Dans la maison

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afficheDans la maison

France : 2012
Titre original : –
Réalisateur : François Ozon
Scénario : François Ozon
Acteurs : Fabrice Luchini, Ernst Umhauer, Kristin Scott Thomas
Distribution : Mars Distribution
Durée : 1h45
Genre : Thriller
Date de sortie : 10 octobre 2012

Globale : [rating:3.5][five-star-rating]

Nous avions laissé François Ozon il y a bientôt 2 ans avec l’excellent Potiche dans lequel brillait un Fabrice Lucchini sobre et convaincant. Tellement convaincant que François Ozon l’a repris en tête d’affiche de Dans la maison, son 14ème film.

Synopsis : Un garçon de 16 ans s’immisce dans la maison d’un élève de sa classe, et en fait le récit dans ses rédactions à son professeur de français. Ce dernier, face à cet élève doué et différent, reprend goût à l’enseignement, mais cette intrusion va déclencher une série d’évènements incontrôlables.

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L’adaptation d’une pièce

Le scénario du dernier film de François Ozon est librement inspiré de Le garçon du dernier rang, une pièce du dramaturge espagnol Juan Mayorga, pièce que Jorge Lavelli avait montée en 2009 dans le cadre du théâtre de la Tempête à la Cartoucherie de Vincennes. Trouvant le titre original trop réducteur, François Ozon a choisi de mettre l’accent sur une maison, objet de désir dans laquelle va se dérouler la moitié de l’action. L’autre moitié se déroule dans un lycée, baptisé pour l’occasion Lycée Gustave Flaubert. Dans ce lycée, on retrouve Germain, un professeur de français plutôt désabusé interprété par Fabrice Lucchini. Très vite, on apprend que le lycée est devenu un lycée pilote, chargé de tester le retour à l’uniforme chez les élèves. Pourquoi ce choix ? En fait, Ozon souhaitait que Germain en arrive à voir ses élèves comme des moutons, sentiment que le fait de les voir tous habillés de la même façon ne pouvait qu’exacerber.

Parmi ces moutons, s’en détache un, auquel Germain va pouvoir s’attacher plus particulièrement. Cet oiseau rare, il s’appelle Claude et c’est une rédaction très banale qui va le faire ressortir du lot. Le sujet : raconter son week-end. Moins banal est le récit de Claude : il parle de Rapha, un copain de classe, des parents de Rapha, de la maison qu’ils habitent, de tout un monde qualifié par lui de classe moyenne, un monde qu’il épie et qui le fait fantasmer, lui dont les origines sont particulièrement modestes. Tourneboulé par ce récit, Germain en fait la lecture à sa femme, Jeanne. Que faire ? Faire comprendre à Claude que son fantasme est malsain ? C’est une tout autre voie que choisit finalement Germain : il pousse Claude dans l’écriture d’un véritable feuilleton centré sur la famille de Rapha, l’encourageant à s’approcher au plus près des personnages. Cette famille compte 3 membres : Rapha le fils que Claude va aider en mathématiques, prétexte tout trouvé pour s’introduire dans la fameuse maison ; Rapha le père, en butte avec ses problèmes au travail et jouant au copain avec son fils ; Esther la mère, femme au foyer, passive, gentille.

 

Création, éducation, paternité

A partir de là, Mayorga et Ozon peuvent développer un certain nombre de thèmes. On peut considérer que le thème central est celui de la création, qu’elle soit littéraire ou artistique. Germain aurait rêvé d’être écrivain, il a même écrit un roman plusieurs années auparavant, mais il reconnaît lui-même que ce roman était plutôt mauvais et qu’il n’avait pas le talent suffisant pour devenir un grand écrivain. Par contre, il pense être capable d’aider Claude à faire éclore le potentiel qu’il ressent chez lui. Peut-être cette écriture par procuration lui permettra-t-elle d’éradiquer ce sentiment d’avoir quelque peu raté sa vie ? En tout cas, Ozon s’amuse à décrire différents processus de création littéraire, depuis la relation pure et simple du vécu jusqu’à la greffe de l’imaginaire le plus débridé sur un canevas authentique. Ozon, metteur en scène, donc auteur, surprend le spectateur en reprenant un procédé déjà utilisé, entre autres, par Ingmar Bergman et Woody Allen : l’apparition de Germain, le lecteur, dans la fiction de Claude, l’auteur. Façon pour Ozon de démontrer  l’importance des binômes dans toute création, que ce soit le binôme auteur/lecteur ou le binôme metteur en scène/spectateur. Autour de ce thème central de la création, on retrouve aussi le thème de l’éducation et celui de la paternité. Les parents de François Ozon étaient tous deux enseignants, il a donc une connaissance assez précise des problèmes rencontrés par les professeurs dans leur métier. Cela lui permet de lancer quelques piques envers les fameux « pédagogues » et leur langage abscons. Quant au thème de la paternité, Ozon l’aborde sous 2 formes : la relation de copains entre Rapha père et Rapha fils ; le regret plus ou moins refoulé que ressent Germain de n’avoir jamais eu d’enfant et la compensation qu’il recherche auprès de Claude.

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Une très bonne distribution

Il est évident que Fabrice Lucchini est pour beaucoup dans la qualité du film : de toute évidence, François Ozon a trouvé la recette pour l’empêcher de cabotiner et un Lucchini sobre est un véritable Stradivarius. On aura une preuve de la complicité qui les lie en remarquant que le titre du livre qui, dans une scène plutôt comique, assomme Germain / Lucchini n’est autre que Voyage au bout de la nuit de Ferdinand Céline ! Il serait toutefois injuste de ne pas insister également sur la qualité des autres comédiens : Kristin Scott Thomas qui joue Jeanne, la femme de Germain ; Ernst Umhauer, qui fait oublier les 5 ans qu’il a en plus par rapport à Claude, son personnage ; Emmanuelle Seigner , en contre-emploi  en potiche ; Denis Ménochet, Rapha père et Bastien Ughetto, Rapha fils. En fait, le seul défaut de Dans la maison réside dans sa longueur : 15 minutes rognées à droite et à gauche et c’était un excellent film. Du fait de quelques répétitions et de scènes parfois un peu étirées, il n’est que très bon.

Résumé

En ajoutant de l’humour et de la drôlerie sur un fond plutôt sérieux, Ozon a frappé juste. Bien aidé par une très bonne distribution, il a su faire preuve d’inventivité dans un contexte corseté au départ : l’adaptation d’une pièce de théâtre. Tout juste peut on regretter qu’il ait hésité parfois à faire appel aux ciseaux !

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