Test Blu-ray : Mourir peut attendre

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Mourir peut attendre

États-Unis, Royaume-Uni : 2021
Titre original : No Time to Die
Réalisation : Cary Joji Fukunaga
Scénario : Neal Purvis, Robert Wade, Phoebe Waller-Bridge
Acteurs : Daniel Craig, Léa Seydoux, Christoph Waltz
Éditeur : MGM / United Artists
Durée : 2h43
Genre : Thriller, Action
Date de sortie cinéma : 6 octobre 2021
Date de sortie DVD/BR : 16 février 2022

James Bond a quitté les services secrets et coule des jours heureux en Jamaïque. Mais sa tranquillité est de courte durée car son vieil ami Felix Leiter de la CIA débarque pour solliciter son aide : il s’agit de sauver un scientifique qui vient d’être kidnappé. Mais la mission se révèle bien plus dangereuse que prévu et Bond se retrouve aux trousses d’un mystérieux ennemi détenant de redoutables armes technologiques…

Le film

[3,5/5]

Same player, shoot again

L’appropriation du personnage de James Bond (JèzBond pour les intimes) par Daniel Craig s’était faite sur les chapeaux de roues en 2006, avec un Casino Royale s’étant imposé comme l’un des meilleurs opus de la saga depuis ses débuts en 1962. Soixante ans plus tard, Mourir peut attendre marque la fin d’un cycle : après quinze ans de bons et loyaux services, Daniel Craig ne rempilera plus dans la peau de l’espion le plus connu du monde, et laissera sa place, dans le futur, à quelqu’un d’autre. Une femme, ou même à un personnage non-binaire peut-être, puisqu’il faut vivre avec son temps…

Initialement prévue au printemps 2020, la sortie mainte et maintes fois repoussée de Mourir peut attendre a néanmoins permis à Daniel Craig de « griller » son confrère Roger Moore et de lui ravir le prix de l’acteur ayant incarné le plus longtemps James Bond à l’écran : avec 15 ans passés officiellement dans le costume de l’espion, il est l’acteur ayant incarné JèzBond le plus longtemps dans le cycle « officiel » de la saga, même si en termes de nombre de films tournés, il reste en dessous de Roger Moore et de Sean Connery.

Prêt à dégainer pendant un an et demi avant de finalement rencontrer son public dans les salles obscures, Mourir peut attendre avait eu le temps d’être annoncé, à grands renforts de promo intensive, comme le chapitre ultime de la carrière de Daniel Craig dans le rôle de James Bond, et si vous êtes parvenus à éviter les [Spoilers] massifs ayant fuité sur le Net, l’issue de ce départ en fanfare aura peut-être encore de quoi vous surprendre. Pour le reste, le film de Cary Joji Fukunaga demeurera un opus classique, pas tout à fait du niveau de Casino Royale et Skyfall, mais s’imposant dans la parfaite continuité de Spectre : un film qui certes ne cherche pas à révolutionner le genre mais qui s’impose en quelque sorte comme la quintessence du James Bond à la sauce Daniel Craig, avec un personnage central luttant tout à la fois pour sauver le monde ET pour sauver son âme.

Mourir peut attendre reprend donc ni plus ni moins le flambeau de Spectre, et affiche à l’écran les qualités et les défauts du film précédent – à savoir un mélange d’action spectaculaire et d’intimisme saugrenu, se servant des failles et de l’humanité du personnage principal pour toujours aller de l’avant sur un rythme trépidant. Malgré l’impression presque routinière se dégageant de l’ensemble, il s’agit d’ailleurs là d’une des caractéristiques les plus notables de Mourir peut attendre : malgré sa durée conséquente (2h43), le spectateur ne s’ennuie jamais, et il sera littéralement impossible de trouver le temps long tant l’enchainement des rebondissements nous maintient en haleine.

Vers l’infini et au-delà

Avec la retraite de Daniel Craig, Mourir peut attendre marque également la fin de plusieurs éléments narratifs mis en place au sein de la saga depuis une quinzaine d’années : le film de Cary Joji Fukunaga sera donc le dernier à mettre en scène cette version du personnage de Felix Leiter, introduite dans Casino Royale sous les traits de Jeffrey Wright, ainsi que les méchants issus du Spectre, organisation criminelle dont on a découvert les innombrables ramifications au fil des cinq derniers James Bond. Pour autant, le film servira également de pont vers le futur, puisqu’il introduit deux nouveaux personnages amenés à perdurer aux côtés de M (Joseph Fiennes), Q (Ben Whishaw) et Moneypenny (Naomie Harris). Il y a le nouvel agent 007, Nomi (Lashana Lynch), qui a fait couler beaucoup d’encre numérique sur les réseaux sociaux, mais également Paloma (Ana De Armas), agent de la CIA entraperçu au détour d’une séquence cubaine de Mourir peut attendre, et dont on est persuadé qu’elle prendra de l’importance dans de futurs films de la franchise.

