Festival de Gardanne 2015 : jour 5

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Mardi 20 octobre : projection de deux films en avant-première, deux films qui étaient en compétition lors du dernier Festival de Cannes. Tout d’abord, Mountains may depart, du réalisateur chinois Zhang-ke Jia, film qui devrait sortir avec le titre Au delà des montagnes. Ensuite, Plus fort que les bombes, du réalisateur norvégien Joachim Trier.

Mountains may depart

La Chine en pleine mutation

Xiao Wu artisan pickpocket avait marqué l’arrivée de Zhang-ke Jia dans le gotha des réalisateurs chinois. Depuis, des films comme Still Life et A Touch of Sin ont renforcé la notoriété de ce cinéaste qui fait partie de ce qu’on a coutume d’appeler la sixième génération des réalisateurs chinois. Au delà des montagnes est un film en 3 parties espacées dans le temps. Le premier volet se déroule en 1999 et présente l’histoire assez classique de deux amis amoureux de la même femme, Tao : Zhang Jinsheng, très à l’aise financièrement et qui ne pense qu’à l’argent ; Liangzi, modeste mineur de fond. Un saut de 15 ans nous amène vers le deuxième volet, avec son lot de drames, traités sans pathos : les conséquences d’un divorce, le deuil chez l’une, la maladie chez l’autre. Quant au troisième et dernier volet, il se déroule principalement en Australie, en 2025, et il parle avant tout des difficultés de communication entre un père et un fils, tous deux chinois, mais ne parlant même plus la même langue, au point de devoir faire appel à une tierce personne assurant la traduction pour pouvoir tenir une conversation importante. Globalement, il faut voir dans ce film l’observation très fine, teintée d’une pointe de nostalgie et de réprobation, de la profonde mutation que vit depuis plusieurs années la société chinoise, de son occidentalisation de plus en plus évidente, de son appétence de plus en plus évidente pour le système capitaliste. On notera qu’à chaque volet correspond un format d’image différent : 1.37 pour 1999, 1.85 pour 2014, 2.35 pour 2025. Dans le rôle de Tao, on retrouve Zhao Tao, l’épouse du réalisateur, ainsi que l’actrice taïwanaise Sylvia Chang, déjà rencontrée dans de nombreux films. Ce film sortira en salles le 23 décembre prochain.

Plus fort que les bombes 1

Brouillon mais attachant

 De façon très surprenante, Oslo, 31 août, le film précédent de Joachim Trier avait remporté un franc succès, aussi bien chez les spectateurs que chez les critiques. Plus fort que les bombes est un  film américain, avec une petite touche française actée par la présence d’Isabelle Huppert. Une exposition consacrée aux œuvres de la photographe de guerre Isabelle Reed, décédée 3 années auparavant dans un accident de voiture, met face à face un père et ses deux fils. L’occasion pour Joachim Trier d’aborder une foultitude de sujets : la difficulté à surmonter un deuil, les secrets de famille, la communication difficile entre un père et ses fils, l’effet catharsis des jeux vidéo, l’infidélité conjugale, le rôle important des reporters de guerre, leur addiction à ce métier difficile, … Beaucoup de sujets, trop de sujets qui, tous, ne sont finalement qu’effleurés. De plus, la réalisation s’avère très brouillonne : attitude ou maladresse ? Et pourtant, malgré tous ces défauts, il est impossible de ne pas s’attacher à ce film, ne serait-ce que pour la très belle photographie de Jakob Ihre, ne serait-ce que par l’excellente distribution dans laquelle on retrouve, entre autres, Gabriel Byrne, Isabelle Huppert, Jesse Eisenberg et Amy Ryan. Ce film sortira le 9 décembre prochain.

Plus fort que les bombes 2

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