Venise 2021 : Lion d’honneur à Roberto Benigni

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Down by Law © 1986 Black Snake Inc. / Grokenberger Film Produktion / Island Pictures / Les Acacias Tous droits réservés

Alors que d’autres festivals tentent fiévreusement de s’adapter au contexte sanitaire toujours aussi imprévisible en Europe et dans le monde, celui de Venise poursuit avec un stoïcisme remarquable les préparatifs pour sa 78ème édition. Après l’annonce au mois de janvier du président du jury, le réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho, c’était avant-hier le tour au nom du lauréat du Lion d’or honorifique d’être dévoilé. Il s’agit de l’acteur et réalisateur italien Roberto Benigni. Il recevra son trophée lors du prochain Festival de Venise qui devrait se dérouler, si tout va bien, du mercredi 1er au samedi 11 septembre prochains. En 2020, le plus ancien des grands festivals européens de cinéma avait profité de la parenthèse soi-disant enchantée entre deux vagues pandémiques pour se dérouler à peu près normalement dans la cité des Doges.

La Voce della luna © 1990 Cecchi Gori Group / Films A2 / La Sept Cinéma / Rai 1 / Bac Films Tous droits réservés

Passé d’abord par la case télévision en tant que comique dans les années 1970, Roberto Benigni (* 1952) avait tenu ses premiers seconds rôles au cinéma à la même époque chez Luigi Zampa (Les Monstresses), Costa-Gavras (Clair de femme) et Bernardo Bertolucci (La luna). En 1979, il tient son premier rôle principal dans Pipicacadodo de Marco Ferrerri, suivi rapidement par Il minestrone de Sergio Citti.

Dès 1986, il s’impose de même sur la scène du cinéma international grâce à ses collaborations fructueuses avec Jim Jarmusch sur Down by Law et Night on Earth, ainsi que celles, sensiblement moins heureuses, avec Blake Edwards pour Le Fils de la Panthère rose en 1993 et avec Woody Allen pour To Rome with Love près de vingt ans plus tard. En France, on a pu le voir dans Astérix & Obélix contre César de Claude Zidi.

Enfin, l’un de ses rôles les plus marquants au tout début des années ’90 reste bien sûr celui dans La Voce della luna, le dernier film de la légende du cinéma italien Federico Fellini.

La Vie est belle © 1997 Sergio Strizzi / Cecchi Gori Group / Melampo Cinematografica / Bac Films Tous droits réservés

Or, ses personnages les plus mémorables, Roberto Benigni commence à se les tailler sur mesure dans les films qu’il réalise lui-même à partir de 1983. A ce jour, il a mis en scène huit longs-métrages. Après le film à sketches Tu me troubles et la comédie fantastique Non ci resta che piangere co-réalisée avec Massimo Troisi – une sorte de précurseur de Les Visiteurs –, Benigni devient une star incontournable du cinéma italien à travers Le Petit diable aux côtés de Walter Matthau, Johnny Stecchino et Le Monstre avec Michel Blanc. En 1997, c’est l’heure de la consécration sans équivoque grâce à la comédie douce-amère La Vie est belle, à ce jour le plus grand succès populaire au box-office italien avec près de dix millions de spectateurs et également le plus grand succès à l’étranger pour un film italien.

Après ce plébiscite hors pair, Benigni s’était laissé du temps avant de tourner son prochain film. Sans doute attendue au tournant, son adaptation de Pinocchio sortie en 2002 dans laquelle il interprétait lui-même le garçon en bois … à cinquante ans avait été un échec cuisant. La nouvelle version de l’histoire de Carlo Collodi par Matteo Garrone dans laquelle Roberto Benigni avait accepté plus raisonnablement le rôle de Geppetto a toutefois connu un certain succès l’année dernière, davantage en ligne qu’en salles à cause de la pandémie du coronavirus. Le dernier film réalisé par Benigni à ce jour, Le Tigre et la neige avec sa fidèle épouse Nicoletta Braschi, présenté dans le cadre de Berlinale Special au Festival de Berlin en 2006, n’avait pas non plus su renouveler l’exploit de La Vie est belle.

Pinocchio © 2019 Greta De Lazzaris / Archimede Film / Rai Cinema / Le Pacte Tous droits réservés

Alors que de mauvaises langues pourraient prétendre que le Festival de Venise a une fâcheuse tendance de récompenser des comédiens italiens dans les deux catégories compétitives symbolisées par la Coupe Volpi, Roberto Benigni est le premier lauréat honorifique originaire du pays de la Biennale depuis le réalisateur Francesco Rosi en 2012. Et même depuis le début du siècle, les légendes du cinéma italien honorées de la sorte peuvent presque se compter sur les doigts d’une main : Dino Risi, Dino De Laurentiis, Stefania Sandrelli, Bernardo Bertolucci, Ermanno Olmi et Marco Bellocchio.

Auparavant, la fierté nationale était un peu plus marquée du côté du Lido, grâce aux Lions d’or d’honneur attribués, entre autres, aux réalisateurs Michelangelo Antonioni, Federico Fellini, les frères Taviani et Mario Monicelli, aux comédiens Marcello Mastroianni, Gian Maria Volonté, Claudia Cardinale, Alberto Sordi, Monica Vitti, Vittorio Gassman et Sophia Loren, ainsi qu’à la scénariste Suso Cecchi d’Amico et au compositeur Ennio Morricone.

Quant à Roberto Benigni, il n’est plus à une récompense honorifique près. En 2008, il avait reçu le César d’honneur français des mains de Fanny Ardant. Sans oublier, bien sûr, le sacre planétaire de La Vie est belle en 1997 et ’98, qui lui avait valu les Oscars du Meilleur acteur et du Meilleur Film étranger, le Grand prix du Festival de Cannes, le César du Meilleur Film étranger, les European Film Awards du Meilleur Film et du Meilleur acteur, ainsi que le BAFTA et le Screen Actors Guild Award du Meilleur acteur !

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