Ainsi, si la structure du film de Cary Joji Fukunaga s’avère sans réelle surprise, on ne pourra que se demander dans quelle mesure Mourir peut attendre ne fait pas office, à sa manière, de vitrine destinée à poser les premières pierres d’un nouveau cycle. En dépit de tous les éléments familiers qui émaillent son intrigue, le film intègre en effet une nouvelle dynamique à l’ensemble, davantage basée sur la coopération et moins sur les missions d’un homme seul en mode « one man army ». Contrairement aux autres films de la saga, la quasi-totalité des scènes d’action de ce nouveau film met en scène James Bond accompagné d’un autre espion, qui le seconde dans ses missions. Et mine de rien, il s’agit là d’une nouveauté assez remarquable, dans le sens où elle rompt avec presque soixante ans de missions « solo » pour 007. Mais cette rupture débarque en douceur, après une séquence de pré-générique entièrement centrée sur son personnage : au fur et à mesure que le film avance, le savoir-faire des équipes techniques de Mourir peut attendre permettra finalement à ce blockbuster typique du 21ème Siècle de déplacer subtilement le personnage de Bond dès que le film s’engage sur le terrain des prouesses pyrotechniques : ce dernier ne sera pas relégué au second plan – c’est encore lui qui assurera, en solo, le face à face final avec le méchant incarné par Rami Malek – mais légèrement en retrait tout de même.

James Bond will return

Que vous ayez cédé ou non à l’appel des sirènes du [Spoiler], on peut sans risquer de vous divulgâcher quoi que ce soit vous révéler que le générique de fin de Mourir peut attendre se termine sur les mots « James Bond will return ». Pas « 007 », mais bel et bien « James Bond » : voilà qui devrait logiquement clore des mois et des mois de débats stériles sur les réseaux sociaux. JèzBond, le seul, l’unique, pas une femme, pas l’agent ayant succédé à l’espion au matricule 007. JAMES-BOND. Reste maintenant à déterminer sous quels traits, et dans quel contexte nous verrons prochainement revenir ce personnage emblématique. Mine de rien, le passage le relais risque d’être assez « coton » cette fois-ci, parce que les quinze ans de règne de Daniel Craig dans la peau de James Bond avaient contribué à installer le personnage dans un univers cinématographique post-11 septembre assez sombre, qui rompait clairement avec les incarnations précédentes du personnage à l’écran.

C’est pourquoi il nous semble clair que la franchise devrait radicalement changer à l’orée de ce nouveau cycle : sans forcément vouloir donner dans le « James Bond Begins », pourquoi ne pas revenir aux origines du mythe, au moins le temps d’un film, en replaçant le personnage dans le contexte de l’immédiat après-guerre, comme dans les récits originaux de Ian Fleming ? Les studios ont en effet les moyens techniques de replonger le spectateur au début des années 50 de façon crédible et convaincante – profiter de ce savoir-faire pour tenter de renouer avec les racines de James Bond nous semble une bonne façon de préparer le public à un retour ultérieur du personnage au cœur d’une actualité plus brûlante, aux enjeux géopolitiques très différents…

On vous invite également à lire la critique du film signée Tobias Dunschen.

Le Blu-ray

[5/5]

Comme le veut la tradition en ce qui concerne les films de la saga James Bond, c’est bien sûr MGM / United Artists qui édite aujourd’hui le Blu-ray de Mourir peut attendre, avec l’appui logistique du la branche française d’Universal Pictures. Et comme d’habitude avec JèzBond, l’éditeur nous livre ici une galette techniquement impeccable, quasiment irréprochable – du grand Art. Le master est tout simplement superbe, affichant un piqué d’une précision absolue et une profondeur de champ redoutable. Les couleurs sont tout simplement somptueuses, les noirs sont solides et profonds, c’est un sans-faute absolu. Le film est bien sûr proposé au format Cinemascope 2.40. Côté son, MGM fait également très fort puisque le film bénéficie d’une piste VO en Dolby Atmos et d’une piste VF en Dolby Digital +. Sans surprise, les deux mixages s’avèrent d’un dynamisme échevelé, surtout en ce qui concerne les scènes d’action et de destruction : dès les premières minutes du film, les effets sont assourdissants : tous les canaux y vont de leur puissance et le caisson de basses est sollicité à intervalles très réguliers. Le film étant déjà visuellement très impressionnant, ce mixage ajoute encore à l’ambiance et participe pleinement à l’immersion du spectateur au cœur du film. Un grand bravo à l’éditeur pour ce Blu-ray littéralement extraordinaire.

Étant donné la durée du film et l’excellence de sa présentation Audio / Vidéo, les suppléments de Mourir peut attendre sont proposés sur un Blu-ray séparé, qui ne nous a pas été fourni par l’éditeur pour ce test. Néanmoins, la plaquette promo de cette édition nous informe de la présence de quatre featurettes revenant sur le tournage du film :

  • Anatomie d’une scène : Matera (12 minutes)

  • Les scènes d’action (6 minutes)

  • Bond autour du monde (8 minutes)

  • Le style Bond (11 minutes)

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