Albert Nobbs

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Albert Nobbs avec Glenn Close photo du film

Albert Nobbs

Britannique, irlandais : 2011
Titre original : Albert Nobbs
Réalisateur : Rodrigo Garcia
Scénario : Glenn Close, Gabriella Prekop , John Banville
Acteurs : Glenn Close, Jonathan Rhys Meyers, Aaron Johnson
Distribution : Chrysalis Films
Durée : 1h 57min
Genre : Drame
Date de sortie : 22 février 2012

Globale : [rating:3.5][five-star-rating]

Glenn Close, nominée aux Oscars 2012 pour sa performance, faite de transformations et d’intériorité, n’a finalement pas été choisie. Néanmoins beaucoup disent que ce film est le plus abouti de son épatante carrière. Alors qu’elle avait déjà interprété le rôle-titre au théâtre, elle reprend le personnage pour son adaptation au cinéma.

Synopsis : Albert Nobbs est un majordome tout ce qu’il y a de plus normal. Il travaille à plein temps à l’hôtel Morrison pour une directrice pleine de poigne. Dépensant toutes ses heures au travail, peu de place est laissée à une vie sociale épanouie. Alors qu’il semble complètement maître de son destin, sa vie prend un nouveau départ lorsqu’il rencontre M. Page, ce dernier ne va pas tarder à découvrir l’incroyable secret que cache ce serveur sans histoire…

Albert Nobbs avec Glenn Close photo du film

Un film tourné vers l’intériorité …

Albert Nobbs, majordome ordinaire, marque par sa rigidité intérieure qui s’exprime corporellement. Glenn Close qui interprète Albert Nobbs est métamorphosée dans ce rôle et on peine à la reconnaître. Son personnage étant très peu expressif, car toujours tourné vers le contrôle, le travail effectué par l’actrice est d’autant plus remarquable. Elle réussit le pari de ne pas ennuyer les spectateurs qui pourraient être vite lassés.

Le film commence par une projection sur Albert Nobbs, visage éclairé par une lumière sortie de nulle part : d’emblée on comprend que le sujet de ce film est la transformation de cette femme qui s’est muée en homme pour survivre et trouver un travail décent. Un autre aspect du film est développé dans les premières minutes. Au moment de l’organisation du dîner et de l’accueil des invités, une musique amusée s’installe mettant à jour le drôle de phénomène se produisant. Ressemblant à une chorégraphie de grand ballet, savamment organisé, cette scène a pour effet de montrer le côté pittoresque de l’histoire et donc décalé, drôle.

D’un visage continuellement impassible, semblant être à côté de sa vie, Albert rencontre M. Page, le peintre de l’hôtel, dès lors sa vie change. Alors qu’il doit partager son lit avec cet autre homme, M. Page découvre la vérité sur la nature d’Albert. Non seulement il ne va pas le dénoncer mais en plus il lui fait des révélations sur lui, l’aidant par là même à trouver un sens et un but à sa vie. Cette rencontre permet à Albert de reprendre contact avec la vie et de se dérider.

Albert Nobbs avec Glenn Close photo du film

… laissant place à de rares moments d’émotion

Plus Albert comprend qu’il doit prendre sa vie en main plus on le découvre sous un nouveau jour. Alors qu’il semble sans but on apprend qu’il a un projet complètement fou qu’il espère et attend fermement. Son projet lui permet, dans les durs moments, de s’évader, de rêver d’un ailleurs. Ces scènes sont particulièrement intéressantes.

Au contact de M. Page, Albert renoue avec une partie de sa féminité, notamment la scène sur la plage tout simplement magique. Sans trop en dire, on peut néanmoins mentionner que cette séquence nous montre Albert sans un tout autre jour et que s’en est assez dérangeant. En effet, le spectateur comme les personnages du film, sont complices de cette duperie, mais aussi victimes. On oublie très vite la supercherie et on se laisse totalement emmener.

Tous les acteurs sont bons en général, Mia Wasikowska qui interprète Helen est particulièrement percutante : à la fois drôle, forte et en même temps très fragile. Son amitié avec Albert est à double tranchant, bien que les preuves soient contre elle, elle nous arrache néanmoins une grande sympathie. M. Page joué par Janet MacTeer est aussi extrêmement émouvante (nommée comme meilleure espoir féminin !). La scène finale dans laquelle elle intervient est de ce point de vue-là notable.

Et à la fin, on en pense quoi ?

Bien que le film soit avant tout un drame, ce qu’il est, il reste parfois très drôle. Le comique de situation est souvent utilisé. Le parallèle avec les films muets est très facile à faire. D’ailleurs Glenn Close elle-même avoue s’être largement inspirée de Charlie Chaplin. On sent également l’influence du théâtre sur le film. C’est tout un spectacle en mouvement : la scène principale nous captive et de toute part sur les côtés de l’écran des personnages secondaires nous narguent et donnent un effet comique. On pourrait presque faire des arrêts sur image pour ne pas rater un élément.

Ce film est aussi magique, notamment grâce à Glenn Close. Que dire quand on voit Albert s’émerveiller devant son argent durement épargné ? On pense immédiatement à Picsou, avec les yeux brillants et l’envie et la satisfaction qui s’en dégage, la fierté.

Ce film c’est aussi un tableau de l’Irlande du XIXème siècle, de la condition de la femme et de la pauvreté. On regrettera que certaines scènes soient évacuées trop rapidement, limitant le pathos, mais on peut aussi dire que c’est une force du film. Un petit quelque chose manque pourtant pour le rendre totalement réussi.

Résumé

Un film unique, très original, porté par des acteurs convaincants et une Glenn Close métamorphosée. Bien aidé par une bande son bondissante et une mise en scène soignée, dans les effets comiques comme dans les scènes d’émotion. Un film à aller voir.

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