au début du mois.

Et comme si le nombre élevé de sorties récentes intéressantes ne suffisait pas encore pour remplir amplement sept jours d’emploi du temps de cinéma, les ressorties ont également repris de belles couleurs. Ces cinq films reflètent ainsi des pans forts divers du cinéma international de la deuxième moitié du XXème siècle. Depuis un drame social signé Akira Kurosawa de la fin des années ’40 qui annonce d’ores et déjà le style magistral à venir du maître japonais, jusqu’au dernier film majeur de Milos Forman qui coïncide en quelque sorte avec le dernier rôle ambitieux de Jim Carrey dans Man in the Moon, en passant par le premier film de l’immense Frederick Wiseman, Titicut follies, en attendant la sortie de sa prochaine œuvre-fleuve début novembre, le seul film du génial créateur de génériques Saul Bass l’atypique film catastrophe Phase IV et le retour de Arnold Schwarzenegger au sommet de sa gloire chez James Cameron dans Terminator 2 Le Jugement dernier : il y en a largement de quoi ravir le cœur de tout cinéphile qui se respecte !


Barry Seal American Traffic de Doug Liman (Etats-Unis, Thriller, 1h37, distribué sur 366 copies) avec Tom Cruise, Domhnall Gleeson et Lola Kirke

C’était maintenant de Jean-Christophe Sandt (France, Drame, 1h45) avec Anne Mino, David Meslet et Amandine Claudy

Colombiennes de Carlos Felipe Montoya, Oscar Ruiz Navia, Marcela Gomez Montoya, Simon Mesa Soto et Nicolas Serrano (Colombie, Courts-métrages, 1h20, distribué sur 3 copies)

https://youtu.be/iBwxX-td0CY

Good time de Josh et Benny Safdie (Etats-Unis, Thriller, 1h39) avec Robert Pattinson, Ben Safdie et Jennifer Jason Leigh

Les Grands esprits de Olivier Ayache-Vidal (France, Comédie dramatique, 1h46, distribué sur 250 copies) avec Denis Podalydès, Abdoulaye Diallo et Léa Drucker

Home de Fien Troch (Belgique, Drame d’adolescents, 1h43) avec Sebastian Van Dun, Lena Suijkerbuijk et Loïc Bellemans

Laurent et Safi de Anton Vassil (Mali, Drame musical, 1h55, distribué sur 25 copies) avec Tatiana Rojo, Xavier Jozelon et Teeyah

Mary de Marc Webb (Etats-Unis, Drame familial, 1h41, distribué sur 128 copies) avec Chris Evans, McKenna Grace et Lindsay Duncan

Mother ! de Darren Aronofsky (Etats-Unis, Horreur, 2h02, distribué sur 350 copies) avec Jennifer Lawrence, Javier Bardem et Michelle Pfeiffer

Nos années folles de André Téchiné (France, Drame, 1h43) avec Pierre Deladonchamps, Céline Sallette et Grégoire Leprince-Ringuet

The Party de Sally Potter (Royaume-Uni, Drame, 1h11) avec Timothy Spall, Kristin Scott Thomas et Patricia Clarkson (critique)

Polichinelle et les contes merveilleux de Giulio Gianini et Emanuele Luzzati (Italie, Animation, 0h36, distribué sur 50 copies)

Le Redoutable de Michel Hazanavicius (France, Comédie historique, 1h47, distribué sur 255 copies) avec Louis Garrel, Stacy Martin et Bérénice Bejo (critique)

Reprises

Le Duel silencieux (1949) de Akira Kurosawa (Japon, Drame, 1h35) avec Toshiro Mifune, Takashi Shimura et Miki Sanjo

https://youtu.be/5tyyffeCp4c

Man on the Moon (1999) de Milos Forman (Etats-Unis, Biographie filmique, 1h58) avec Jim Carrey, Danny DeVito et Courtney Love

Phase IV (1974) de Saul Bass (Etats-Unis, Science-fiction, 1h30) avec Nigel Davenport, Michael Murphy et Lynne Frederick

Terminator 2 Le Jugement dernier (1991) de James Cameron (Etats-Unis, Science-fiction, 2h15) avec Arnold Schwarzenegger, Linda Hamilton et Edward Furlong

Titicut follies (1967) de Frederick Wiseman (Etats-Unis, Documentaire, 1h24)

https://youtu.be/L7veHUzpVPc

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