Critique : Le vrai du faux

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Le vrai du faux

France : 2022
Titre original : –
Réalisation : Armel Hostiou
Interprètes : Cromix Onana Genda Cristo, Peter Shotsha Olela, Sarah Ndele
Distribution : Météore Films
Durée : 1h22
Genre : Documentaire
Date de sortie : 7 juin 2023

3.5/5

Aujourd’hui âgé de 46 ans, Armel Hostiou est diplômé de la Fémis, et, après avoir réalisé des court-métrages et des vidéo-clips, il a réalisé son premier long-métrage, Rives, en 2011. Après un second long-métrage de fiction, Une histoire américaine, avec Vincent Macaigne en tête d’affiche et sorti en 2015, Armel Hostiou s’est lancé 4 ans plus tard dans le documentaire avec La pyramide invisible, tourné en Bosnie. C’est de nouveau un documentaire qu’il nous présente avec Le vrai du faux, mais un documentaire très particulier qui donne aux spectateurs l’impression de visionner un film de fiction.

Synopsis : Un jour, je découvre que j’ai un deuxième profil Facebook : un faux Armel Hostiou avec de vraies photos de moi et plein d’amies vivant toutes à Kinshasa. Il les invite aux castings de mon prochain film censé se dérouler en République démocratique du Congo. Face à l’impossibilité de clôturer ce compte, je décide de partir à la recherche de mon double…

Une situation kafkaïenne

« Un jour, un ami m’a dit que j’avais 2 profils, un sans photo de moi qui est le mien, et puis un autre, avec des photos de moi, mais qui n’était pas le mien. Ce second profil avec plein d’amis, mais que des femmes habitant toutes à Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo » . Sur ce compte Facebook, de nombreux messages pour des castings de films que son propriétaire se proposait de réaliser. Face à cette situation, le premier réflexe d’Armel Hostiou a été de contacter Facebook pour signaler cette usurpation d’identité et leur demander de clôturer ce faux compte. « Mon cher monsieur, il ne s’agit pas d’un faux profil et le compte ne sera pas clôturé » a été la réponse du réseau social. Face à cette situation kafkaïenne qui « laissait entendre que si l’autre n’était pas le faux, eh bien le faux c’était lui », Armel Hostiou a décidé de faire d’une pierre deux coups : aller sur place, à Kinshasa, pour démasquer l’usurpateur et en profiter pour faire un film à partir de ce scénario digne d’un film de fiction que lui proposait la vie réelle.

Toutefois, Armel Hastiou était conscient des difficultés qui l’attendaient s’il arrivait sans relai local dans cette ville tentaculaire qui, avec ses 16 millions d’habitants, est la plus grande agglomération francophone du monde et c’est pourquoi il a commencé par prendre contact avec « Ndaku ya, la vie est belle », une coopérative d’artistes située dans le quartier de Matonge, un des principaux lieux de la vie nocturne de Kinshasa. Non seulement cette coopérative a facilité l’obtention d’un visa pour Armel ainsi que pour Amaury Arboun, son ingénieur du son, mais ses membres l’ont accueilli à bras ouverts et ont décidé de l’aider à retrouver l’usurpateur. C’est ainsi qu’un petite équipe s’est constituée, comprenant Peter Shotsha Olela, le manager de la coopérative, Sarah Ndele, une artiste de la résidence et Elie Mbansing à qui Armel Hastiou a confié la seconde caméra, lui permettant ainsi de devenir un des protagonistes de son film.

Vrai documentaire ou fausse fiction ?

Malgré le gigantisme de Kinshasa, l’enquête menée par l’équipe franco-congolaise n’a finalement pas été trop difficile à mener, ne serait-ce que parce que certains membres de « Ndaku ya, la vie est belle » avaient des amis Facebook communs avec le faux Armel Hostiou. L’homme qu’on découvre à la suite d’une rencontre en caméra caché ne s’avère pas du tout gêné d’être démasqué, expliquant qu’Armel n’est pas le seul réalisateur dont l’identité a été usurpée, expliquant aussi qu’il lui paraissait tout à fait normal de demander 10 dollars à toutes les jeunes femmes se montrant désireuses de participer aux (faux !) castings qu’il organisait : « tu vas pas devenir star comme ça, sans payer quelque chose ! ». Concernant la suite du film, il se montre prêt à y participer, à 2 conditions toutefois : être rémunéré et que le résultat final ne soit pas à charge contre lui. En fait ce Cromix Onana Genda Cristo s’avère être tellement bon comédien dans son comportement qu’Armel Hostiou ne peut s’empêcher de se demander si ce « démasquage » de l’usurpateur n’aurait pas été monté de toute pièce par Peter Shotsha Olela qui aurait donné à Cromix Onana tous les détails nécessaires pour jouer le rôle du faux Hostiou, afin que le vrai ait le plaisir que peut donner le sentiment d’avoir bouclé son enquête. Une sorte de film dans le film, en quelque sorte !

Tout à la fois comédie, thriller et film policier, film dans lequel des chiens s’appellent Macron et Trump, Le vrai du faux n’oublie pas d’insister sur le contexte africain de l’histoire avec, d’un côté, le passage, au cours de l’enquête, chez un marabout dont les compagnons congolais d’Armel sont hésitants quant aux caractères vrais ou faux des dons qu’il affiche, et, de l’autre, la manifestation de l’emprise psychologique qu’a laissée la colonisation sur le peuple congolais avec, par exemple, cette remarque qu’on entend dans le film : « on vit au Congo mais nos esprits sont ailleurs ».

Conclusion

En voyant Le vrai du faux, présenté comme étant un documentaire, on se demande en permanence si on est en face d’un vrai documentaire ou d’une fausse fiction. Deux certitudes toutefois : c’est bien le vrai Armel Hostiou qui l’a réalisé et le résultat est vrai.ment réjouissant.

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