Critique : Kong Skull Island

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Kong Skull Island

Etats-Unis, 2017
Titre original : Kong Skull Island
Réalisateur : Jordan Vogt-Roberts
Scénario : Dan Gilroy, Max Borenstein et Derek Connolly, d’après une histoire de John Gatins
Acteurs : Tom Hiddleston, Samuel L. Jackson,Brie Larson, John C. Reilly
Distribution : Warner Bros.
Durée : 1h57
Genre : Fantastique
Date de sortie : 8 mars 2017

Note : 2,5/5

L’univers de King Kong a beau exister depuis plus de 80 ans au cinéma, il n’y a toujours pas de formule éprouvée ou facilement reconnaissable autour de ce singe gigantesque. En ce sens, Kong souffre de la même lacune que la plupart des autres monstres qui ont vandalisé des cités entières au fil du temps, de son cousin japonais Godzilla aux dinosaures rescapés de Jurassic Park : une fois la sensation primaire du spectacle assourdissant passée, il faudra encore peupler le camp adverse – des humains incapables de réagir raisonnablement à l’apparition de cette créature effrayante – d’individus assez hauts en couleur pour pouvoir rivaliser avec la force brute de Kong et compagnie. Et c’est précisément là que le bât blesse dans Kong Skull Island, l’histoire très conventionnelle d’une expédition en terre inconnue qui tourne rapidement au désastre. La consistance dramatique s’en amenuise irrémédiablement, au fur et à mesure que les personnages mollement caricaturaux se voient déchiqueter par une panoplie d’animaux fantastiques plus laids les uns que les autres. Quant à la réalisation de Jordan Vogt-Roberts, elle multiplie les trouvailles visuelles plutôt clinquantes, dont l’effet devient, lui aussi, ennuyeusement répétitif à la longue.

Synopsis : En 1973, alors que la guerre du Vietnam touche à sa fin, le scientifique Bill Randa réussit à convaincre le gouvernement américain de soutenir sa participation à une mission sur une île inexplorée en plein océan Pacifique. Transportés par l’escadron d’hélicoptères du colonel Preston Packard à travers une tempête perpétuelle qui garde l’île à l’abri du monde, Randa et ses confrères espèrent y découvrir des espèces sauvages, restées inchangées depuis la nuit des temps. Mais dès qu’ils entreprennent leurs premières études géologiques à l’aide d’explosifs, toute leur opération est violemment clouée au sol par l’intervention musclée d’un énorme gorille. Alors que le guide James Conrad et la photographe Mason Weaver tentent par tous les moyens de survivre dans cet environnement hostile, afin de rejoindre en trois jours le point de rapatriement, Packard cherche au contraire la confrontation directe avec le singe Kong, qu’il tient responsable pour la mort de la plupart de ses hommes.

Bienvenue dans la jungle

Les blockbusters hollywoodiens, déversés désormais à longueur d’année dans les multiplexes, ne sont point le garant d’une quelconque originalité. Ils peuvent par contre fournir l’occasion d’une prise de plaisir jouissive, grâce à un cinéma qui a troqué depuis longtemps l’innocence des aventures d’antan contre une relecture irrévérencieuse des codes de leurs genres respectifs. L’espoir persiste ainsi pendant les premières minutes de Kong Skull Island de tenir là un divertissement assez savoureux pour contrebalancer les éternels affrontements à venir, qui risquent invariablement de plomber la deuxième moitié de ces films d’action abusivement formatés. Notamment du côté du couple de protagonistes supposés, Tom Hiddleston dans le rôle du guide britannique au début assez lucide pour évaluer le danger réel de la mission et Brie Larson dans celui de la journaliste engagée et émancipée, il y aurait eu de quoi faire pour maintenir la dynamique du récit à flot. Hélas, ces belles promesses s’envolent tristement en même temps que la capacité des hommes de se battre à armes égales contre une nature aux périls insoupçonnés. Car après son introduction pas entièrement bâclée, culminant de façon précoce avec l’affrontement dans les airs entre Kong et les hélicoptères, le film se traîne laborieusement d’un guet-apens au suivant. Curieusement, cette suite de sursauts sans tête, ni queue, s’avère encore plus préjudiciable pour la santé mentale des personnages que pour leur bien-être physique.

La loi des séries

Dans le cadre d’une course effrénée contre la montre et pour la survie, la tension devrait en effet aller crescendo, au lieu de perdre l’intérêt du spectateur quelque part en route vers un dénouement faussement rassurant. La découverte de nouveaux insectes en majorité dégoûtants et l’énumération blasée de poncifs exotiques traités avec une fâcheuse superficialité, comme la culture du peuple autochtone, ponctuent ainsi une intrigue privée de toute substance, dès que les camps des bons et des méchants ont été établis hâtivement. Difficile alors de rester investi dans une intrigue, qui cherche à dresser artificiellement les fanatiques de la guerre – Samuel L. Jackson en officier dépité par la défaite au Vietnam, qui cherche désespérément un prétexte pour se racheter une conduite exemplaire d’un point de vue militaire, la seule qualité éventuelle du rôle étant qu’il a dû enrichir davantage l’acteur – contre de vaillants survivants, dont les répliques, voire les actions de résistance, deviennent de plus en plus débiles. L’aspect le plus aberrant du film reste néanmoins la volonté clairement affichée d’en faire une sorte de rampe de lancement pour un univers exploré à satiété à travers de nombreux autres films semblables à venir, à la manière des films de super-héros et leurs séquences à la fin du générique qui annoncent déjà les prochaines aventures. Vue la qualité fort discutable de ce film-ci, mieux vaut espérer que son succès commercial en demi-teinte ne confirmera pas ses producteurs dans leur projet mercantile !

Conclusion

King Kong est de retour sur nos écrans ! N’aurait-il toutefois pas fait mieux de se reposer encore pendant quelques années sur les lauriers accumulés par les films d’aventure au moins convenables de Merian C. Cooper / Ernest B. Schoedsack et Peter Jackson, au lieu d’être la vedette d’une production guettée sans cesse par la médiocrité ? En tout cas, Kong Skull Island nous a décidément laissés sur notre faim, après une introduction pas sans vigueur, dont les éléments les plus prometteurs se sont dégonflés bien trop tôt.

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