Ballerina
États-Unis : 2025
Titre original : –
Réalisation : Len Wiseman
Scénario : Shay Hatten
Acteurs : Ana de Armas, Anjelica Huston, Norman Reedus
Éditeur : Metropolitan Film & Video
Durée : 2h05
Genre : Thriller, Action
Date de sortie cinéma : 4 juin 2025
Date de sortie DVD/BR/4K : 16 octobre 2025
Se déroulant en parallèle avec les événements de John Wick : Parabellum, Ballerina suit la vengeance implacable d’Eve Macarro, la nouvelle tueuse de l’organisation Ruska Roma…
Le film
[4/5]
Depuis un peu plus d’une dizaine d’années maintenant, les cascadeurs ont fait main basse sur une large partie du cinéma d’action. Hier considérés comme de simples maillons de la chaîne de production au service des « action stars », les chorégraphes de combats et les cascadeurs sont donc montés en gamme, et bénéficient aujourd’hui d’une véritable considération. Ainsi, on reconnaît aujourd’hui qu’ils disposent d’une véritable « vision » du cinéma, plus directe et punchy que dans le passé. Parmi les noms les plus connus ayant émergé ces dernières années, on pense surtout à Chad Stahelski et David Leitch, les deux co-créateurs de la saga John Wick.
John Wick, depuis 2014, c’est presque 1,2 milliards de dollars de recettes au cinéma, et une franchise qui se décline à la fois sous la forme de films, de comics, de jeux vidéo, mais qui a également étendu sous univers grâce à une série TV (The Continental), et aujourd’hui à un spin-off. Ballerina se concentre donc sur une tueuse / ballerine appartenant à la la Ruska Roma, organisation criminelle découverte dans John Wick 3 ; le personnage incarné par Keanu Reeves y avait d’ailleurs déjà affronté une redoutable ballerine, incarnée à l’écran par la danseuse professionnelle Unity Phelan. Dans Ballerina, Ana de Arma est Eve Macarro, une tueuse en devenir formée par une confrérie d’assassins ayant autant de tendresse qu’un gang de hyènes sous stéroïdes.
Le film, réalisé par Len Wiseman, s’inscrit donc dans l’univers de John Wick, mais ne joue pas la carte du copié/collé. Le réalisateur d’Underworld a d’ailleurs volontairement été choisi en raison de son approche des scènes d’action à l’ancienne, très différente de celle du cinéma « cascadeurs », dans le but assumé d’apporter un peu de nouveauté à la franchise. Ballerina troque donc le deuil canin contre une vengeance familiale bien corsée, et la trajectoire de l’héroïne du film est davantage celle d’une initiation, à la Nikita. Là où, dès le premier film, John Wick était déjà une légende fatiguée, Ballerina suit une héroïne qui découvre les codes, les trahit, les réinvente. Et le film joue beaucoup sur cette tension entre tradition et rébellion, entre chorégraphie millimétrée et pulsion viscérale.
Bien sûr, la présence de Len Wiseman derrière la caméra ne transforme pas Ballerina du tout au tout : la filiation avec les quatre premiers volets de John Wick est bien présente, et l’ensemble est encore énormément basé sur des affrontements spectaculaires mis en scène par les coordinateurs de combats de 87North Productions. Ballerina se distingue cependant par sa mise en scène, plus sensuelle, plus organique. Les combats sont filmés avec une caméra qui caresse les corps, qui épouse les mouvements, qui s’attarde sur les visages comme un voyeur en pleine extase. On est loin du découpage brut, sec et quasi-géométrique de Chad Stahelski. Len Wiseman préfère les plans plus longs, plus fluides, et ça fonctionne plutôt bien. Parce que Ballerina ne cherche pas à impressionner, mais à hypnotiser. À faire de chaque baston une danse, de chaque balle une note, de chaque cri une pulsation.
De fait, Ballerina s’impose aussi, à sa manière, comme une réflexion sur le corps féminin dans le cinéma d’action. Ana de Armas n’y joue pas une femme forte au sens cliché du terme : elle joue une femme qui souffre, qui doute, qui saigne, qui tue, mais qui le fait avec une grâce presque surnaturelle. Et si certains spectateurs pourront peut-être regretter l’absence de scènes dramatiques plus étoffées, c’est peut-être parce qu’ils n’ont pas compris que Ballerina est un film sur la résilience, sur la capacité à transformer la douleur en mouvement. En ce sens, le film brasse l’air de rien des thématiques très actuelles, comme la quête d’identité, la sororité, et même, si l’on pousse le bouchon encore un peu plus loin, le transhumanisme.
