Critique Express : Once upon a time in Gaza

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Once upon a time in Gaza 

Palestine, France, Allemagne, Portugal : 2025
Titre original : –
Réalisation : Tarzan Nasser, Arab Nasser
Scénario : Tarzan Nasser, Arab Nasser, Marie Legrand, Amer Nasser
Interprètes : Nader Abd Alhay, Majd Eid, Ramzi Maqdisi
Distribution : Dulac Distribution
Durée : 1h27
Genre : Drame
Date de sortie : 25 juin 2025

2.5/5

Synopsis : Il était une fois, à Gaza en 2007. Yahya, étudiant rêveur, se lie d’amitié avec Osama, dealer charismatique au grand cœur. Ensemble, ils montent un trafic de drogue, caché dans leur modeste échoppe de falafels. Mais ils croisent le chemin d’un flic corrompu venu contrarier leur plan.

Il était une fois à Gaza ! 

Once upon a time in Gaza, Il était une fois à Gaza : un titre qui répond à 2 impératifs. Tout d’abord, alors que la destruction systématique de ce territoire et de ses habitants est en cours depuis bien longtemps, anticiper la somme de souvenirs, qu’ils soient douloureux ou heureux, qui resteront chez les survivants lorsque le Gaza d’origine aura totalement disparu. Ensuite, faire ce qui s’apparente à un recensement sous la forme d’un film à mi chemin entre thriller et western, le genre de film où les conflits se règlent avec des armes à feu. Depuis leur début dans le cinéma, les frères jumeaux Arab et Tarzan Nasser, bien que ne résidant plus à Gaza depuis longtemps, ont pris l’habitude de nous introduire, sous des formes différentes, dans la vie des gazaouis : des femmes bloquées plusieurs heures dans un salon de coiffure dans Dégradé, présenté à la Semaine de la Critique cannoise de 2015, une comédie romantique douce-amère sur un couple de gazaouis âgés dans Gaza mon amour, présenté dans la section Orizzonti de la Mostra de Venise de 2020 et donc, cette année, Once upon a time in Gaza, présenté dans la sélection Un Certain Regard du Festival de Cannes où il a obtenu le Prix de la mise en scène. En fait, les frères Nasser avaient commencé à travailler sur ce film bien longtemps avant l’attaque menée le 7 octobre 2023 par le Hamas et les actions de représailles menées depuis par Israël. Ils avaient d’entrée de jeu décidé de situer l’action de leur film en 2007, c’est-à-dire l’année qui a suivi la victoire du Hamas à des élections législatives, victoire ayant rapidement entrainé un blocus de Gaza par Israël. Malgré cette situation d’isolement, malgré l’impact de ce blocus, la vie était certes difficile à Gaza, mais elle était encore possible avec ce don pour la débrouille dont savent si bien faire preuve ses habitants. Le film met en scène 3 personnages principaux : Osama, qui, en plus de tenir une boutique de falafels, se livre à un trafic de pilules d’opiacés obtenues grâce à des ordonnances volées à un docteur et qui sont cachées dans des falafels afin d’être livrées à des clients ; Yahya  travaille avec lui à la fabrication des falafels ; Abu Sami est un policier des stups et il aimerait bien qu’Osama devienne son indic. Osama est un truand, mais c’est un truand au grand cœur, chaleureux et affectueux avec Yahya, c’est un homme qui cherche avant tout son indépendance. Yahya est un jeune homme effacé, quelque peu dépressif ce qui se comprend lorsqu’on voit que toutes ses demandes pour quitter Gaza, ne serait-ce que quelques heures, pour aller visiter sa famille, géographiquement toute proche, sont systématiquement rejetées par Israël, sans aucun motif.  Abu Sami est un flic corrompu, un flic à la gâchette facile qui envie l’indépendance d’Osama.

En fait, on retrouve dans Once upon a time in Gaza le trio de personnages de Le bon, la brute et le truand, Yahya étant le bon, Abu Sami la brute et Osama le truand. On remarquera que si, dans Dégradé, il n’y avait que des femmes à l’écran, si, dans Gaza mon amour, il y avait une égalité parfaite Homme/femme avec cette relation entre une couturière et un pêcheur, c’est cette fois ci un film  qui se remarque par son absence de personnage féminin qu’ont réalisé les frères Nasser. Même si Once upon a time in Gaza peut permettre à certains spectateurs mal informés de constater, grâce à certaines scènes, l’inhumanité du traitement que subissent les gazaouis, on ne peut pas s’empêcher de regretter que, face aux évènements dramatiques qui se déroulent depuis des mois à Gaza, ce film que les frères Nasser ont dû aller réaliser en Jordanie ne soit qu’un mélange assez banal de polar et de western, d’autant plus que la première moitié du film manque cruellement de souffle. Heureusement, la deuxième moitié s’avère plus intéressante, lorsque, 2 ans plus tard, en 2009, Yahya est pressenti pour interpréter le rôle principal, celui d’une sorte de Rambo, celui d’un héros national, dans  un film d’action, « Le rebelle », « le premier film d’action tourné à Gaza », scénarisé et produit par le pouvoir en place à des fins de propagande. Mais ce qu’un des producteurs qualifie de « Gazawood » n’a pas les moyens de recourir à des effets spéciaux et les comédiens sont contraints d’utiliser de vrais armes, très faciles à trouver à Gaza, des armes qui ne sont pas chargées à blanc, avec les conséquences que cela peut entrainer.

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