Critique : Gente de Bien

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gente de bien affiche 1Gente de Bien

Colombie, 2013
Titre original : –
Réalisateur : Franco Lolli
Scénario : Franco Lolli, Catherine Paillé
Acteurs :  Brayan Santamaria, Carlos Fernando Perez, Alejandra Borrero
Distribution : Ad Vitam
Durée : 1h27
Genre : Drame
Date de sortie : 18 mars 2015

Note : 3/5

Âgé de 32 ans, le réalisateur colombien Franco Lolli vit à Paris depuis près de 14 ans. Ses études cinématographiques, il les a faites dans le département réalisation de la Fémis et elles se sont terminées par la réalisation d’un premier court-métrage, Como todo el mundo, sélectionné dans une cinquantaine de Festival et récompensé par le Grand Prix de la compétition nationale au Festival International du Court Métrage de Clermont-Ferrand en 2008. Son 2ème court-métrage, Rodri, également primé à Clermont-Ferrand, a permis à Franco Lolli de mettre les pieds au Festival de Cannes en 2012, dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs. Il a pu ensuite développer le scénario de son premier long métrage, Gente de Bien, au sein de la Résidence de la Cinéfondation du Festival de Cannes. Ce film a été présenté à la Semaine de la Critique de Cannes 2014. C’est donc un parcours très français qu’a suivi Franco Lolli, même si le tournage de ses films s’est toujours déroulé en Colombie. D’après lui, cette double culture lui permet, lorsqu’il est en Colombie, d’éviter la folklorisation de son sujet et d’éviter les clichés.

Synopsis : Eric, 10 ans, se retrouve à vivre du jour au lendemain avec Gabriel, son père qu’il connaît à peine. Voyant que l’homme a du mal à construire une relation avec son fils et à subvenir à leurs besoins, Maria Isabel, la femme pour laquelle Gabriel travaille comme menuisier, décide de prendre l’enfant sous son aile.

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Un film très personnel

C’est avec une ancienne diplômée de la Fémis que Franco Lolli a écrit le scénario de Gente de Bien : Catherine Paillé, déjà co-scénariste de Tonnerre et de Une vie meilleure. Un scénario inspiré par certains éléments de la propre vie du réalisateur : une mère faisant partie de la bourgeoisie colombienne mais ne roulant pas sur l’or, le besoin qu’elle ressent de faire le bien autour d’elle, un père qu’il n’a pas connu. Nous voilà donc parti auprès d’Eric, un gamin de 10 ans dont la maman ne peut plus s’occuper et qui doit aller vivre contre son gré, avec son chien au poil blanc qui frise, chez son père Gabriel, qu’il connaît à peine. Ce dernier est menuisier et il est employé régulièrement par Maria Isabel, une femme de la grande bourgeoisie de Bogota. Lorsqu’elle rencontre Eric, Maria Isabel est émue par ce gamin au point de proposer à Gabriel que son fils et lui accompagnent sa famille à la campagne dans la superbe maison qu’elle va occuper pendant les vacances de Noël : le père aura du travail à effectuer, Eric pourra partager les jeux de son fils. Mais jusqu’où peut aller l’intégration d’un enfant pauvre dans une famille de la haute bourgeoisie ? Maria Isabel n’est-elle pas maladroite dans sa façon de prendre soin d’Eric ?

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Très intéressant, mais pas en permanence

Il serait malhonnête de prétendre que les sujets abordés dans Gente de Bien ne sont pas intéressants. C’est même tout le contraire : les relations d’un père et de son fils qui, au départ, ne se connaissent pratiquement pas, les difficultés qu’on peut avoir à accepter sa filiation, les rapports entre des personnes appartenant à des classes très différentes, le « racisme » dont peuvent faire preuve des enfants vivant dans l’opulence vis-à-vis d’autres enfants d’une classe « inférieure », les maladresses que l’on peut commettre lorsqu’on cherche à faire le bien et qui vont à l’encontre du but recherché, les liens qu’on peut créer avec les animaux qu’on aime. Tout cela, Franco Lolli le filme avec tact et justesse, de façon quasi documentaire. Malheureusement, entre ces scènes attachantes et réussies, il y a d’autres scènes qu’on peut qualifier de scènes de remplissage et qui, elles, ne sont pas très intéressantes : dans ces scènes, l’intérêt pour le film faiblit, et c’est dommage.

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Une méthode de travail modifiée

Par rapport à ses court-métrages et pour ce film si personnel, Franco Lolli a décidé de procéder à plusieurs modifications : exit Sébastien Hestin, le chef opérateur de ses 2 court métrages, lui aussi dipômé de la Fémis. Absolument rien à lui reprocher, juste le désir de ne pas rester dans la routine. Changements aussi dans les méthodes de travail : des prises beaucoup plus longues, beaucoup plus d’improvisation de la part des comédiens. C’est le Chef Opérateur espagnol Óscar Durán que Franco Lolli a retenu pour Gente de Bien, celui-là même qui a beaucoup travaillé avec Jaime Rosales et qui est un des meilleurs chef opérateurs européens en ce moment. Toutefois, le choix le plus difficile était sans doute celui du gamin chargé d’interpréter le rôle d’Eric : aucun problème, Brayan Santamarià est parfait dans son rôle à la Jean-Pierre Léaud dans Les Quatre Cents Coups. Quant à Maria Isabel, son rôle est interprété de façon très juste par Alejandra Borrero, une des actrices colombiennes les plus populaires du moment.

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Conclusion

On aurait aimé n’écrire que du bien sur un film qui traite de façon juste de nombreux thèmes importants. Malheureusement, il y a ces scènes de remplissage qui arrivent ponctuellement à le plomber. En fait, Gente de Bien est un peu à l’image de Maria Isabel : les meilleures intentions ne donnent pas toujours les meilleurs résultats.

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