On notera bien sûr que Ballerina ne manque pas de clins d’yeux à la saga John Wick : le film orchestre d’ailleurs le retour de plusieurs personnages familiers : Winston (Ian McShane), Charon (Lance Reddick), la Directrice (Anjelica Huston), et bien sûr Baba Yaga himself, incarné par notre Kiniou préféré, qui nous gratifie d’une apparition au début du film, et d’une autre à la fin. Et si la structure narrative de Ballerina est assez similaire à celle des films de la saga John Wick, le film ne se contente pas de recycler : il nous propose une tonalité plus féminine, plus introspective, et ce sans jamais renier la brutalité de son univers. Bien sûr, l’intrigue reste très classique (vengeance, trauma, rédemption), mais elle est portée par une Ana de Armas en état de grâce, qui confirme, après sa prestation remarquée il y a quelques années dans Mourir peut attendre, qu’elle est tout à fait crédible en Action Star au féminin, et peut à priori tout à fait porter une franchise sur ses épaules sans sourciller. Même avec un fusil à pompe dans le dos !
Le Blu-ray 4K Ultra HD – Édition Collector limitée
[5/5]
Packaging très classe pour cette édition Blu-ray 4K Ultra HD limitée à 3000 exemplaires de Ballerina – un coffret qui envoie du lourd avant même l’ouverture et le visionnage du film. Le SteelBook est sobre, élégant, avec un visuel néon qui ferait pâlir un club de strip-tease moscovite. À l’intérieur, on trouve un SteelBook contenant le Blu-ray 4K Ultra HD du film (en Dolby Vision et HDR10) et le Blu-ray standard, ainsi qu’un Digipack contenant – également en Blu-ray – le documentaire « Il était une fois John Wick », une affiche et une carte d’accès du Continental de Prague. Côté image, c’est du velours. Le transfert 4K est d’une précision redoutable, avec des noirs profonds, des contrastes ciselés et une gestion des couleurs qui sublime les rouges et les bleus électriques. Les scènes nocturnes, notamment celles dans les bas-fonds gelés, explosent littéralement à l’écran. L’étalonnage HDR10 / Dolby Vision fait des merveilles, et même les textures de peau (et de sang) sont d’une finesse chirurgicale. On est dans le haut du panier, clairement – un transfert de toute beauté. Le son n’est pas en reste. La VO en Dolby Atmos est une orgie acoustique, avec des effets de spatialisation qui donnent l’impression d’être au cœur de l’action. Les balles fusent, les coups pleuvent, et les basses font trembler les murs. La VF, également proposée en Dolby Atmos, s’en sort très bien, avec une dynamique solide et des dialogues parfaitement clairs. Mention spéciale aux ambiances de la Ruska Roma, qui enveloppent le spectateur dans une bulle sonore immersive.
Les suppléments de cette édition Blu-ray 4K Ultra HD de Ballerina sont généreux et bien fichus. On commencera avec un making of (12 minutes), qui revient sur les coulisses du tournage, avec des interviews de l’équipe et des images inédites. Le module « L’instinct de la tueuse » (10 minutes) explore la préparation physique d’Ana de Armas, tandis que « L’action comme un art » (11 minutes) décortique les chorégraphies de combat. « Les bas-fonds gelés » (9 minutes) plonge dans les décors glacés de la première grosse scène d’action mettant en scène Eve. Enfin, les scènes coupées et étendues (30 minutes) apportent un éclairage intéressant sur le montage final. Mais le point fort de cette édition est bel et bien de nous proposer en Haute-Définition le documentaire « Il était une fois John Wick » (Wick is Pain en VO), qui s’avère une véritable pépite. En un peu plus de deux heures, Jeffrey Doe retrace la genèse de la saga, les galères de production, les choix artistiques radicaux, et la passion dévorante de Keanu Reeves pour ce projet. Le film révèle les coulisses d’un tournage épuisant, les sacrifices physiques du casting, et la vision de Chad Stahelski, qui a transformé un petit film de vengeance en franchise culte. Un must pour les fans, qui redécouvriront les quatre volets avec un regard neuf… Indispensable !