Critique : Barbara

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Barbara

France : 2017
Titre original : –
Réalisation : Mathieu Amalric
Scénario : Mathieu Amalric, Philippe Di Folco
Acteurs : Jeanne Balibar, Mathieu Amalric, Vincent Peirani
Distribution : Gaumont Distribution
Durée : 1h37
Genre : drame, biopic
Date de sortie : 6 septembre 2017

3.5/5

33 ans déjà depuis la première apparition sur les écrans de Mathieu Amalric en tant que comédien, et déjà 20 ans depuis la réalisation de son premier long métrage, Mange ta soupe. Après avoir obtenu le prix de la mise en scène du Festival de Cannes en 2010 pour Tournée, Mathieu Amalric a vu cette année son film Barbara faire l’ouverture de la sélection Un Certain Regard. Ce faux biopic a fait l’objet d’une très bonne réception, aussi bien de la part de la critique que des cinéphiles.

Synopsis : Une actrice va jouer Barbara, le tournage va commencer bientôt. Elle travaille son personnage, la voix, les chansons, les partitions, les gestes, le tricot, les scènes à apprendre, ça va, ça avance, ça grandit, ça l’envahit même. Le réalisateur aussi travaille, par ses rencontres, par les archives, la musique, il se laisse submerger, envahir comme elle, par elle.

Une mise en abyme complète

Si on ne le savait pas déjà en entrant dans la salle, on comprend très vite que Barbara n’est pas un véritable biopic de la chanteuse Monique Serf, qui prit Barbara comme nom de scène en 1952 : non, Jeanne Balibar y joue le rôle de Brigitte, une actrice qui a été choisie par un réalisateur, Yves Zand, pour interpréter le rôle de Barbara dans le film qu’il est sur le point de de réaliser. Le rôle d’Yves Zand étant interprété par Mathieu Amalric, la mise en abyme est complète !

Tout au long du film, le spectateur est transporté de scènes de la vie de tous les jours d’une actrice et d’un réalisateur à des scènes liées à la réalisation du film en passant par des images d’archive dans lesquelles apparait la véritable Barbara. L’occasion pour Amalric de donner sa vision du travail que doivent entreprendre une actrice et un réalisateur dans la préparation d’un film, que ce soit chacun de leur côté ou conjointement. Quant à Barbara, c’est au travers de l’actrice qui l’interprète qu’on perçoit son caractère difficile tout en étant mélancolique et attachant, à la fois capricieux et excentrique, tendre et passionné.

L’art du faux biopic

Le biopic est un genre bien particulier qui a accompagné toute l’histoire du cinéma. L’histoire que raconte un biopic peut chercher à être la plus exhaustive possible ou se limiter à une période bien précise de la vie du personnage concerné. A côté des biopics classiques qui prétendent à la vérité historique tout en versant le plus souvent dans l’hagiographie, il existe quelques exemples de ce qu’on qualifiera de faux biopics, des films dans lesquels la vie d’un personnage est racontée de façon détournée. A titre d’exemple, on citera I’m not there, de Todd Haynes dans lequel l' »objet » du film, Bob Dylan, est interprété par 6 acteurs différents, dont Cate Blanchett, une femme.

Mathieu Amalric n’est certes pas allé aussi loin que le réalisateur américain mais il faut reconnaître que la vision de Barbara génère un certain trouble chez le spectateur : dans ce film construit autour des chansons de Barbara, chansons dont certaines sont interprétées par la chanteuse et d’autres par l’actrice travaillant son incarnation de Barbara, on arrive très souvent à ne plus savoir  si on est en face de Brigitte / Barbara ou de la « grande dame brune », on ne sait plus qui chante, on ne sait plus si le réalisateur fait le portrait de la chanteuse ou celui de l’actrice qui fut sa compagne 7 années durant. Mais qu’importe ! On se laisse facilement gagner par le charme de deux voix très particulières, par les chansons qui sont gravées pour toujours dans la mémoire collective de notre pays et même par le caractère décousu du film, ce qui n’aurait sans doute pas été le cas dans le cadre d’un biopic « normal ».

Une Jeanne Balibar éblouissante

A la vision de Barbara, une certitude gagne très vite le spectateur : sans la présence de Jeanne Balibar, le film n’aurait pas pu exister ! Ou alors, beaucoup moins bien. Même si l’actrice est beaucoup plus grande que ne l’était la chanteuse, la ressemblance physique est frappante et la diction si particulière (et souvent si décriée !) de l’actrice n’est pas sans rappeler le phrasé du chant de Barbara. Même dans ce qu’on connait de la gestuelle des deux femmes, dans ses films pour l’une, sur scène pour l’autre, il y a énormément de points communs. Ajoutons à tout cela les qualités de chanteuse de l’actrice, des qualités qu’elle avait dévoilées dès 2003, lors de la parution de « Paramour », son premier album. Il n’empêche : on ne peut qu’être bluffé lorsqu’on l’entend se mesurer à ces monuments que sont « Göttingen » ou « Nantes ».

Pour interpréter le rôle d’Yves Zand, un réalisateur totalement obsédé par son projet, Mathieu Amalric a fait appel à … Mathieu Amalric. A-t-il toujours été un fan de Barbara ? Est-il toujours un fan de Jeanne Balibar ? Etait-il lui aussi totalement obsédé par son projet ? Mystère ! En tout cas, le résultat s’avère convaincant, même si, problème qui semble devenu récurrent dans le cinéma français, les dialogues sont parfois difficiles à comprendre. Rassurez vous : on est quand même loin de la bouillie vocale de Rodin.

Conclusion

Mathieu Amalric s’est montré d’une grande intelligence en faisant le choix de réaliser un biopic sur Barbara qui ne soit pas vraiment un biopic, la mise en abyme qu’il met en scène l’autorisant beaucoup plus facilement à ne montrer que ce qui lui parait important sans s’attirer les foudres des fans et des spécialistes de la chanteuse. Quant à Jeanne Balibar, elle est extraordinaire dans un rôle vraiment fait pour elle.

1 COMMENTAIRE

  1. l’actrice Jeanne Balibar est superbe dans le rôle mais Amalric est imbuvable. Il a eu l’art de me décevoir de ce film Il est omniprésent et avec un air idiot et suffisant.

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