Biographie de Federico Fellini par Tullio Kezich : découvrez le livre « Fellini »

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Frederico Fellini, réalisateur italien 1920

Livre Biographie FelliniLes pieds trop solidement enfoncés dans sa botte natale, Federico Fellini n’aura jamais eu à lutter contre l’appel du grand large, celui d’où viennent, dit-on, les meilleurs films du monde. Son meilleur ennemi -ou son pire ami, allez savoir !- le producteur Dino de Laurentis s’y exila sans parvenir à emmener le père de « La Dolce Vita » et « La Strada » dans ses valises, ce fou aussi viscéralement italien que farouchement en guerre une partie de son existence contre son village natal, le désormais célèbre Rimini.

Les paradoxes chez Fellini constituent une part essentielle de sa personnalité. Honnissant l’esprit de clocher autant que le mondialisme, il se réfugie dans son propre univers. En démiurge absolu, il transcende la vie réelle par la force de l’imaginaire et sa créativité débridée. Sur l’écran, c’est une débauche de couleurs, même dans les films en noir et blanc. Il suffit de savoir y regarder de près et d’oublier la gamme chromatique… Avant l’arrivée des images sur les écrans, les tournages… Une odyssée, un parcours du combattant voire, pour les producteurs notamment, un chemin de croix.

Anecdotes et analyse filmique

En dosant intelligemment l’anecdotique (souvent truculent) et la fine analyse filmique, Tullio Kezich fait revivre ce fou génial à la filmo à peine plus fournie que celle de Kubrick. Chaque film y est décortiqué avec un soin du détail par celui qui fut l’ami de Fellini quarante ans durant. De la rencontre avec Guilletta Massina, la compagne de sa vie et qui lui survécut quelques semaines à peine à l’étroite collaboration avec Marcello Mastroianni, porte-parole et interprète de ses fantasmes, Kezich nous propose d’embarquer dans cet univers démentiel où se côtoient la psychanalyse, les loupés, les caprices, les dérives d’un personnage attachant, lunaire, mystique, rêveur, hâbleur et d’une terrible timidité à la fois. Mais rarement en phase avec son époque, ce qui lui fut d’ailleurs reproché. Sauf lorsqu’il s’agissait de se prononcer en faveur de son art, moribond à la fin des années 80 avec la prolifération des chaines de télévision toutes plus nulles les unes que les autres. Et là, c’est l’ogre Fellini qui se réveille…

Frederico Fellini, réalisateur italien 1920

C’est un ouvrage souvent très drôle, qui a le mérite de ne jamais virer à l’hagiographie, que proposent donc les éditions Gallimard. Un seul regret : sa traduction parfois laborieuse. Elle rend les premières pages un peu fastidieuses mais rapidement les aventures cinématographiques de Federico font oublier ce bémol. Et lorsque l’auteur s’efface derrière le maître en lui donnant la parole, ce livre devient sublime. Laissons-lui d’ailleurs, en guise de mise en bouche, le mot de la fin : « Le cinéma a ceci de salutaire : même si l’envie initiale a disparu, la réalisation entraine une telle série de problèmes concrets qu’on avance en faisant les choses, sans se rendre compte qu’on a tout oublié. On tourne le film sans savoir de quoi il parle. On est pris par le travail pour le travail : une somme de couches de peinture, de clous, de tissus, de relations, de colère, d’emballement et d’épuisement. Et donc je me dis que je voudrais toujours faire cela, ne jamais m’interrompre. Parce que c’est ma vie, c’est même la vie. Le cinéma n’a pas besoin de grande idées, d’amours enflammées, d’indignation : il impose une seule obligation, celle de faire. Après tant d’années c’est la seule chose dont je suis sûr. Tout aurait la même signification pour moi, même si le film n’était pas développé, monté, projeté. Même s’il n’y avait pas de pellicule dans la caméra. Ou s’il n’y avait même pas de caméra ».

Tullio Kezich, « Fellini »
Biographies Gallimard 420 pages

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