Le Policier

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Le Policier de Nadav Lapid la photos du film

Le Policier de Nadav Lapid l'affiche du filmLe Policier

Israël : 2011
Titre original : Policeman
Réalisateur : Nadav Lapid
Scénario : Nadav Lapid
Acteurs : Ben Adam, Michael Aloni, Meital Barda
Distribution : Bodega Films
Durée : 1h47
Genre : Drame
Date de sortie : Inconnu

Globale : [rating:2][five-star-rating]

Policeman a pour héros le membre d’une unité antiterroriste israélienne confronté à un groupe de jeunes radicaux preneurs d’otages. En dépit de leur antagonisme social, les protagonistes, frappant par leur similaires violence et naïveté, resteront cantonnés aux rôles que leur attribue un réel sans rémission.

Synopsis : Yaron se trouve au coeur d’un groupe de policiers d’élite, appartenant à une unité anti-terroriste de la police israélienne. Ses compagnons et lui sont l’arme, le fusil pointé par l’État sur ses adversaires, «l’ennemi arabe». Yaron adore l’unité, la camaraderie masculine, son corps musclé, sa beauté.
Sa femme est sur le point d’accoucher ; il pourrait devenir père d’un moment à l’autre. Sa rencontre avec un groupe peu commun, violent, radical, le confrontera à la guerre des classes israélienne et à celle qu’il livre à l’intérieur de lui-même.

Le Policier de Nadav Lapid les photos du film

« Policiers, nous ne sommes pas vos ennemis et vous n’êtes pas les nôtres !». La jeune blonde hurle dans son mégaphone, arme à la main. Tenant ses otages en joue, elle tente de négocier avec la police. Dans Ha-shooter (Policeman, en hébreu), chacun est l’otage d’un autre, de son rôle, de ses paroles.

Otages d’un groupe de jeune radicaux, un couple de jeunes mariés. Otages de la police, les kidnappeurs encerclés. Otages des mouvements de révolte, la police dépassée. Otage aussi, le policeman : de son statut, de sa paternité. Otage de lui-même, le peuple israélien ? Le réalisateur aussi, otage de la censure, a dû dépasser l’interdiction de son film aux moins de 18 ans. Et vivre avec.

Des héros impuissants

Suivant un policier, figure héroïque en Israël, le film trace l’itinéraire d’un héros constamment confronté à son propre devoir, certes, mais aussi d’un homme affrontant son quotidien civil. Le policier, otage de son statut, est sur le point d’intervenir sur le cours de l’histoire ; l’homme, lui, est déjà otage d’un enfant à naître. Même l’intrigue qui monte en pression ne déridera pas l’acteur principal, Yiftach Klein (Yaron), impassible. Plus qu’un policeman, il incarne l’Israélien type. Un Israélien viril, baigné de violence, combattant malgré lui.

Lapid filme une guerre au milieu de la guerre, qui devient ici prise d’otage universelle. Prise d’ otage des forces de l’ordre, des opposants, des civils, des esprits. Les unités d’élite arment leurs mitraillettes, barrant d’une croix la photo de chacun des terroristes à maîtriser ; les kidnappeurs s’embourbent, doutent, mais abattent sans scrupule au nom de leurs convictions.

Le Policier de Nadav Lapid la photos du film

Une tempête de drames

Une tension pèse sur l’ensemble du film. Une menace qui s’étend à travers l’engrenage infernal dans lequel sont enrôlés les personnages. L’enfer terroriste et policier investit un mariage, à l’approche d’une naissance, tel un orage qui s’abat sur ces paysages céruléens.

Yaron, témoin de l’histoire, traverse cette tempête encerclé par des frontières invisibles. Perpétuellement aux pieds de murs franchissables mais censeurs ; ce qui n’est pas sans évoquer la barrière de séparation israélo-palestinienne qui isole les civil. Le policier et ses adversaires se débattent, étouffent. Les dialogues sont rares, le contexte suffit au sens : ce mutisme du héros, témoin de ses conflits internes, accentue le suspens et rappelle l’acceptation sous-jacente du peuple israélien avant le soulèvement de la “révolutions des tentes” à Tel Aviv, en septembre dernier.

Otage du réalisme ?

Policeman frappe par son réalisme dès la première scène. Lapid a choisi un cadrage frontal, presque brutal, qui appuie l’argument du film, une lumière crue et insolite, alors que d’habitude filtrée, souvent enjolivée par le cinéma israélien. Lapid assume aussi sa lumière crue sur les paysages. C’est elle l’héroïne qui offre au film tout son crédit.

Résumé

Dans cette tragédie grecque, Nadav Lapid impose toutefois la pudeur : évitant le piège narratif facile de la scène de tuerie hollywoodienne, un écran noir masque ce qui aurait pu être du voyeurisme. Y aurait-il des limites à un cinéma qui est présenté par son auteur comme réaliste ? Déjà, les terroristes, aux physiques de mannequins font vaciller la crédibilité du scénario.
Quelqu’un sort-il grandi de cette prise d’otage à grande échelle ? La scène finale, tuerie générale dont les seuls survivants et vainqueurs sont les personnages les plus forts, laisse un arrière goût de pessimisme… On en sort avec le sentiment d’avoir été soi-même otage d’un réel sans issue.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=yV87ErTBwOA[/youtube]

Cyrielle Gendron, M2 InfoCom Nantes

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1 COMMENTAIRE

  1. Prix du Public pour ce film très remarqué au Festival des Trois Continents Nantais 2011. Tout s’équilibre dans la démonstration des deux clans sauf leur côté va-t-en guerre, à l’image de l’éducation dispensée à la société israëlienne. On combien la discipline excessive contribue à déformer la personnalité. Que ce soit du côté du policier ou des jeunes préparant comme un rituel sacré la mise en pratique de leur plan. Réel suspense, bien que les détails de la mise en place fassent que ça patine parfois, donnant envie de tout revoir en salle ou en dvd côté détails. Regardez bien la noce… Encore mieux la photo de famille…, car c’est là que ça commence à sérieusement parler au spectateur. Et quand le décor gagne le sous-sol, on est dans nos petits souliers, encore que la répétition du slogan par la jeune fille puisse finir par taper sur les nerfs, tout comme peut sembler improbable le noir complet et des cibles aussi bien visées… Il n’empêche, ces petites maladresses sont vite oubliées quand on arrive au fait. C’est certes l’illustration des conflits internes à tout individu, mais aussi la lente avancée de deux armées que tout porte à se colleter, ou deux tendances politiques au bout du rouleau… La plupart des textes ont une portée bienvenue dans l’état actuel du monde, d’autant que Nadav Lapid, en misant beaucoup sur les expressions silencieuses en plan rapproché, avec ensuite cet ultime face-à-face entre deux humains ramenés à l’essentiel, fait mieux que prendre parti.

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