John Carpenter lauréat du Carrosse d’or 2019

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C’est une belle surprise que nous a réservé hier la Société des Réalisateurs de Films, en charge de la Quinzaine des Réalisateurs, en annonçant le nom du 17ème récipiendaire du Carrosse d’or «destiné à récompenser un réalisateur choisi pour les qualités novatrices de ses films, pour son audace et son intransigeance dans la mise en scène et la production».

La filmographie de John Carpenter a marqué le cinéma fantastique mondial, le plaçant aux côtés des plus grands maîtres de l’horreur, tels George Romero ou Joe Dante, avec une maestria et un talent inégalé, un sens de la mise en scène angoissant, une capacité à créer des moments de terreur pure et un regard critique d’une grande acuité sur la société contemporaine. Admirateur revendiqué de Howard Hawks, il lui a rendu des hommages plus ou moins directs dans plusieurs films, comme cela fut mis en valeur lors d’une impressionnante rétrospective au Festival de Belfort en 2013 où ses autres influences furent présentées en parallèle à ses propres œuvres.

The Thing

Dans sa lettre envoyée au cinéaste, le conseil d’administration de la SRF lui exprime clairement son admiration légitime : « Chacun des vos films exalte le plaisir contagieux de la mise en scène, où le travail sur l’espace, le hors-champ, le visible et l’invisible est toujours renouvelé, régénéré, afin de mieux redéfinir la peur. Une peur qui n’oublie jamais de convoquer les émotions de personnages et d’acteurs désormais iconiques : Kurt Russell dans New York 1997 ou The Thing, Jamie Lee Curtis dans Halloween, Adrienne Barbeau dans The Fog, Sam Neill dans L’Antre de la folie. Sans oublier Karen Allen et Jeff Bridges dans Starman, un des mélodrames les plus bouleversants des années 80. Votre clairvoyance de vigie nous paraît encore plus essentielle à un moment où le consumérisme et les dérives politiques ont rejoint l’acmé terrible que vous dénonciez déjà dans Invasion Los Angeles ou Los Angeles 2013. Et tandis que vos magnifiques bandes-son continuent d’inspirer la scène électronique française, nous souhaiterions nous aussi, en tant que cinéastes, réaffirmer notre amour pour votre travail à travers cet hommage si cher à nos cœurs. Et vous remercier ainsi pour l’humour féroce, la puissance plastique, l’imaginaire délirant, la lucidité inouïe de vos films.

On lui doit encore ces autres grands moments de cinéma que sont Dark Star, Assaut, Christine, Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, Prince des ténèbres, son remake du Village des damnés, Vampires ou Ghosts of Mars. Un joli CV enfin honoré au sein d’une section parallèle qui a toujours activement soutenu le cinéma de genre, on se souvient notamment des présentations de Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper et de son retour quarante ans plus tard pour un très bel hommage.

Un choix qui sort des sentiers battus, ses prédécesseurs étant des habitués de la Croisette, à l’exception du premier lauréat, Jacques Rozier, autre grand oublié des grands honneurs internationaux. Mais tous les autres sont passés dans l’une ou l’autre des sections de Cannes, presque tous (à l’exception de Ousmane Sembene) ont été remarqués en compétition officielle, souvent primés, et certains ont fait partie d’un jury, voire de plusieurs, au fil des années. Agnès Varda, disparue quelques heures après cette annonce, a reçu ce même trophée en 2010. Autre singularité de ce choix, John Carpenter n’a plus dirigé de film depuis The Ward en 2010, alors que jusqu’à présent, seul Jacques Rozier n’était plus actif au moment de la remise de son prix.

Assaut

La liste complète des anciens lauréats :

2002 : Jacques Rozier (France)

2003 : Clint Eastwood (Etats-Unis)

2004 : Nanni Moretti (Italie)

2005 : Ousmane Sembene (Sénégal)

2006 : David Cronenberg (Canada)

2007 : Alain Cavalier (France)

2008 : Jim Jarmusch (Etats-Unis)

2009 : Naomi Kawase (Japon)

2010 : Agnès Varda (France)

2011 : Jafar Panahi (Iran)

2012 : Nuri Bilge Ceylan (Turquie)

2013 : Jane Campion (Nouvelle-Zélande)

2014 : Alain Resnais (France) (posthume)

2015 : Jia Zhangke (Taïwan)

2016 : Aki Kaurismäki (Finlande)

2017 : Werner Herzog (Allemagne)

2018 : Martin Scorsese (Etats-Unis)

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