El Estudiante ou Récit d’une jeunesse révoltée

El Estudiante ou Récit d’une jeunesse révoltée

Argentine : 2011
Titre original : El Estudiante
Réalisateur : Santiago Mitre
Scénario : Santiago Mitre
Acteurs : Esteban Lamothe, Romina Paula, Ricardo Felix
Distribution : Epicentre Films
Durée : 1h50
Genre : Drame
Date de sortie : 23 janvier 2013

Co-scénariste de Leonora, Carancho et de Les bidonvilles de la vierge,  trois des meilleurs films de Pablo Trapero, le trentenaire Santiago Mitre prend pour la première fois la casquette de réalisateur d’un long métrage avec El Estudiante ou Récit d’une jeunesse révoltée. Pour ce qui est des récompenses, la réussite est totale : son film en a gagné de nombreuses dans la vingtaine de festivals où il a été présenté, les critiques argentins l’ont abondamment distingué tout comme l’équivalent argentin des Oscars. On peut toutefois se poser une question : quel impact ce film très riche en dialogues et très ancré dans la vie politique argentine peut-il avoir sur un public non hispanophone et peu au fait de ce qui se passe au pays du tango ?

Synopsis : Roque, jeune provincial, commence des études à l’Université de Buenos Aires. Peu motivé, il passe son temps à séduire les filles et errer dans la fac. C’est en tombant amoureux de Paula, une jeune enseignante engagée, qu’il va rencontrer le militantisme et devenir proche du syndicat étudiant. Avec Alberto, ancien politique, il va apprendre les codes et devenir un leader pour enfin trouver sa voie…

Comment devenir un Rastignac à l’insu de son plein gré !

Florentino Ameghino, 850 km de Buenos-Aires, en pleine Patagonie argentine : une bourgade qui doit représenter quelque chose comme le « trou du cul du monde » pour les porteños de la capitale. Quand Roque, jeune étudiant originaire de ce village, arrive à l’université de Buenos-Aires, il ne connaît personne et une seule chose l’intéresse vraiment : les jeunes filles ! La politique, la vie syndicale étudiante : il n’y connaît pratiquement rien et c’est à peu près le cadet de ses soucis. Seulement voilà : il tombe vite amoureux de Paula, une jeune enseignante très militante, et, à ses côtés, il va se glisser petit à petit dans la peau d’un syndicaliste étudiant. En effet, par  l’intermédiaire de Paula, il fait la rencontre d’Alberto Acevedo, un professeur de l’Université, un homme plus âgé que Roque et Paula et qui fut autrefois impliqué au niveau national dans la vie politique du pays. Intéressé par le mélange de naïveté, de docilité de Roque mais aussi par son cynisme et son ambition, Alberto le prend sous son aile et l’aide à gravir les échelons dans la hiérarchie étudiante : lui qui vise là tête de l’université et que les scrupules n’étouffent pas, a senti tout le bénéfice qu’il pourra tirer de ce futur allié.

Une intrigue très compliquée, trop compliquée

Santiago Mitre ne cache pas qu’il s’est beaucoup inspiré de Un prophète, le film de Jacques Audiard, pour la construction de son film et la description du personnage principal ; comme Malik, Roque, totalement inexpérimenté au départ et plutôt crédule, se transforme petit à petit en quelqu’un de puissant et dominateur. Santiago Mitre a d’ailleurs poussé Esteban Lamothe, l’acteur qui interprète Roque, à visionner le film d’Audiard afin de s’inspirer du jeu de Tahar Rahim quant à sa façon de s’exprimer, de se déplacer et de regarder, au fur et à mesure de son évolution. En résumé, El Estudiante, que son réalisateur présente comme un film politique et pas un film militant, raconte comment quelqu’un n’ayant aucun passé politique, aucune formation idéologique arrive, presque par hasard, à devenir un animal politique totalement investi dans cette passion nouvelle. Voilà un sujet intéressant, voilà un film qui s’annonce sous les meilleurs auspices ! Oui … mais ! Sur ce sujet fort intéressant, Santiago Mitre arrive malheureusement à nous rendre une copie qui, trop souvent, s’apparente à un pensum, tout au moins pour un public n’ayant pas une connaissance très pointue de la vie politique argentine : le film est excessivement bavard, on passe d’une assemblée générale à l’autre, on croule sous l’accumulation de magouilles et de coups fourrés, on entend siffler les anathèmes que se balancent entre eux les différents mouvements étudiants, sans comprendre grand chose à ce qui se passe. Les syndicats et les partis sont désignés par des sigles qui, pour nous, sont totalement abscons, on s’y perd entre les étudiants, qui, manifestement, étudient peu, les maîtres-assistant et les professeurs, tous ces braves gens n’arrêtent pas de chercher à savoir qui est ou a été péroniste. Résultat : face à ce film qui donne une vision totalement noire de la politique, très vite, on s’ennuie !

Un gros défaut, mais de belles qualités

Même si on n’arrive pas à se passionner pour une histoire à laquelle on reste la plupart du temps totalement extérieur, El Estudiante n’est pas sans qualités : la mise en scène est efficace, la photo et le montage ne souffrent d’aucun défaut majeur. Quant aux comédiens, bien dirigés par ailleurs, on retrouve un excellent Esteban Lamothe qu’on avait vu il y a peu dans Villegas. On notera à son sujet une curiosité typiquement argentine, le cinéma de ce pays semblant avoir un goût particulier pour la vérité dans les détails, géographiques ou autres. Eh bien, le comédien Esteban Lamothe qui joue le rôle de Roque, natif de Florentino Ameghino, est né à … Florentino Ameghino. Quant à Paula, elle est interprétée de façon très convaicante par la charmante Romina … Paula.

Résumé

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