Downton Abbey : un château à la campagne

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Downton Abbey : un château à la campagne

Downton Abbey : un château à la campagne

Diffusé pour la première fois en septembre 2010 en Grande-Bretagne, Downton Abbey a été un succès aussi immédiat qu’inattendu. Exportée depuis, elle remporte, quel que soit le pays de sa diffusion, des audiences records. Le monde se passionne pour les aventures des Crawley et de leur personnel au château de Downton. Retour sur un phénomène.

1912, dans la campagne anglaise. Au lendemain du naufrage du Titanic, les Crawley sont effondrés d’apprendre que certains membres de leur famille ont péri dans la catastrophe. La perte est terrible mais plus encore, elle menace leur existence à Downton Abbey, immense château gouverné par Carson (Jim Carter) le majordome. En effet, Lord Robert Crawley (Hugh Bonneville) et sa femme Cora (Elisabeth McGovern), les résidents, ont pour seul descendance trois filles : Mary (Michelle Dockery), Edith (Laura Carmichael) et Sybill (Jessica Brown Findlay). Or, comme très souvent à l’époque, le château, et la fortune qui l’accompagne, doivent revenir à un homme. Les successeurs étaient tout désignés, des cousins proches, mais le voyage inaugural du bateau réputé insubmersible aura mis à mal ces plans. Ainsi, entre en scène Matthew (Dan Stevens), nouvel héritier désigné par l’ordre de succession. Avocat vivant avec sa mère Isobel (Penelope Wilton), ils vont très rapidement se heurter à l’hostilité des Crawley, dépités de voir leur fortune leur échapper au profit d’un inconnu. Mais Matthew et Isobel ne semblent que peu intéresser par cet argent. Leur simplicité, leur gentillesse, leurs idées avant-gardistes vont surprendre, attendrir ou agacer les Crawley qui finiront par les adopter.

 Des personnages aussi nombreux que soignés

Au service des Crawley, le personnel du château. Menés avec rigueur et bienveillance par Carson et son pendant féminin Mrs Hughes (Phyllis Logan), les valets, gouvernantes et bonnes nous font découvrir l’envers du décor de Downton. Bien moins révérencieux que leurs patrons aristocrates, le personnel de maison nous donne l’occasion de rencontrer des personnages inquiétants -O’Brien (Siobhan Finneran) et Thomas (Rob James-Collier) arrivistes et comploteurs nés-, touchants -Anna (Johanne Froggatt) et Mr Bates (Brendan Coyle) timide couple en devenir, ou drôles -la jeune Daisy (Sophie McShera) gentiment malmenée par Mrs Patmore (Lesley Nicol), la cuisinière du château-  et de se passionner pour leurs histoires.

Pour autant, Julian Fellowes le créateur, n’oublie pas de soigner les interactions entre les Crawley. La rivalité entre Mary, belle jeune femme aux nombreux prétendants et de sa cadette, moins gracieuse, aux soupirants inexistants, donne lieu à une succession de coups bas et remarques blessantes assez délicieuse. De même, les phrases assassines de Violet, mère de Robert (brillamment joué par l’excellente Maggie Smith) est un régal télévisuel. Enfin, et non des moindres, le savoureux jeu de chat et de la souris entre Mary et Matthew, principal arc narratif des deux premières saisons. Lorsque le couple se rencontre pour la première fois, tout le monde espère leur union –seul moyen pour Mary de devenir héritière du château-. Mais, la jeune femme forte et plutôt entêtée, ne l’entend pas de cette oreille et met un point d’honneur à traiter le jeune avocat avec dédain et froideur. Pourtant, le charme et l’intelligence de Matthew finiront par charmer la jeune femme. Malheureusement le dernier épisode de la première saison se termine par leur rupture, Mary tardant à donner sa réponse à la demande en mariage du jeune homme.

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Une série hors du commun

Le tour de force de Downton Abbey est d’avoir su bousculer intelligemment les codes scénaristiques en place.  En effet, là où les séries d’aujourd’hui se focalisent sur des héros solitaires ou additionnent les personnages pour finalement ne savoir qu’en faire, Downton Abbey parvient à réunir dans chaque épisode 18 personnages réguliers et quelques-uns récurrents. L’effet négatif est une introduction des protagonistes plutôt dense. Et c’est bien le seul. En effet, force est de reconnaître que posséder une telle distribution permet un éventail de relations éclectiques, des intrigues fouillées et laisse la possibilité à un public plus large de s’identifier aux personnages.

Le deuxième pied-de-nez aux conventions actuelles est d’avoir posé l’action au début du siècle dernier. À l’exception de Mad Men qui remonte aux années 60, toutes les séries à succès sont contemporaines. Ici point de docteurs énamourés ou d’experts scientifiques, le seul focus restant sur les histoires particulièrement travaillées, les acteurs excellents (Maggie Smith et Michelle Dockery en tête) et le décor, magique.

À savourer sans modération.

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