Breaking Bad Saison 5 épisode 3 : Hazard Pay

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«Hazard Pay» est un magnifique épisode de Breaking Bad. Visuellement tout d’abord, la série ne cesse de trouver de nouvelles manières de représenter la production de drogue dans de brillants montages, ici en montrant ce qui se passe à l’échelle moléculaire.On sent dans cet épisode que l’intrigue est accélérée par le fait que la saison soit plus courte (8 épisodes contre les 13 habituels) : le conflit Mike/Walter s’amplifie sérieusement, au point que Walt, dans une dernière scène terrifiante, évoque la possibilité de disposer de Mike comme Gus s’était occupé de Victor au début de la saison 4. Ostensiblement, il s’oppose à Mike sur la question pratique qui donne son titre à l’épisode, mais il s’agit surtout d’une nouvelle démonstration de l’implacable besoin que Walt a de contrôler son environnement. Il le dit clairement à Saul : Mike peut gérer le côté business, mais Heisenberg  pense contrôler Mike.

Cet épisode nous montre que Walt a peut-être raison de se penser maître du monde, tant il manipule Jesse et Marie avec une effrayante facilité. Face à une Marie inquiète qui demande des explications quant à son attitude et au pétage de plombs impressionnant de Skyler, il parvient à rediriger toutes les fautes sur son épouse sans en avoir trop l’air, et à se faire passer pour une victime. D’autre part, il se débarrasse du risque Andrea/Brock en jouant la figure paternelle auprès de Jesse… mais il est très clair dans la dernière scène que son intérêt n’était que feint. Quand on compare ces deux conversations avec le Walter impuissant des saisons précédentes, qui avait remis Hank sur sa piste après avoir trop bu par exemple, on ne peut qu’être impressionné par la métamorphose totale de notre « héros ».

Cette métamorphose, Vince Gilligan (créateur de la série), l’a bien souvent résumée comme étant la transformation de Mr.Chips (un timide enseignant de la littérature britannique) en Tony Montana, le héros de Scarface. Dans une scène peut-être un peu trop évidente, Walter, en train de justement regarder le film, commente que « tout le monde meurt dans ce film »… Gilligan joue ainsi avec nos nerfs en laissant entendre une fin extrême pour la série.

 

Dès la première scène de la saison, Gilligan a été très clair sur le point d’arrivée : d’ici un an,  Walt en sera réduit à des mesures extrêmes et probablement désespérées. Mais la série propose de nombreuses possibilités sur ce qui l’amènera à sa chute : une confrontation directe avec Mike ? Avec Jesse, si celui-ci réalise à quel point sa relation avec Walt est fondée sur d’énormes mensonges ? Ou sera-ce Skyler qui, désespérée, finira par le vendre aux autorités ? Et c’est sans compter sur la perpétuelle menace qu’est Hank, malheureusement absent cet épisode, ou encore la maison-mère de Gus, Madrigal.

Ce qu’on voit dans cet épisode, c’est que, dans tous les cas, Walt l’aura mérité. Le thème central de Breaking Bad est que les actions que l’on fait ont des conséquences au bout du compte. Walt, comme le dit si bien Mike, se croit être devenu Jesse James sous prétexte qu’il l’a tué. Ce comportement, bien qu’il soit assez efficace pour le moment, ne peut que lui coûter à la fin.

 

Dans la tradition de la série, cet épisode combine donc une maîtrise visuelle et technique (le montage, les scènes dans les différents entrepôts) avec une intrigue tendue (Walt vs. Mike) et des personnages fascinants et complexes (Aaron Paul donne une excellente performance en tant que Jesse cet épisode, montrant à quel point il est totalement perdu et sous l’emprise de Mr.White).

 

 

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