Critique : Frankie

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Frankie

France, Portugal : 2019
Titre original : –
Réalisation : Ira Sachs
Scénario : Ira Sachs, Mauricio Zacharias
Interprètes : Isabelle Huppert, Brendan Gleeson, Marisa Tomei
Distribution : SBS Distribution
Durée : 1h38
Genre : Drame
Date de sortie : 28 août  2019

4/5

Né à Memphis, c’est en 1992, à l’âge de 27 ans, que Ira Sachs a tourné son premier film, Vaudeville, un moyen métrage. Depuis Forty shades of blue en 2005, il tourne au rythme d’un film tous les deux ans. Avec des films comme Love is strange et Brooklyn Village, il est devenu une figure importante du cinéma indépendant américain. Cette année, son dernier film, Frankie, était en compétition au Festival de Cannes où, au sein d’une sélection très moyenne, il a été injustement oublié. Assez curieusement pour ce réalisateur qui a beaucoup tourné à New-York, il s’agit d’une production franco-portugaise, tournée au Portugal avec une distribution internationale dont la figure de proue est Isabelle Huppert.

Synopsis : Frankie, célèbre actrice française, se sait gravement malade. Elle décide de passer ses dernières vacances entourée de ses proches, à Sintra au Portugal.

Une réunion familiale

Située à 25 kilomètres de Lisbonne, Sintra est une petite ville portugaise, à la fois station balnéaire et lieu de culture, classée par l’UNESCO au patrimoine culturel de l’humanité. C’est dans ce lieu plein de charme que Frankie, une actrice française réputée, a réuni pendant quelques jours sa famille recomposée et ses amis les plus proches. Il y a là Jimmy, son mari, Michel, son ancien mari, Paul, le fils de Frankie et de Michel, Ilene, une coiffeuse de cinéma, amie new-yorkaise de Frankie. Il y a aussi Sylvia, la fille de Jimmy, qui voudrait divorcer de son mari Ian, et leur fille Maya, ainsi que Gary, un chef opérateur amoureux d’Ilene alors que Frankie verrait d’un bon œil une idylle se nouer entre Ilene et Paul, sur le point d’aller vivre à New-York.

Vous trouvez que cela fait beaucoup de monde ? Cela fait beaucoup de monde, en effet, mais, dans ce film choral, les protagonistes et leurs problèmes sont introduits petit à petit, de façon très naturelle, et c’est aussi très progressivement qu’on comprend pourquoi Frankie s’est mis en tête de réunir ce petit monde : elle est malade, elle sait que ses jours sont comptés.

Finesse et pudeur

Unité de lieu : Sintra. Unité de temps : l’action se déroule sur une seule journée. Frankie ressemble à une pièce de théâtre, s’apparente à du Tchékov, mais n’a aucun des défauts du théâtre filmé, en grande partie grâce à la beauté tranquille et sereine des lieux arpentés par les protagonistes tout au long de cette journée. Avec beaucoup de finesse et de pudeur, sans aucun pathos, Frankie nous parle de la naissance des couples, de la mort des couples, de la mort, tout court, et de comment on peut s’y préparer. Frankie est aussi un film qui, sans que cela soit fait sous forme d’un jugement asséné aux spectateurs, montre la vacuité des relations qu’on peut parfois trouver dans la tranche de la société qui y est décrite, friquée, bourgeoise, les conversations entre Frankie, qui sait que sa fin est proche, et son fils parlant bien plus d’argent que de sentiment.

Un film très international

Film franco-portugais, Frankie est en fait un film très international, dans lequel on parle anglais, français et portugais : un américain comme réalisateur et coscénariste, un brésilien (Mauricio Zacharias) comme coscénariste, un portugais, Rui Poças, comme Directeur de la photographie. C’est à lui qu’on doit la belle mise en valeur de Sintra,  avec de nombreux plans-séquences, parfois très longs, jamais trop longs. Et que dire de la distribution ? Une distribution dominée par Isabelle Huppert, absolument irréprochable dans ce film, mais qui réunit aussi l’irlandais Brendan Gleeson dans le rôle de Jimmy, le français Pascal Greggory dans celui de Michel, le belge Jérémie Renier qui joue Paul, l’américaine Marisa Tomei interprète d’Ilene, l’américain Greg Kinnear interprète de Gary et les britanniques Vinette Robinson et Ariyon Bakare dans les rôles de Sylvia et Ian.

Conclusion

Comme l’a fait Woody Allen avant lui, le très new-yorkais Ira Sachs a choisi de s’exiler en Europe ne serait-ce que le temps d’un film. Ce séjour d’un jour à Sintra s’avère très riche en abordant avec finesse et pudeur le thème positif de la naissance des couples, celui, plus négatif, de leur mort, et celui, encore plus sombre, d’une mort annoncée. Entourée par une très bonne distribution, très internationale, Isabelle Huppert trouve ici un de ses meilleurs rôles.

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